Allemagne : Olaf Scholz à la peine, l’extrême droite en embuscade

2024 est une année électorale à haut risque pour la coalition au pouvoir en perte de vitesse, ce qui profite au parti d’extrême droite AfD, en pleine ascension.
Olaf Scholz
Olaf Scholz (Crédits : © Patrick Pleul/dpa via Reuters)

Une crise chasse l'autre à Berlin. L'impasse budgétaire des dernières semaines de 2023, dont la majorité d'Olaf Scholz s'est tirée poussivement, a semé le doute dans les rangs des partenaires de la coalition. Quitter le navire pour sauver la face ? L'idée a circulé chez les libéraux comme chez les Verts. « On a une alliance de trois partis qui gouvernent ensemble alors que rien ne les rapproche, et qui, eux-mêmes, au fond, ne veulent pas de cet attelage », égratigne un ténor de l'opposition. Finalement, on s'est entendus sur une pauvre réalité : mieux vaut subir de mauvais sondages qu'un score désastreux lors d'élections anticipées.

Mais le mécontentement qui monte des provinces montre que « la situation est sérieuse », note le professeur Andreas Wüst, politologue à l'université de Munich. D'ici aux élections européennes de juin et surtout aux trois scrutins régionaux dans l'Est en septembre, « le gouvernement a encore le temps d'améliorer sa communication », pense-t-il : « Certains ministres s'en sortent mieux mais le chancelier, c'est Scholz ! Et là, il n'y a aucun signe de changement prochain. » Selon le baromètre politique de la ZDF publié ce vendredi, 67 % des sondés trouvent qu'Olaf Scholz fait mal son travail. « Il manque tellement d'empathie ! Il est incapable de s'adapter face aux événements », déplore une agricultrice qui manifestait cette semaine à Berlin. Sa région a été victime de fortes inondations fin décembre mais il a fallu plusieurs jours avant que le chancelier ne chausse les bottes, raconte-t-elle.

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Côté intentions de vote, c'est une claque ! Les trois partenaires de la coalition atteignent ensemble poussivement 31 %, autant que les seuls conservateurs de la CDU-CSU. Ces derniers ont embrassé la cause des agriculteurs. Tant que le gouvernement donne l'impression d'improviser en permanence, sans aucun professionnalisme, la droite joue sur du velours. Quand bien même c'est elle qui bloque une importante réforme de la filière laitière, très attendue dans les campagnes. « Les agriculteurs disent que nous avons ajouté la goutte qui fait déborder le vase. Mais c'est la CDU-CSU qui l'a rempli en tenant le portefeuille pendant les seize années Merkel », rappelle Cem Özdemir, le ministre fédéral de l'Agriculture (parti Vert).

Une procédure d'interdiction

La grande gagnante est déjà l'extrême droite. Créditée de 22 % au niveau national, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) pourrait même sortir en tête des scrutins régionaux en Saxe, Thuringe et Brandebourg (Est). Une progression nullement entamée par sa radicalisation. En novembre, plusieurs fonctionnaires du parti ont participé à une réunion secrète avec des néonazis et des identitaires, vient de révéler le collectif d'investigation Correctiv. On y a établi un « Masterplan » pour débarrasser l'Allemagne de centaines de milliers d'étrangers chaque année et homogénéiser le peuple allemand sur des critères ethniques. Le concept de « Remigration » est aussi inscrit au programme du parti pour les élections européennes. Björn Höcke, le tribun de l'AfD en Thuringe et idéologue principal du parti, admet que pour l'appliquer, il faudrait une politique de « cruauté bien tempérée », hors du champ constitutionnel. Plusieurs antennes régionales ainsi que la section jeunesse sont déjà sous surveillance des services de renseignement, qui y voient un danger « certain » pour l'ordre démocratique.

Après l'enquête de Correctiv, faut-il enclencher une procédure d'interdiction du parti AfD ? 42 % des Allemands y sont favorables. Vendredi et hier, dans quelques grandes villes, des citoyens sont descendus dans la rue pour manifester contre le parti. « Ça ne sera juridiquement pas prêt pour les élections cette année », remarque le politologue Andreas Wüst, qui pense toutefois que cela limiterait le désastre que représenterait, à l'international, une victoire de l'extrême droite : « Nous ne sommes pas un pays comme les autres. »

Commentaires 2
à écrit le 14/01/2024 à 8:12
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A la base, c'est Angela Merkel, qui a bien fait monter l'extreme droite en Allemagne

le 14/01/2024 à 15:27
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En tant qu'allemand, je dois dire que la politique d'Angela Merkel a été un désastre pour l'Allemagne. Il a négligé l'infrastructure. Elle a fait saigner l'armée allemande. Cela a ouvert les portes de millions de réfugiés économiques à l'Allemagne. P...

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