Accord de Paris : Stiglitz fustige la décision de Trump

Joseph Stiglitz a dénoncé d'un point de vue économique la décision de Donald Trump de sortir de l'accord de Paris. Pour le célèbre Nobel d'économie, les embauches dans le secteur du charbon tant promues par le président américain seraient un véritable "retour vers le passé".
Grégoire Normand
Le prix Nobel d'Economie Joseph Stiglitz prône une économie faible en émissions de gaz à effet de serre contrairement à Donald Trump.

A peine un mois après l'annonce de Donald Trump de sortir les Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat, le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz a publié une tribune très critique dans l'édition du Guardian datée du 3 juillet sur la décision du président américain :

"Sous le président Donald Trump, les Etats-Unis ont fait un pas immense pour se transformer eux-même en "Etat voyou" le premier juin dernier, quand le retrait de l'accord de Paris a été décidé."

> Lire aussi : Accord de Paris : le retrait des États-Unis est-il si dramatique ?

Un regard vers le passé

D'après le célèbre économiste, la décision du milliardaire est "difficile à justifier" sur le plan économique, notamment au niveau du marché du travail et des créations d'emplois.

"Trump est en train de regarder vers le passé, un passé qui, ironiquement n'était pas bon. Sa promesse de restaurer des emplois dans le secteur des mines et du charbon met de côté les conditions difficiles et les risques endémiques de santé dans cette industrie [...] En fait, beaucoup plus d'emplois ont été crées dans l'industrie des panneaux solaires que ceux perdus dans l'industrie du charbon. Plus généralement, la transition vers une économie plus verte augmenterait les revenus américains aujourd'hui et la croissance économique dans le futur".

Pour alimenter son argumentaire, l'expert s'est appuyé sur un rapport publié à la fin du mois de mai dernier sur le prix des émissions carbones, soutenu par la Banque mondiale et le ministère de la Transition écologique. Le document rappelle que :

"La transition vers une économie bas-carbone est potentiellement une source de croissance puissante, attractive et soutenable marquée par un haut niveau de résilience, plus d'innovations, des villes plus vivables, une agriculture robuste et un écosystème plus fort."

L'universitaire rappelle néanmoins que "de nombreux états fédérés et entreprises ont annoncé qu'ils allaient poursuivre leurs engagements, et peut-être dans le futur, allaient compenser, les échecs de certaines décisions".

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Un impact sur les marchés financiers

La tribune de Joseph Stiglitz rejoint ainsi celle publiée il y a quelques jours par trois économistes français dans le journal Le Monde. Dans ce document, Michel Aglietta, Etienne Espagne et Baptiste Perrissin Fabert expliquent que cette décision signifie surtout l'entrée "dans une nouvelle ère d'incertitude économique et financière".

Les universitaires français vont ainsi dans le même sens que l'économiste américain :

"En prétendant qu'il est possible de relancer la croissance américaine par le secteur de l'industrie fossile, il envoie aux investisseurs un contre-signal qui fragilise, quoi qu'on en pense, le consensus financier en cours de formation en faveur de la transition bas carbone. Cela ne peut qu'accroître l'incertitude et pénaliser les investissements de long terme, pourtant plus que jamais nécessaires. C'est en cela que la décision politique de Donald Trump est certainement la plus nocive." 

La résistance s'organise

À la suite de l'annonce du retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris, de nombreux acteurs du monde politique et économique américain ont uni leur force dans une lettre ouverte pour déclarer qu'ils "supporteront l'action pour le climat à travers l'Accord de Paris."

"Ensemble, tous ces élus et ces dirigeants vont envoyer un signal fort à la communauté internationale et aux autres 194 pays signataires pour continuer à tenir les engagements des Etats-Unis en faveur des actions pour lutter contre le changement climatique malgré l'absence de soutien au niveau fédéral."

Dans cette missive signée par plus de 1.200 organisations et envoyée aux Nations-unies, le milliardaire et ancien maire de New-York Michael Bloomberg a voulu rappeler que de nombreux acteurs étaient prêts à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Parmi les signataires, figurent 125 villes, neuf états fédérés, 902 entreprises et 193 universités. Les villes et États participants représentent 120 millions d'Américains et pèsent 6.200 milliards de dollars dans le PIB américain (environ le tiers). La liste comprend aussi bien des métropoles comme New-York, Los Angeles et Houston que des villes plus petites comme Pittsburgh (Pennsylvanie) ou Dubuque (Iowa).

Du côté du secteur privé, les entreprises et les investisseurs signataires affichent un revenu annuel global de 1.400 milliards de dollars d'après le communiqué. Là encore, des entreprises de toutes les tailles ont décidé d'unir leur force en faveur du climat. Sur la liste, apparaissent des firmes comme Apple, eBay, Google, Intel, Microsoft, Nike et des centaines de plus petites entreprises.

> Lire aussi : Accord de Paris : aux Etats-Unis, la résistance s'organise

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 05/07/2017 à 12:25
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Meme l'avis de cet emminent specialiste est pour le donald une anomalie. Trop beat de suffisance, il ne sait pas ce qu'est l'intelligence, la reflexion, c'est un primaire a la tete de la 1ere puissance militaire mondiale. De quoi etre inquiet

à écrit le 05/07/2017 à 9:19
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Prise de position bienvenue de la part de ce Monsieur, écouté Le fait est que la décision de ce chef d'état, élu démocratiquement, est moins impactante à court terme, à l'échelle de la durée d'un ou deux mandats, que d'autres événements. Ce que ...

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