Chine  : un ex-patron du géant bancaire Everbright arrêté, la lutte contre la corruption s'intensifie

Connu pour ses calligraphies, un ex-patron du géant bancaire étatique chinois Everbright a été placé en état d'arrestation, soupçonné de s'être livré à la corruption et d'avoir accepté des pots-de-vin. Le secteur financier est particulièrement visé après que le président, Xi Jinping, a rappelé en début d'année que la lutte contre la corruption reste l'une de ses priorités.
Pour ses opposants, la campagne anti-corruption permet au président chinois, Xi Jinping, d'écarter de potentiels adversaires à sa ligne politique.
Pour ses opposants, la campagne anti-corruption permet au président chinois, Xi Jinping, d'écarter de potentiels adversaires à sa ligne politique. (Crédits : LEAH MILLIS)

Des paroles aux actes. Dans un discours prononcé ce mois-ci devant l'agence anti-corruption du PCC, Xi Jinping, le président chinois, avait appelé à « redoubler d'efforts » pour lutter contre la corruption dans « la finance, les entreprises publiques, l'énergie, la médecine et les infrastructures ».

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Tang Shuangning, 69 ans, ex-patron du géant bancaire étatique chinois Everbright, est le dernier cadre en date à avoir subi les foudres de l'agence anticorruption du Parti communiste chinois (PCC) dont l'enquête a entraîné son arrestation par le Parquet populaire suprême.

« Une vie de plaisir et de confort »

Economiste de formation, il était président du conseil d'administration du groupe Everbright de 2007 à 2017. L'agence anticorruption du PCC avait déjà annoncé début janvier son exclusion du parti, lui reprochant une longue liste de malversations, dont l'importation de livres politiques non autorisés en Chine.  Accusé de « s'adonner à une vie de plaisir et de confort », Tang Shuangning a également « failli à prévenir et à résoudre les risques financiers, violant ainsi la ligne organisationnelle » du PCC, avait déclaré l'organisme de surveillance.

Son nom avait par ailleurs été cité lors d'une enquête menée en 2014 après des accusations de népotisme chez JPMorgan Chase.  Le quotidien New York Times avait indiqué à l'époque que la banque américaine avait signé d'importants contrats avec Everbright après avoir embauché le fils de Tang Shuangning. L'ex-patron est aussi connu pour ses calligraphies, qui lui ont apporté une certaine réputation en Chine et lui ont permis d'évoluer dans les cercles artistiques. Les médias chinois ont publié il y a quelques années des articles souvent très admiratifs, mettant en avant son style particulier et le fait qu'il offrait des calligraphies pour faciliter les relations d'affaires de sa banque.

Les arrestations se multiplient au sein du secteur financier

Au-delà du cas de Tang Shuangning, les arrestations se multiplient ces derniers mois. Elles ciblent particulièrement ces derniers mois le secteur financier. Le successeur du banquier déchu à la tête d'Everbrigh, Li Xiaopeng, a lui aussi été arrêté pour corruption fin 2023. Le mois dernier, un ex-responsable de la banque centrale de Chine, Sun Guofeng, a été condamné à plus de 16 ans de prison. La justice lui reprochait d'avoir divulgué des informations en échange de pots-de-vin, pour un montant de 21 millions de yuans (2,7 millions d'euros). En novembre, Sun Deshun, l'ancien président d'une des principales banques d'Etat chinoises, Citic Bank, a été condamné à la prison à vie pour avoir reçu illégalement des biens pour une valeur estimée à 980 millions de yuans (125 millions d'euros), sur une période de 16 ans. Toujours en novembre, le PCC avait annoncé l'ouverture d'une enquête pour corruption contre un ancien haut responsable d'une des plus grandes banques du pays, ICBC (Industrial and Commercial Bank of China), Zhang Hongli.

Une campagne anticorruption qui s'intensifie alors que l'économie faiblit

Les soutiens de cette campagne anticorruption estiment qu'elle assainit la gouvernance. Ses opposants assurent qu'elle permet également au président chinois d'écarter de potentiels adversaires à sa ligne politique. Elle permet aussi, à un moment où l'économie faiblit, de servir sa légitimité auprès de l'opinion. Ainsi, la déflation en Chine s'est poursuivie en décembre pour le troisième mois consécutif, selon des chiffres officiels vendredi qui renforcent les inquiétudes vis-à-vis de la croissance chinoise. Faute de demande, les entreprises sont contraintes de réduire leur production et consentent à de nouvelles ristournes pour écouler leurs stocks. Cette situation, qui pèse sur leur rentabilité, les pousse alors à geler les embauches ou à licencier.

 (Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 15/01/2024 à 18:13
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Ben c'est étonnant, car en Occident la corruption implicite (avec le soutien aveugle des politiques) ressemble étrangement au "Crony Capitalism", presque un gage de succès. Les responsables des errements, des faillites, voir des risques systémiques c...

à écrit le 15/01/2024 à 16:54
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Accusé aussi de « s'adonner à une vie de plaisir et de confort »... Avec ce moralisme d'en haut la demande interne chinoise n'est pas prête de prendre le relais des exportations qui pourtant continuent de baisser

à écrit le 15/01/2024 à 13:27
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Menaces vers l'extérieur, guerre à l'intérieur; a quand le repos (éternel) du guerrier?

à écrit le 15/01/2024 à 13:25
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"l'importation de livres politiques non autorisés en Chine" signe de corruption aggravée... Sont-ce des prétextes, ces accusations (pour écarter les gêneurs voire des indésirables) ? Pas facile de savoir.

à écrit le 15/01/2024 à 10:01
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Pour mieux connaître la Chine, lisez les trois récits de Jean Tuan : "Un siècle chinois" (chez CLC Éditions) évoque le parcours de son père chinois arrivé en France en 1929, leur voyage en Chine en 1967 lors de la Révolution culturelle et les incroya...

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