Cette simple erreur sur Excel a fait perdre une somme colossale au fonds souverain norvégien

Le plus gros fonds au monde, d'une valeur de plus de 1395,5 milliards d'euros, a perdu plusieurs millions d'euros après une erreur de calcul dans un tableur Excel.
Le plus gros fonds du monde a ainsi perdu 980 millions de couronnes norvégiennes, soit plus de 86 millions d'euros, à cause d'une simple erreur dans un tableur Excel.
Le plus gros fonds du monde a ainsi perdu 980 millions de couronnes norvégiennes, soit plus de 86 millions d'euros, à cause d'une simple erreur dans un tableur Excel. (Crédits : Gwladys Fouche)

Une toute petite erreur peut parfois coûter très cher. C'est en tout cas ce qu'a expérimenté l'année dernière le fonds souverain norvégien. Le plus gros fonds du monde a perdu 980 millions de couronnes norvégiennes, soit plus de 86 millions d'euros, à cause d'une simple erreur dans un tableur Excel concernant un indice de référence, a révélé le Financial Times le 9 février dernier.

Ainsi, la Norges Bank Investment Management (NBIM), qui gère le fonds souverain, avait alors déclaré que cette erreur avait « entraîné une surpondération marginale des titres à revenu fixe américains par rapport aux titres à revenu fixe mondiaux ».

« Lorsque cette erreur a été découverte, nous avons immédiatement entrepris de la corriger, mais en raison de la taille du fonds, le rendement a été de 0,7 point de base. De ce fait, le rendement relatif positif de 118 milliards de couronnes norvégiennes que nous avions annoncé précédemment a été ramené à 117 milliards de couronnes norvégiennes », a notamment expliqué le fonds.

Une petite erreur opérationnelle qui n'est pas nouvelle. La banque d'investissement norvégienne avait également gagné près de 52 millions d'euros en 2021, après une erreur sur les marchés financiers, rapporte le quotidien britannique. Une faute qui, cette fois, lui avait été favorable comparé à cette bévue.

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Erreur de cellules

Mais que s'est-il passé pour que le fonds norvégien commette une telle erreur en février dernier ? Un employé de la banque norvégienne, dénommé « Simon », a ainsi raconté l'origine de la maladresse : « Mon pire cauchemar. C'était une erreur manuelle. Mon erreur. Je me suis trompé de date, le 1er décembre à la place du 1er novembre ».

Alors qu'un an plutôt, lors d'un atelier sur « les erreurs et comment les gérer », l'employé a classé ce type d'erreur dans la catégorie « impardonnable », moins d'un an après, il fait la faute, raconte-t-il. L'erreur n'a été révélée que quelques mois plus tard, par le ministère des Finances. C'est en refaisant tous les calculs, que l'employé s'est rendu compte de sa bévue : « Je me suis senti misérable et j'ai été prêt à en assumer les conséquences », rajoute-t-il.

Peu de temps après que la direction du fonds a été mise au courant, Nicolai Tangen, le directeur général de NBIM, a rassuré « Simon » ainsi que le responsable mondial de la surveillance des risques de la banque.

« Ce sont des choses qui arrivent ! Nous menons des opérations complexes et je suis encore plus surpris que nous n'ayons eu historiquement que très peu ou pas d'incidents de ce type. Vous êtes tous les deux très professionnels et vous contribuez grandement au succès de la NBIM », leur a-t-il notamment écrit.

Une erreur qui reste d'ailleurs à relativiser compte tenu de la taille du fonds. Pour rappel, le fonds souverain norvégien possède une valeur de 15.765 milliards de couronnes fin 2023, soit 1395,5 milliards d'euros. Il est censé faire fructifier les revenus pétro-gaziers de la Norvège, afin notamment de financer les dépenses de l'Etat-providence.

Placé majoritairement en actions et obligations, le fonds a même connu en 2023 un rendement record de 197 milliards d'euros, tiré par les valeurs technologiques et la faiblesse de la devise norvégienne. Il détient ainsi des parts dans plus de 8.000 entreprises dans 72 pays à travers le monde.

