Brésil : Bolsonaro veut un choc de simplification du système fiscal, l'un des plus compliqués au monde

Une entreprise brésilienne de taille moyenne consacre plus de 1.500 heures par an au calcul et au paiement de ses impôts, selon un rapport récent de la Banque mondiale. À titre de comparaison, les entreprises y consacrent en moyenne 139 heures en France. Le Brésil se classe ainsi parmi les dix pires pays au monde en termes de fiscalité. Pour corriger cette situation, députés et sénateurs devraient commencer à se pencher en février sur plusieurs projets de loi sur la fiscalité.
Photo d'illustration. Arrivé au pouvoir il y a un an, le président Jair Bolsonaro a fait de la réforme de la fiscalité une de ses priorités de 2020.
Photo d'illustration. Arrivé au pouvoir il y a un an, le président Jair Bolsonaro a fait de la réforme de la fiscalité une de ses priorités de 2020. (Crédits : Reuters)

"L'astrophysique, c'est sûrement plus simple", lâche Alex Serodio, vendeur de produits de beauté en ligne à Sao Paulo, pour tenter de décrire le système fiscal kafkaïen qui donne tant de fil à retordre aux Brésiliens.

Mais cela pourrait changer cette année, si les parlementaires finissent par approuver un des projets de loi visant à simplifier l'un des systèmes de collecte d'impôts les plus compliqués au monde.

Arrivé au pouvoir il y a un an en promettant de dérouler le tapis rouge aux milieux d'affaires, le président Jair Bolsonaro a fait de la réforme de la fiscalité une de ses priorités de 2020.

Lire aussi : Brésil : investi président, Bolsonaro veut "créer un cercle vertueux pour l'économie"

D'autres gouvernements ont déjà tenté de s'y attaquer, sans succès.

Les baisses d'impôts étant impensables pour un pays en manque de liquidités, la modernisation du système fiscal est considérée comme indispensable pour faire repartir la croissance et attirer davantage d'investisseurs étrangers.

"C'est vraiment très, très, très complexe", déplore Alex Serodio, qui emploie une armada de comptables et d'avocats pour naviguer dans les méandres d'une fiscalité dont les règles changent sans arrêt.

"C'est la raison pour laquelle on n'a pas tellement de groupes étrangers de grande distribution au Brésil. C'est trop compliqué", estime-t-il.

"Irrationnel"

D'après l'Institut brésilien de planification des tributs (IBPT), 31 nouvelles règles fiscales entrent en vigueur en moyenne chaque jour.

"C'est si complexe qu'on y passe un temps fou au lieu de créer de la valeur ajoutée pour nos consommateurs", explique Alex Serodio.

Une entreprise brésilienne de taille moyenne consacre plus de 1.500 heures par an au calcul et au paiement de ses impôts, selon un rapport récent de la Banque mondiale.

Le Brésil se classe ainsi parmi les dix pires pays au monde en termes de fiscalité, légèrement devant le Congo ou le Venezuela.

À titre de comparaison, les entreprises y consacrent en moyenne 139 heures en France, 131 au Canada et 175 aux États-Unis.

La dernière blague à la mode au Brésil: "même quand on dort, on s'occupe de nos impôts", a lâché récemment dans la presse locale Gabriel Kanner, président de Brasil 200, une association de chefs d'entreprises.

Au total, le pays compte 63 types d'impôts, y compris de multiples taxes à la consommation, chacune soumise à une infinité de variantes, selon l'État (26 au Brésil), la municipalité (5.570) ou le type de produit.

"C'est complètement irrationnel", dit à l'AFP Flavio Rocha, patron de la chaîne de grands magasins de vêtements Riachuelo. "Au Brésil, il y a une véritable industrie des contentieux fiscaux", insiste-t-il.

Dans l'État du Maranhao (nord-est), par exemple, il existe 12 différentes taxes sur le lait, selon l'origine ou le pourcentage de matière grasse.

"Le système est dépassé, onéreux et trop complexe pour les entreprises", renchérit Monica Bendia, spécialiste en fiscalité chez UHY Bendoraytes, un cabinet d'audit de Rio de Janeiro.

Gagnants et perdants

Députés et sénateurs devraient commencer à se pencher en février sur plusieurs projets de loi sur la fiscalité.

Deux d'entre eux proposent notamment de regrouper toutes les taxes sur la consommation pour créer une sorte de TVA à la française, à pourcentages variables selon le type de produit.

La semaine dernière, à Davos, l'ultra-libéral ministre de l'Économie Paulo Guedes a par exemple évoqué la création d'un "impôt du péché" sur l'alcool et les cigarettes, une idée toutefois écartée dès le lendemain par le président Bolsonaro.

Malgré cette apparente cacophonie, la plupart des spécialistes considèrent que la conjoncture est plus propice que par le passé pour faire approuver une réforme fiscale. Ce ne sera toutefois pas une mince affaire.

"Si l'on doit changer le système de fond en comble pour le rendre plus efficace, il y aura forcément des gagnants et des perdants", explique Linneu de Albuquerque Mello, avocat fiscaliste à Rio.

Mais les milieux d'affaires espèrent que le gouvernement pourra réaliser un nouveau tour de force, après avoir fait approuver l'an dernier l'épineuse réforme des retraites.

"C'est vraiment le moment idéal, ce serait terrible de ne pas profiter d'une telle opportunité, qui pourrait ne pas se présenter à nouveau", résume Marina Thiago, d'Endeavor, organisation qui vient en aide aux entrepreneurs.

Commentaires 2
à écrit le 31/01/2020 à 2:29
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Ho fasciste dhobrasil bolsarano 🤑

à écrit le 28/01/2020 à 13:44
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"l'ultra-libéral ministre de l'Économie Paulo Guedes a par exemple évoqué la création d'un "impôt du péché" " Libéral et impôt ne vont pas ensemble, réviser vos cours d'économie svp et arrêtez de croire ces politiciens menteurs comme des arracheu...

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