Pour la huitième année consécutive, la Chine s'affiche comme le premier partenaire commercial de l'Allemagne. Des marchandises, d'une valeur de 253,1 milliards d'euros, ont été échangées entre les deux pays en 2023, selon les chiffres de l'Office statistique allemand Destatis. Ce chiffre révèle toutefois une forte baisse sur un an (-15,5%). A contrario, les échanges avec les États-Unis, deuxième partenaire de Berlin, ont progressé de 1,1%. Si bien que le commerce avec Pékin n'a surpassé celui avec Washington que de 0,7 milliard d'euros l'année dernière. Or, l'écart était de 50,1 milliards d'euros en 2022.
Avec 58,4 milliards d'euros, le déficit commercial de l'Allemagne vis-à-vis de la Chine s'est réduit sur un an. À l'inverse, Berlin a enregistré un surplus de 63,5 milliards d'euros avec les États-Unis, qui restent le premier débouché du « made in Germany ».
L'Allemagne prend ses distances avec la Chine
Cette évolution est le fruit d'une stratégie délibérée de l'Allemagne. Sur fond de montée des tensions géopolitiques, le pays a durci sa position vis-à-vis de la Chine, depuis un an. L'Etat allemand cherche à maintenir un équilibre délicat entre poursuite de la coopération économique et protection de ses intérêts stratégiques et sécuritaires.
Berlin a ainsi adopté une stratégie préconisant la « réduction des risques » vis-à-vis du géant asiatique. Objectif, renforcer la sécurité et réduire les dépendances unilatérales, dans un contexte d'inquiétudes croissantes en Europe et aux États-Unis face aux ambitions de Pékin.
En parallèle, l'ex-Empire du Milieu connaît un ralentissement de son économie, comme en témoigne la publication d'une succession d'indicateurs en demi-teinte. Résultat, « le plus gros problème pour l'industrie allemande en ce moment est la Chine », a assuré il y a quelques jours à l'AFP Jan-Otmar Hesse, chercheur en histoire économique à l'université de Bayreuth. Et d'ajouter : « L'avenir du modèle de croissance allemand dépendra de sa capacité à éliminer les risques géopolitiques tout en continuant à profiter de la division internationale du travail ».
De façon générale, le modèle industriel allemand est tourné vers les performances à l'exportation. Conséquence ? « Si la demande internationale baisse, alors l'économie allemande est bien sûr plus vite en récession que d'autres pays qui ne sont pas aussi fortement liés à l'international », comme l'indique l'expert. Le pays a d'ailleurs signé une mauvaise année 2023 avec un produit intérieur brut (PIB) qui s'est contracté de -0,3% sur un an.
D'autres débouchés à concrétiser
D'après Jan-Otmar Hesse, ce contexte avec la Chine pourrait « aboutir à ce que l'économie allemande "s'européanise" davantage ou bien cherche d'autres parties du monde, par exemple en Asie, pour délocaliser des sites de production ». La France est d'ailleurs le deuxième plus important importateur de produits allemands, avec 116,8 milliards d'euros en 2023. C'est tout de même en baisse de 1,2% sur un an.
Un recul qui reflète la situation avec l'ensemble du Vieux Continent. Ces derniers mois, les exportations allemandes vers l'Union européenne et la zone euro (les vingt pays à avoir adopté la monnaie unique) n'ont cessé de se tasser, signe d'une faiblesse générale de l'économie en Europe sur fond d'inflation toujours élevée.
Les exportations vers la Russie ont quant à elles continué de fondre, ainsi que les importations russes, après de longues années de dépendance énergétique de Berlin envers Moscou.
Au total, sur l'ensemble de l'année 2023, l'Allemagne a exporté pour 1.562,1 milliards d'euros de biens, soit un recul de -1,4% par rapport à 2022, comme l'avait révélé la semaine dernière Destatis. En face, 1.352,5 milliards d'euros de marchandises ont été importées. La balance commerciale est donc excédentaire de près de 210 milliards d'euros sur l'année.
(Avec AFP)