Céréales : le blé russe tire les prix mondiaux vers le bas

Les cours des céréales poursuivent leur repli sur les marchés mondiaux. Ils sont tirés vers le bas par le prix des blés russes, très faibles en raison des stocks importants que la Russie continue d'écouler. La mauvaise récolte attendue aux États-Unis en raison de la sécheresse qui a touché le pays ne semble pas inverser la tendance. Malgré cette baisse générale des cours, les échanges restent pour le moment modestes du côté des pays importateurs puisque les récoltes prochaines s'annoncent globalement abondantes en Europe.
Les stocks de blés russes encore présents dans les fermes sont deux fois plus importants que la moyenne quinquennale et les exportations russes de blé en 2022-2023 pourraient être supérieures de 23% à celles de l'année précédente, exerçant une pression à la baisse sur les prix mondiaux.
Les stocks de blés russes encore présents dans les fermes sont deux fois plus importants que la moyenne quinquennale et les exportations russes de blé en 2022-2023 pourraient être supérieures de 23% à celles de l'année précédente, exerçant une pression à la baisse sur les prix mondiaux. (Crédits : Reuters)

Mauvaise période pour le blé et le maïs. À la Bourse de Chicago, le contrat de référence pour le blé d'hiver de variété SRW (Soft Red Winter Wheat) est tombé ce mardi à 5,8875 dollars le boisseau (environ 27 kg), son plus bas niveau depuis deux ans et demi.

La même tendance s'observe sur le marché européen, où le prix du blé tendre a dégringolé ce mercredi : il s'est échangé en séance à 216 euros la tonne pour livraison en septembre sur Euronext, contre 221 euros la tonne la semaine dernière. Il a entraîné dans sa chute le maïs, tombé sous les 214 euros la tonne pour une livraison au mois de juin.

« Le blé russe continue à faire son chemin dans le monde et tire les prix vers le bas », résume Jake Hanley, de la société Teucrium Trading.

Les stocks russes déstabilisent le marché

Cette tendance à la baisse s'explique par le fait que la Russie continue d'écouler son énorme récolte de blé - estimée entre 92 à 104 millions de tonnes selon les sources - à des prix très bas. Selon le cabinet russe SovEcon, les stocks encore présents dans les fermes sont deux fois plus importants que la moyenne quinquennale et les exportations russes de blé en 2022-2023 pourraient in fine être supérieures de 23% à celles de l'année précédente, exerçant une pression à la baisse sur les prix mondiaux.

Sur le marché européen, cette offre russe associée à « la réserve » des acheteurs, qui « semblent parier à la baisse » et limitent leurs achats, entretient des niveaux de prix bas, selon Gautier le Molgat, du cabinet Agritel (Argus Media France).

Dans ce contexte, le renouvellement du corridor maritime céréalier ukrainien jusqu'au 17 juillet - qui permet de sortir des grains d'Ukraine via un corridor sécurisé - et la réélection du président turc Recep Tayyip Erdogan, acteur majeur de cette initiative de la mer Noire, est plutôt un facteur de stabilité, ne plaidant pas pour une hausse des prix.

Lire aussiCéréales ukrainiennes : Bruxelles trouve un accord pour apaiser les tensions

Les exportations américaines de blés et maïs en chute

Aux États-Unis, la morosité est de mise. La campagne s'annonce mauvaise pour le blé américain, avec des estimations d'exportations à 19,73 millions de tonnes, ce qui serait le plus faible niveau enregistré depuis plus de 50 ans (1971). Cela est dû à la sécheresse qui a frappé les plaines céréalières, notamment au Kansas.

« La production américaine est en situation assez désespérée, et si nous n'étions pas sur un marché mondial, les prix du blé américain seraient beaucoup plus élevés qu'ils ne le sont aujourd'hui », estime Jake Hanley.

Pour Michael Zuzolo, de Global Commodities Analytics and Consulting, la chute du blé s'explique « par les importations continues ». « On a importé 60.000 à 90.000 tonnes de Pologne et d'Allemagne, ce qui porte le total à 270.000 à 300.000 tonnes (avec les commandes précédentes). Le dollar s'apprécie, ce qui complique encore la donne pour les exportations américaines et rend les importations attractives », estime-t-il. Ces importations de blé, d'ordinaire rares aux États-Unis, ont contribué à accentuer la chute des cours, le marché américain cherchant à regagner de la compétitivité.

Pour le maïs, les exportations « ont un peu rebondi ces dernières semaines, mais pas suffisamment pour soutenir le marché », note l'analyste. Les exportations américaines de grain jaune sont inférieures de près d'un tiers (-32,1%) à leur niveau de l'an dernier.

Lire aussiLes prix du maïs repartent à la hausse aux Etats-Unis dans un contexte alimentaire mondial tendu

La Chine boude le soja américain

Par ailleurs, la demande atone de la Chine pèse lourd dans la balance américaine. Les exportations américaines de soja sont en effet inférieures de 2,2% à leur niveau de l'an dernier à la même époque. La Chine « se passe du soja américain pour le moment », relève Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Pékin préfère acheter en Amérique du Sud à des prix plus attractifs. Notamment au Brésil où la production, record, est estimée à 155 millions de tonnes et les exportations en hausse de 18%.

Lire aussiCacao, café, soja, viande bovine..., les importations de produits issus de la déforestation interdites dans l'UE

Cette baisse générale des cours pourrait favoriser un regain d'achats des pays importateurs fragiles. Reste que, à quelques semaines des récoltes céréalières, qui s'annoncent globalement abondantes dans l'hémisphère nord, comme en Europe par exemple, les échanges restaient pour le moment modestes.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 02/06/2023 à 3:40
Signaler
Les brics a l'oeuvre. Le jeu va etre rebattu. Les annees a venir le confirmeront. Pauvre europe autrefois si rayonnante condamnee a jouer les danseuses.

à écrit le 01/06/2023 à 20:34
Signaler
C'est toujours les Russes qui nous cassent le marché... qu'attendent les occidentaux pour que l'on puisse engranger à moindre frais? Nous avons des pigeons à nourrir ! ;-)

à écrit le 01/06/2023 à 14:05
Signaler
L’année est loin d’être faite en Europe pour le blé, et le maïs avec des risques importants de sécheresse (et d’échaudage).. On pourrait bien voir les cours flamber d’ici peu. Chacun se fera son avis.. Perso, je suis à l’achat sur le blé.. PS. pour l...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.