Aide à l'Ukraine : l'Otan veut créer un fonds doté de 100 milliards d'euros

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a proposé la création d'un fonds de 100 milliards d'euros sur cinq ans pour aider l'Ukraine dans sa guerre contre la Russie. Le sujet a été abordé à l’occasion d’une réunion à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères des États membres de l’Alliance.
Si rien n'est encore acté sur le financement de ce fonds, chacun des États membres de l'Alliance devrait y contribuer en fonction de son produit intérieur brut.
Si rien n'est encore acté sur le financement de ce fonds, chacun des États membres de l'Alliance devrait y contribuer en fonction de son produit intérieur brut. (Crédits : INTS KALNINS)

[Article publié le mercredi 3 avril 2024 à 9h56, mis à jour à 14h24] L'Otan envisage de débloquer 100 milliards d'euros sur cinq ans pour aider l'Ukraine. Ce sujet sera au cœur des échanges des 32 pays de l'Alliance atlantique ce mercredi, à l'occasion d'une réunion à Bruxelles de leurs ministres des Affaires étrangères, selon des diplomates.

Les ministres « vont discuter du meilleur moyen d'organiser le soutien de l'Otan à l'Ukraine pour le rendre plus fort, plus prévisible et plus durable », a souligné un responsable de l'Alliance sous couvert d'anonymat.

Ils veulent également discuter des moyens de renforcer l'engagement de cette organisation aux côtés de l'Ukraine, selon des diplomates. L'Otan, en tant qu'organisation, ne s'est jusqu'à présent concentrée que sur l'aide non létale en faveur de Kiev, craignant d'exacerber les tensions avec la Russie si elle jouait un rôle plus actif. Ainsi à l'avenir, certaines des tâches actuellement assurées par le Groupe de Ramstein, qui fournit une aide militaire et regroupe plus de 50 pays alliés de Kiev, pourraient être directement prises en charge par l'Otan, a déclaré un de ces diplomates.

Ces propositions, présentées par le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg, donneraient ainsi à l'Otan un rôle plus actif dans la coordination des livraisons d'armes, de munitions et d'équipements à l'Ukraine, selon des diplomates. « L'Otan prendrait davantage de responsabilités », en renforçant « son soutien à l'Ukraine », a noté l'un d'eux. En amont de cette réunion, Jens Stoltenberg, a appuyé son point de vue.

« Nous devons assurer une assistance militaire fiable, prévisible et à long terme pour l'Ukraine », a-t-il déclaré ce mercredi.

« Moscou doit comprendre qu'ils (les Russes) ne peuvent pas atteindre leurs objectifs sur le champ de bataille et attendre qu'on (l'Otan) se lasse » et renonce à aider l'Ukraine.

Discussions encore en cours

« Tout ce qui contribue à la dynamique du soutien à l'Ukraine va dans le bon sens », a indiqué un des diplomates, relevant toutefois que cette idée soulevait encore de nombreuses questions parmi les Alliés. Notamment sur le financement de ce fonds : l'Otan n'a ni budget, ni moyens d'encourager à lever des fonds, a ainsi souligné un diplomate ce mercredi. À ce sujet justement, rien n'est encore acté, mais l'idée est que chacun des États membres de l'Alliance y contribue en fonction de son produit intérieur brut (PIB), a expliqué le responsable de l'Otan.

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Dans une déclaration commune publiée ce mercredi, la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, et les ministres des Affaires étrangères français, Stéphane Séjourné, et polonais, Radoslaw Sikorski, ont toutefois insisté sur la nécessité pour les Alliés de rester aux côtés de l'Ukraine. « Nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers, nous devons assumer le fait que ce moment peut définir l'avenir dans lequel nos enfants vivront », affirment-ils, appelant tous les pays de l'Otan à consacrer au moins 2% de leur PIB aux dépenses militaires. Cet objectif avait été fixé en 2014 par l'Otan, mais seule une vingtaine de pays ont atteint ce seuil.

La Hongrie s'oppose déjà

Un engagement plus important de l'Otan aux côtés de l'Ukraine se heurte cependant d'ores et déjà à l'opposition de la Hongrie, pays membre de l'Alliance atlantique resté le plus proche de Moscou depuis l'invasion russe. Le chef de la diplomatie hongroise Peter Szijjarto a réaffirmé ce mercredi cette opposition. « La Hongrie ne soutiendra aucune proposition de l'Otan qui pourrait rapprocher l'Alliance de la guerre ou la faire passer d'une coalition défensive à une coalition offensive », a-t-il affirmé sur X.

Selon un diplomate de l'Otan, Jens Stoltenberg a tenté en vain de contacter le Premier ministre hongrois Viktor Orban ce mardi, pour tenter de le convaincre.

« Aucune décision » n'est toutefois attendue à l'issue de la réunion de ce mercredi. Les diplomates ont prévenu que les discussions sur les propositions n'en étaient qu'à leurs débuts qu'il n'était pas certain que le montant de 100 milliards d'euros soit approuvé, les décisions de l'Otan devant être prises par consensus. Les « discussions vont se poursuivre en vue du sommet de l'Otan à Washington en juillet », a précisé le responsable de l'Otan.