Le secteur pétrolier norvégien prévoit des investissements record

Les compagnies pétrolières actives en Norvège prévoient d'investir un montant record dans la prospection, l'extraction et le transport d'hydrocarbures en 2025, selon des chiffres préliminaires publiés jeudi par l'institut norvégien de statistique SSB.

Ces données, recueillies à partir d'un tour d'horizon auprès des opérateurs, sont publiées deux mois après le sommet sur le climat à Dubaï, où la communauté internationale a pourtant convenu de sortir progressivement des énergies fossiles. De leur côté, les entreprises du secteur prévoient d'investir 205 milliards de couronnes (18 milliards d'euros) l'an prochain dans le pays scandinave, devenu le plus gros fournisseur de gaz naturel de l'Europe dans le sillage de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Jamais un tel montant d'investissements n'avait été prévu dans le passé, à un stade aussi préliminaire. Ce chiffre est 15% supérieur à celui donné à la même période en 2023 pour les prévisions d'investissements 2024, précise SSB.

Généralement, les estimations sont revues à la hausse au fil du temps : les investissements prévus pour l'année en cours ont ainsi encore été relevés de 5% par rapport aux estimations recueillies en novembre, lesquelles avaient elles aussi déjà été fortement rehaussées. En 2024, ils devraient atteindre 244 milliards de couronnes, un chiffre là aussi historiquement élevé.

Alors que la Norvège est régulièrement sous le feu des critiques pour sa production d'hydrocarbures, Oslo se défend en invoquant l'emploi, le développement des compétences, mais aussi l'importance de garantir des livraisons stables d'énergie aux autres Européens.

En janvier, la justice norvégienne a invalidé trois licences pétrolières au motif que l'impact climatique de ces projets, y compris la combustion des hydrocarbures qui en sortent ou doivent en sortir, n'avait pas été suffisamment étudié. Le ministère de l'Energie a fait appel. Depuis 2021, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) presse le monde d'arrêter tout nouveau projet d'exploration pétrolière pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport aux niveaux pré-industriels.

 (Avec AFP)

Commentaires 9
à écrit le 15/02/2024 à 22:04
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"Je me suis senti misérable et j'ai été prêt à en assumer les conséquences".. Chez nous les erreurs sont une manière de vivre de nos gouvernants, ils ne sont plus à un rétropédalage près nos gribouilles.Ils testent leurs idées loufoques en réelles, c...

le 16/02/2024 à 9:12
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@Azerty. Parfaitement résumé👏

le 16/02/2024 à 15:30
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C'est encore pire que ça, outre l'incompétence générale, les droitards sont du genre à défendre envers et contre tout des types corrompus et c'est bien le genre qu'on imagine frauder le fisc ou monter dans un premier temps sur leurs grands chevaux po...

à écrit le 15/02/2024 à 19:09
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Ça fait beaucoup d'erreurs tout ça !!

à écrit le 15/02/2024 à 16:26
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serieux, les gens gerent un fond de 1300 milliards avec ... excel ? si ca continue on va apprendre qu ils utilisent des PC sous windows 3.11 pour faire des economies

le 15/02/2024 à 17:45
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@cd - Chez les Norvégiens, "1sous, c'est 1 sous" . Les dépenses de leur personnel politique sont vérifiées à la couronne près. (Pas comme chez nous!). C'est aussi pour ça qu'ils sont riches 😂

à écrit le 15/02/2024 à 16:16
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Comme une simple erreur sur Excel qui a fait basculer l'UE dans une austérité mortifère durant dix ans (2009-2019) et dont on connaît les affres 😉 [Les travaux de Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, deux influents économistes d'Harvard qui ont occupé ...

à écrit le 15/02/2024 à 16:00
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Génération "Excel". C'est bien continuez comme ça.

à écrit le 15/02/2024 à 16:00
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Génération "Excel". C'est bien continuez comme ça.

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