« J'étais Gaza la semaine dernière, ma première fois depuis le début de la guerre. Ce que j'ai vu me marquera à jamais. » Philippe Lazzarini, commissaire général de l'Unrwa, l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens, s'est exprimé hier à Riyad, en Arabie saoudite, lors du sommet d'urgence conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique. « Aujourd'hui, les habitants de Gaza se sentent déshumanisés et abandonnés », a poursuivi le responsable onusien.
Jeudi, Philippe Lazzarini était à Paris pour la conférence internationale humanitaire organisée par l'Élysée. Déjà, il témoignait de la situation à Gaza où, selon le ministère de la Santé, administré par le Hamas, 11 078 habitants, dont 4 506 enfants, sont décédés depuis le début des représailles israéliennes aux attaques terroristes du Hamas le 7 octobre (1 200 morts selon les autorités israéliennes). Si les ONG présentes se sont déclarées déçues du manque de consensus pour demander le cessez-le-feu, leur présence a fait remonter plus concrètement l'urgence humanitaire.
Position commune
« Le président les a longuement écoutés », affirme-t-on du côté de l'Élysée. Est-ce la raison du durcissement des propos d'Emmanuel Macron à la BBC vendredi soir ? Tout en affirmant partager « la douleur » d'Israël et sa « volonté de se débarrasser du terrorisme », le président a constaté que « les civils sont bombardés » : « Ces enfants, ces femmes, ces personnes âgées sont bombardées et tuées. Il n'y a donc aucune raison à cela [...]. Nous demandons donc instamment à Israël d'arrêter. »
Cet appel à une fin des opérations militaires à Gaza a également été lancé hier à Riyad lors du sommet arabo-musulman. Les principaux leaders du monde arabo-musulman, parmi lesquels le prince héritier du royaume, Mohammed Ben Salmane (MBS), le président iranien Ebrahim Raïssi, le président turc Recep Tayyip Erdogan, l'émir du Qatar Tamim Ben Hamad Al Thani, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi ou encore le président indonésien Joko Widodo se sont alignés sur une position commune. « Nous sommes confrontés à une catastrophe humanitaire qui prouve l'incapacité du Conseil de sécurité et de la communauté internationale à mettre fin aux violations flagrantes des lois internationales par Israël », a fustigé MBS, qui veut faire pression sur les pays occidentaux et les États-Unis au premier chef.
Venu pour la première fois en Arabie saoudite, le président iranien a pour sa part exhorté les pays musulmans à utiliser l'arme des sanctions contre Israël en stoppant les livraisons de pétrole et de marchandises. Pour autant, ce sommet ne survient que cinq semaines après le début des bombardements. Mais face à la colère qui monte dans leurs opinions publiques, ces pays doivent faire front commun.
des 36 hôpitaux de la bande de Gaza sont « hors service », selon l'ONU, au 36e jour du conflit.26