Argentine : le président Milei promet un « choc d'austérité budgétaire »

Lors de son investiture, le nouveau président Argentin Javier Milei a déroulé les grandes lignes de son programme économique. Frappée par une inflation record et le fléau de la pauvreté, l'Argentine peine à retrouver des couleurs. Cette nouvelle cure d'austérité promise par le chef d'Etat fraichement élu pourrait plonger le pays dans une profonde crise.
Le président Milei lors de son investiture.
Le président Milei lors de son investiture. (Crédits : Reuters)

Javier Gerardo Milei, 53 ans, est devenu ce dimanche 10 décembre le douzième président de l'Argentine depuis le retour de la démocratie il y a 40 ans, couronnant sa spectaculaire ascension. Elu député en 2021, l'économiste jadis panéliste prisé des plateaux TV a renversé la politique argentine en balayant les partis traditionnels.

Une certitude: l'inflation encore

Le président élu a indiqué qu'il convoquerait dès les prochains jours une session extraordinaire du Parlement pour présenter un premier bloc de lois. Dévaluation du peso, la monnaie nationale, notoirement surévalué ? Premières coupes budgétaires, notamment les chantiers publics dans le collimateur ? Restriction, voire interdiction d'émission monétaire par la Banque centrale, qu'il veut à terme éliminer?

"Electrochoc" ou "choc contrôlé", les premières mesures Milei et leur degré ont fait ces derniers jours l'objet de spéculations, sans que rien ne filtre de l'équipe du président élu. Une seule certitude: l'inflation, déjà intolérable à 143% sur un an, va continuer pour la troisième économie d'Amérique latine.

"La nouveauté pour les gens va être pour la première fois depuis longtemps des prix libres, avec la fin des programmes dit prix encadrés" que négociait tant bien que mal le gouvernement sortant (centre-gauche) avec les fournisseurs, estime pour l'AFP Viktor Beker, économiste de l'Université de Belgrano.

"D'où certainement une forte hausse des prix. Il est très probable que l'inflation de décembre dépasse celle de novembre (+8,3%, NDLR) et celle de janvier celle de décembre", ajoute-t-il.

Dès après sa victoire retentissante, Javier Milei a prévenu qu'il n'y aurait "pas de place pour la tiédeur ou les demi-mesures". Mais a aussi douché certaines attentes, prévenant que l'inflation ne serait pas maîtrisée avant "18 à 24 mois".

Zelensky invité prestige

Restent hors champ, pour l'heure, certaines postures controversées du candidat Milei: son opposition à l'avortement légalisé en 2021, ou son déni du changement climatique comme "responsabilité de l'homme". Ce qui compte c'est l'économie, et redresser les comptes budgétaires, avec un objectif difficilement croyable "d'équilibre à fin 2024" (le déficit était de 2,4% du PIB fin 2022).

Carlos Felipe Jaramillo, vice-président de la Banque mondiale pour l'Amérique latine, a rencontré ces jours-ci l'équipe Milei, et dit avoir "un diagnostic très similaire" sur la "nécessité d'attaquer le problème budgétaire, cause clef de l'inflation". Mais il a aussi dit "l'inquiétude (de la BM) sur le problème de la pauvreté, et sa possible accentuation à court terme", dans un pays où 40% vivent déjà sous le seuil de pauvreté.

L'investiture de Milei se fera sous le regard bienveillant de dirigeants ou politiciens de droite nationalistes, qui très tôt avaient exprimé soutien et affinité à l'ultralibéral argentin élu: ainsi l'ex-président d'extrême droite brésilien Jair Bolsonaro, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, le chef de la formation espagnole d'extrême droite Vox, Santiago Abascal.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé dimanche en Argentine, d'où il a annoncé, sur son compte X, avoir un entretien téléphonique avec le président français Emmanuel Macron. La France est représentée par le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 11/12/2023 à 9:37
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Tout mettre par terre pour reconstruire un pays autrement que par une palanquée de fonctionnaires engonces dans leur statut leurs bonnes rémunérations et leurs privilèges ? Il faudrait ça aussi en France engluée dans ses hauts fonctionnaires et énarq...

le 11/12/2023 à 19:20
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@revanchard - "Tout mettre par terre"...en voilà une idée quelle est bonne! Et ensuite vous reconstruisez comment ? Avec qui ? Jordan Bardella...Sandrine Rousseau...Mathilde Panot ...Éric Ciotti et Zemmour?

le 12/12/2023 à 11:28
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Oui il faudra bien un jour ou l'autre tout mettre par terre pour reconstruire une République à bout de souffle depuis 1958, d'autant que la Vème était faite pour un De Gaulle et uniquyement pour un homme de sa probité, de sonb honnêteté et de sa comp...

à écrit le 11/12/2023 à 7:40
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Exactement comme nos dirigeants européens qui ne sont pas pourtant "anarchistes de droite" LOL ! Au moins au son des mascarades on se marre.

à écrit le 10/12/2023 à 19:12
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Que l'on ne me dise pas qu'il va se mettre a "McKronner" à l'image de tout ces jeunes aux dents longues que ne pensent qu'a une carrière juteuse au dépend des populations ?!

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