Chine : l'inflation tombe sous la barre des 0% et c'est loin d'être une bonne nouvelle

L'indice des prix à la consommation a reculé de -0,2% sur un an en Chine en octobre, faisant retomber le pays dans la déflation. Une contraction, signe que « la demande intérieure reste atone ». Pour autant, le FMI a revu en hausse, mardi dernier, sa prévision de croissance pour la Chine en 2023, soulignant les mesures de soutien prises par le gouvernement.
Les prix de l'alimentation ont enregistré l’une des baisses les plus importantes en octobre, avec notamment le prix du porc en chute de -30,1% sur un an.
Les prix de l'alimentation ont enregistré l’une des baisses les plus importantes en octobre, avec notamment le prix du porc en chute de -30,1% sur un an. (Crédits : SARAH SILBIGER)

Alors que la plupart des pays du monde sont toujours confrontés à une inflation positive, celle de la Chine est, elle, négative. L'indice des prix à la consommation en octobre a en effet reculé de -0,2% sur un an, selon les chiffres du Bureau d'État des statistiques publiés ce jeudi 9 novembre. Un peu plus d'ailleurs que ce qu'attendaient les analystes, qui tablaient sur une baisse de -0,1%.

Les prix de l'alimentation ont enregistré l'une des baisses les plus importantes en octobre, avec notamment le prix du porc en chute de -30,1% sur un an, la viande la plus consommée dans le pays. Ceux du tabac et de l'alcool ont aussi particulièrement reculé.

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C'est la deuxième fois cette année que l'inflation en Chine passe sous la barre des 0%, signe d'une « déflation ». L'indice s'était, en effet, déjà contracté en juillet, de -0,3% sur un an, avant de repasser dans le vert en août et septembre.

Ce n'est pas la première fois que la Chine connaît une période de déflation. Ce fut notamment le cas durant une courte période fin 2020 et début 2021, déjà en grande partie due à l'effondrement du prix du porc. Avant cela, la dernière période déflationniste remontait à 2009.

Une demande intérieure « atone »

Pour Zhiwei Zhang, économiste en chef chez Pinpoint Asset Management, les données communiquées ce jeudi montrent que « la demande intérieure reste atone ». Cette contraction est en effet liée à la baisse de la demande des consommateurs après la période de congés de la mi-automne, a indiqué dans un communiqué Dong Lijuan, statisticien du bureau des statistiques. Mais d'autres facteurs, comme une offre élevée de produits agricoles, peuvent expliquer cette déflation.

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Zhiwei Zhang souligne néanmoins le soutien accru de Pékin pour relancer son économie. Et pour cause, une baisse des prix menant à une déflation, si elle constitue un signal positif pour le pouvoir d'achat, peut néanmoins représenter une menace pour l'économie, notamment parce que les consommateurs ont tendance à reporter leurs achats dans l'espoir de nouvelles réductions. Une faible demande peut alors obliger les entreprises à réduire leur production, à geler les embauches ou licencier, et à accepter de nouvelles réductions pour écouler leurs stocks, ce qui freine la rentabilité même si les coûts restent les mêmes.

Le gouvernement a donc annoncé, fin octobre, l'émission d'obligations souveraines d'une valeur de 1.000 milliards de yuans (130 milliards d'euros) afin de stimuler les dépenses d'infrastructure. Il a également mis en place des mesures de relance ciblées pour divers secteurs, en particulier le marché immobilier en difficulté.

« Avec l'augmentation du déficit budgétaire et le soutien par le gouvernement aux promoteurs immobiliers (...) la demande intérieure va probablement s'améliorer l'année prochaine », a déclaré l'économiste.

Prudence tout de même. Le Fonds monétaire international (FMI) a prévenu qu'il s'attendait à ce que « le secteur immobilier reste faible et la demande externe modérée ».

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Une économie tout de même en forme

Pas de quoi néanmoins montrer des signes d'inquiétude de la part de l'institution internationale. Au contraire même. Cette dernière a revu en hausse, mardi dernier, sa prévision de croissance pour la Chine en 2023, s'attendant désormais à +5,4% (contre 5% initialement prévus) sur fond de reprise de la consommation et des récentes mesures de soutien du gouvernement. Le FMI a aussi relevé ses attentes pour 2024, prédisant une hausse du PIB chinois de 4,6%, contre 4,2% auparavant.

L'amélioration des prévisions reflète « un rebond fort de la demande domestique, en particulier de la consommation, après la réouverture » post-Covid, a expliqué lors d'une conférence de presse à Pékin Gita Gopinath. Elle s'explique aussi par « une croissance plus forte que prévu au troisième trimestre et les nouvelles mesures de soutien récemment annoncées », a-t-elle résumé.

Au troisième trimestre, le PIB de la Chine a progressé de 4,9% sur un an, un rythme inférieur à celui du trimestre précédent (+6,3%) mais supérieur aux attentes des analystes grâce à une reprise de la consommation. Les ventes au détail, principal indicateur de la consommation des ménages, ont ainsi fortement accéléré en septembre (+5,5% sur un an), selon le Bureau national des statistiques (BNS).

(Avec agences)

Commentaires 4
à écrit le 09/11/2023 à 13:36
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Pour mieux connaître la Chine, lisez les trois récits de Jean Tuan : "Un siècle chinois" (chez CLC Éditions) évoque le parcours de son père chinois arrivé en France en 1929, leur voyage en Chine en 1967 lors de la Révolution culturelle et les incroya...

à écrit le 09/11/2023 à 11:56
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Déjà toutes oubliées ces années de déflation au sein de l'UE durant la crise des dettes souveraines?🙈

à écrit le 09/11/2023 à 11:48
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"Le niveau de vie des Chinois augmente", pas pour tous les Chinois et pas dans les mêmes conditions. L'ouvrier de "base" à une VdM. L'essentiel pour le gouvernement Stalino communiste Chinois est de le maintenir dans l'illusion d'une vie normale . ...

à écrit le 09/11/2023 à 11:06
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Est que les salaires surtout restent très bas car ce que l'on nous promettait en UERSS il y a 40 ans pour justifier ce pillage industriel accompagnant ce gigantesque dumping social vers la Chine était tout simplement faux. Il n'y a pa eu de rééquilib...

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