Ce vendredi, le Bureau national des statistiques (BNS), organisme gouvernemental a annoncé que l'indice des prix sortie d'usine (PPI), qui reflète à la fois le coût et la demande des produits industriels, a grimpé de 3,3% sur un an le mois dernier, contre 1,2% seulement en octobre.
Véritable baromètre de la demande industrielle, les prix à la production en Chine ont bondi en novembre très au-delà des attentes, confirmant un vigoureux redressement après quatre ans de recul continu et deux mois de timide reprise, à la faveur d'un renchérissement du charbon. Les analystes sondés par l'agence Bloomberg n'escomptaient qu'une hausse moitié moins importante (+2,3%).
Demande atone, colossales surcapacités... une glissade sans fin
Cet indice PPI, très scruté, n'avait cessé de se replier ces dernières années, pendant 54 mois consécutifs, avant d'inverser la tendance en septembre avec un modeste sursaut de 0,1%. Depuis 2012, une demande atone, une conjoncture morose et de colossales surcapacités obligeaient les entreprises à casser les prix, et cette glissade sans fin incitait en retour les clients à reporter des commandes dans l'attente de meilleures offres, asséchant les ressources de producteurs déjà très endettés.
Certes, l'embellie, encore fragile, de septembre et d'octobre se confirme désormais avec une vigueur inattendue: mais elle s'avère avant tout favorisée par un renchérissement exceptionnel des matières premières (charbon, acier, métaux de base).
Rôle décisif du prix du charbon
Les prix à la production concernant le charbon ont ainsi grimpé de plus de 28% sur un an en novembre, selon le BNS. Un coût qui se répercute évidemment sur les prix sortie d'usine des entreprises qui brûlent du coke pour produire. Cette fièvre du charbon "a joué un rôle décisif" dans la remontée de l'ensemble des prix à la production "car l'indice PPI prend lourdement en compte les coûts industriels", expliquait Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics. De leur côté, les prix à la production de l'acier et des métaux industriels ont respectivement grimpé de 22% et 13% en novembre.
Les prix à la consommation accélèrent en douceur
Davantage qu'une amélioration durable de la demande intérieure, le PPI refléterait donc plutôt les efforts redoublés de Pékin pour réduire les surcapacités industrielles, en particulier dans le charbon et la sidérurgie, ce qui en réduisant l'offre accentuerait les prix, notait la banque ANZ.
Le boom de l'immobilier, ainsi que des mesures de relance budgétaire accrues du régime communiste, qui a gonflé ses dépenses publiques dans les infrastructures, contribuent par ailleurs à conforter la tendance.
De son coté, la hausse des prix à la consommation -- principale jauge de l'inflation en Chine et de la demande des ménages -- a accéléré légèrement en novembre, à 2,3%, contre 2,1% le mois précédent.
(Avec AFP)