Suite au sommet de l'Otan de juillet

L'Ukraine sera d'ailleurs l'un des principaux thèmes de ce sommet crucial. Il sera, notamment, question de son adhésion à l'Alliance. Kiev souhaite la rejoindre, mais plusieurs de ses États membres, dont les États-Unis, y sont réticents, du moins à court terme. Interrogés sur une telle perspective, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, et son homologue français Stéphane Séjourné, qui se sont rencontrés mardi à Paris, ont renvoyé à la communication faite à Vilnius en juillet dernier, où il avait été question d'une adhésion sans calendrier.

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« Les États membres s'engagent à soutenir les réformes de l'Ukraine dans la voie de l'intégration évidemment à l'Otan. Dans les prochaines heures, dans les prochains jours, on confirmera cette unité des pays de l'Otan autour de cette formule qui devrait rester la même que celle de Vilnius », a ainsi déclaré Stéphane Séjourné.

De son côté, Antony Blinken a assuré que « comme les alliés l'ont dit à Vilnius, l'Ukraine sera membre de l'Otan », tout en ajoutant qu'il fallait « avoir une très bonne et très claire feuille de route pour arriver à cette conclusion. Et je crois que le sommet de l'Otan et le 75e anniversaire sera très concentré, de façon très concrète, sur comment établir cette feuille de route », a-t-il dit.

Un 75e anniversaire entre menace et incertitude

Ce jeudi va marquer les 75 ans de la fondation de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (Otan), qui a été créée le 4 avril 1949. L'objectif derrière cette alliance imaginée par 12 pays d'Europe et d'Amérique du Nord : contrer la menace soviétique. Mais à la fin de la guerre froide, l'organisation se retrouve sans ennemi et en quête d'une vocation et de nouvelles missions.

L'invasion russe de l'Ukraine le 24 février 2022 va la « réveiller » avec « le pire des électrochocs », estimait néanmoins Emmanuel Macron le 31 mai 2023 au forum de sécurité régional Globsec à Bratislava. Une défaite de l'Ukraine rendrait « le monde plus dangereux » et l'Europe « plus vulnérable », ne cesse, en effet, de rappeler son secrétaire général, Jens Stoltenberg.

Reste que la menace la plus sérieuse de l'Otan n'est peut-être pas à l'est mais à l'ouest du monde. La perspective d'un retour de Donald Trump à la tête des États-Unis, premier contributeur - et de loin - aux ressources de l'Otan, inquiète. L'ancien président américain a, en effet, affirmé qu'il était prêt à abandonner les Alliés, « mauvais payeurs », à leur triste sort face à la Russie. L'Otan pourrait-elle survivre à un désengagement américain ? « Non, impossible », assure à l'AFP un diplomate de l'Alliance.

(Avec AFP)

Commentaires 10
à écrit le 03/04/2024 à 18:27
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Bonjour, pourquoi pas, avec l'argent des autres sa ne devrait pas poser trops de problème... Par compte pour la France vous repasserais, nous avons déjà donné, beaucoup trops .... Par compte les USA si riche et a l'économie fleurissant peux donner ...

à écrit le 03/04/2024 à 15:42
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Un nouveau détournement de fond à l'échelle internationale pour s'affranchir des parlements nationaux... notamment américain. Apparemment le régime vampirique Zelensky qui n'a soit disant pas besoin du sang de la jeunesse française veut bien en ...

à écrit le 03/04/2024 à 15:19
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Donc, les États membres de l'Union Européenne passent une première fois à la caisse pour prendre leur abonnement des aides à l'Ukraine, puis ensuite tous les États membres de l'O.t.a.n passent une seconde fois à la caisse pour un autre abonnement san...

à écrit le 03/04/2024 à 14:13
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1000 milliards d'euros, c'est du bon business, ça ! C'est super good good !

à écrit le 03/04/2024 à 10:39
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Nous avons besoin de paix donc de diplomates de talent qui discutent avec des gens qui ne pensent pas comme nous. Cette guerre est une catastrophe pour l'UE et des braillards nous demandent de poursuivre en creusant la dette. Talleyrand disait: "Les ...

le 03/04/2024 à 10:55
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Frédéric le Grand (1712 - 1786), roi de Prusse : "La diplomatie sans armes, c'est comme la musique sans instruments."

le 03/04/2024 à 15:39
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Vous avez parfaitement raison, mais la diplomatie a disparu de notre horizon politique sous l'égide des cancres que nous avons élus, et comme l'écrivait Hen­ry de Montherlant: "Quand la bêtise gou­verne, l'intelligence est un délit" (le treizième Cés...

le 03/04/2024 à 16:02
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Attention, si l'on en croit les déclarations récentes du ministre des affaires étrangères, M. Séjourné (un fin diplomate, hum), le simple fait de tenir des propos ou analyses (et donc d'écrire des commentaires) n'allant pas inconditionnellement dans ...

à écrit le 03/04/2024 à 10:36
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Un humain qui meure toutes les 4 secondes de faim dans le monde. Où est elle ? L'OTAN ne cherche qu'à entretenir ce terrain d'essais et de consommation d'armes de toutes sortes.

le 03/04/2024 à 10:57
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Ce n’est pas l’OTAN, mais plutôt ses États membres qui veulent s’armer. La France fait partie des pionniers.

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