Sorti de la crise, Air France-KLM règle sa dette auprès de l'Etat français

Après avoir été sauvé par l'Etat français pendant la crise Covid, Air France-KLM paye sa dette de 4 milliards d'euros. Le groupe vient de franchir une étape importante dans sa trajectoire de remboursement et touche bientôt au but.
Léo Barnier
Au bout de trois ans, Air France-KLM aura bientôt remboursé sa dette auprès de l'Etat français.
Au bout de trois ans, Air France-KLM aura bientôt remboursé sa dette auprès de l'Etat français. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Il lui aura fallu trois ans pour en venir à bout, mais ça y est : comme annoncé, Air France-KLM a officiellement remboursé intégralement les 4 milliards d'euros de son prêt garanti par l'Etat français (PGE). Accordé en mai 2020, celui-ci faisait partie des 7 milliards d'euros de financement accordés par Bercy pour permettre au groupe - et plus particulièrement Air France vers qui ces fonds ont été fléchés - de surmonter la crise. Aujourd'hui revigoré avec « une solide position de cash », Air France-KLM s'est donc attelé à rembourser sa dette.

Sur les 4 milliards d'euros de PGE, il restait 2,5 milliards d'euros à rembourser pour Air France. Le calendrier initial prévoyait une maturité à 12 mois avec une option d'extension de deux ans, mais l'échéance avait été rallongée fin 2021 de deux ans supplémentaires avec l'accord de la Commission européenne. Le groupe avait donc jusqu'à mai 2025 pour s'acquitter de cette dette. Mais les bons résultats obtenus en 2022, avec le dégagement d'un important flux de trésorerie disponible de 2,8 milliards d'euros et « une solide position de cash de 10,6 milliards d'euros à la fin de l'année », ainsi que l'émission en janvier dernier d'une obligation d'un milliard d'euros liée au développement durable a permis d'accélérer le remboursement pour revenir dans les clous du calendrier initial.

Avec cette opération, Air France-KLM déclare avoir « franchi l'une des dernières étapes vers le remboursement intégral des mesures de soutien en liquidité octroyées par les États ». Outre le PGE, garanti par l'Etat français à hauteur de 90% auprès d'un syndicat de 9 banques, Paris avait accordé un prêt d'actionnaire de trois milliards d'euros. A cela s'ajoutent les contributions de l'Etat français à la recapitalisation, via des obligations et des actions. Il reste aujourd'hui 1,2 milliard d'euros à rembourser, dont 300 millions qui seront soldés ce mois-ci et le reste en avril prochain. De son côté, l'Etat néerlandais avait accordé un soutien financier de 3,4 milliards d'euros à KLM, dont un milliard d'euros sous forme d'un prêt direct. Déjà remboursé - 2,5 milliards d'euros n'ayant pas été tirés - il sera aussi clôturé le mois prochain.

Lire aussi« Air France-KLM a tourné la page du Covid-19 » (Ben Smith)

Retrouver des marges de manœuvre

Selon un communiqué d'Air France-KLM, « ce remboursement intégral contribuera à lisser le profil d'endettement du Groupe, à réduire les coûts financiers et à limiter l'exposition résiduelle aux taux variables ». Cela va lui permettre aussi de retrouver des marges de manœuvre, notamment pour de possibles prises de participation dans d'autres compagnies aériennes. En effet, en contrepartie des aides perçues, Bruxelles interdisait ainsi au groupe toute opération capitalistique d'envergure tant qu'il n'avait pas remboursé 75 % des sommes étatiques perçues. De quoi inciter Air France-KLM a accéléré les choses, d'autant que la privatisation de TAP Air Portugal se profile à l'horizon.

A titre de comparaison, le groupe Lufthansa avait obtenu en juin 2020 du gouvernement fédéral allemand, via le Fonds de stabilisation économique (ESF), un paquet d'aides et de prêts à hauteur de 9 milliards d'euros. Il n'en aura finalement utilisé que 3,8 milliards et en a achevé dès novembre 2021. Ce qui lui a permis de se positionner fermement sur ITA Airways par exemple dès l'an dernier.

Léo Barnier

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Commentaires 6
à écrit le 16/03/2023 à 14:20
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C'est déjà ca. Mais on attend surtout que les avances en CAPITAL (fonds propres) soient remboursées, avant que l'Etat les perde au cour du temps. Historiquement, Air France n'y est jamais parvenu. Mais peut être qu'avec un nouvel actionnaire privé...

à écrit le 15/03/2023 à 20:49
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C'est spectaculaire, et c'est dans le droit fil de la commande de 100 Airbus nouvelle génération passée en janvier 2021, au fonds du trou de la crise : il fallait du courage pour faire ça. Air France a l'air super bien géré (ce qui est inespéré), e...

le 16/03/2023 à 18:35
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Du courage ??? Surtout du pognon ! De toute facon ils devaient renouveler la flotte, et ca leur a permit d'obtenir des prets publiques "developpement durable" pour rembourser les pret ñs d'etat du covid... bref, facile d'etre courageux quand on recoi...

le 16/03/2023 à 18:35
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Du courage ??? Surtout du pognon ! De toute facon ils devaient renouveler la flotte, et ca leur a permit d'obtenir des prets publiques "developpement durable" pour rembourser les pret ñs d'etat du covid... bref, facile d'etre courageux quand on recoi...

à écrit le 15/03/2023 à 20:31
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AFKLM va t'elle récupérer les créneaux que l'UE l'a obligée de céder à une compagnie non française en compensation des prêts . C'est comme cela que l'UE aide une entreprise française en difficulté ??

le 16/03/2023 à 18:37
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Recupérer les créneaux ? Il ne manquerait plus que ça ! L'avantage concurrentiel pour gérer la crise sereinement avantage toujours AF aujourd'hui et demain, puisque cela leur a permit des investissements, recrutements, prises de risque bien plus impo...

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