Clinton, Trump : tout les oppose sur le climat et l’énergie

Moins commentées que le supposé caractère va-t-en guerre de l’une ou le projet de mur à la frontière mexicaine de l’autre, les politiques climatiques et énergétiques envisagées par les deux candidats à la Maison Blanche pèseraient très différemment, non seulement sur la situation des Etats-Unis, mais potentiellement sur la diplomatie climatique internationale.
Dominique Pialot
Hillary Clinton et Donald Trump lors du débat télévisé du 26 septembre 2016

Ils en ont très peu parlé lors du débat qui les a opposés la nuit dernière. Mais les positions divergentes des deux candidats à la Maison Blanche sur les sujets énergie et climat prennent cette année un relief particulier. En effet, la communauté internationale se démène ces temps-ci pour que l'Accord de Paris soit assuré d'entrer en vigueur, et dans l'idéal, pour que cette certitude soit acquise avant la COP22 qui se tient à Marrakech du 7 au 18 novembre.

Pour ce faire, deux seuils devront avoir été franchis : l'accord devra avoir été ratifié par plus de 55 pays (la barre des 60 a été franchie lors de la dernière Assemblée générale des Nations unies à New York), représentant plus de 55% des émissions de gaz à effet de serre. Sur ce second point, les annonces quasi simultanées de la Chine et des Etats-Unis en amont du G20 jouent un rôle crucial. En effet, les deux principales puissances économiques mondiales pèsent respectivement 14,5 et 27,5% des émissions mondiales.

Le réchauffement climatique, une invention chinoise

Mais s'ils ont annoncé leur projet de ratifier l'Accord, les instruments de cette ratification n'ont pas été déposés auprès des Nations unies. Or la date de l'élection américaine (8 novembre) se rapproche dangereusement, sachant que Donald Trump a à plusieurs occasions promis de casser cet accord s'il accédait à la Maison Blanche. Sceptique quant au phénomène du réchauffement climatique, il prétend, même s'il l'a nié lors du débat - qu'il s'agit ni plus ni moins que d'une invention chinoise destinée à justifier des taxes sur les produits américains afin de nuire à leur compétitivité.

Pour son adversaire démocrate, au contraire, le réchauffement climatique est une menace urgente. Elle a exprimé sa volonté de poursuivre la politique sur ce sujet de son prédécesseur Barak Obama, ce qui inclut la ratification de l'Accord de Paris et le respect des engagements américains, de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 26 à 28% en 2025 par rapport au niveau de 2005.

Le Clean Power Act en suspens

L'ancienne secrétaire d'Etat, qui a également mentionné ses projets d'investissement dans les énergies vertes, les véhicules propres et l'efficacité énergétique, compte aussi marcher dans les pas d'Obama concernant la réglementation sur les centrales à charbon. Le Clean Power Act en limite drastiquement les émissions. Clinton avait d'ailleurs assuré, de façon plutôt maladroite, que sa mise en oeuvre conduirait à de nombreuses fermetures et licenciements dans le secteur...tout en annonçant un plan de reconversion à 30 milliards de dollars sur 10 ans. Mais ce Clean Power Act, suspendu par la Cour Suprême suite à une action menée par 27 Etats, est actuellement en jugement. Sa remise en cause compliquerait sérieusement le respect par les Etats-Unis de leurs engagements climatiques.

Trump : soutien inconditionnel au charbon...et à son concurrent le gaz de schiste

S'il l'emportait, Donald Trump a promis de sonner la fin de la guerre au charbon et de mettre au travail les nombreux ouvriers victimes des faillites survenues ces derniers mois. Mais il soutient tout autant le gaz de schiste, et promet un assouplissement des réglementations entourant la fracturation hydraulique. Or ces deux sources d'énergies sont en concurrence directe dans de nombreux cas de figure (au détriment du charbon depuis plusieurs années), ce qui rend sceptique sur la faisabilité d'une politique visant à les préserver l'une et l'autre.

L'économie plus puissante que les politiques ?

Certains observateurs relativisent d'ailleurs l'impact de tel ou tel résultat aux présidentielles américaines. Tout en reconnaissant l'incidence des politiques menées en matière notamment de recherche, ils mettent en avant les mécanismes de marché et le poids déterminants des cours respectifs du baril de pétrole, la tonne de charbon et les énergies renouvelables. L'effondrement spectaculaire de leurs coûts et les progrès technologiques réalisés dans le stockage notamment pourraient, selon eux, avoir raison de toutes les politiques plus favorables aux énergies fossiles.

A l'inverse, concernant l'Accord de Paris, d'aucuns mettent en garde : un Donald Trump à la Maison Blanche pourrait le saboter sans prendre la peine de s'en retirer officiellement, en se contentant de ne pas en respecter les modalités...

Dominique Pialot
Commentaire 1
à écrit le 27/09/2016 à 21:48
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Les investisseurs et actionnaire mondiaux peuvent aussi faire la différence car ils se détournent du charbon et les rendements offerts par le gaz de schiste (surtout s'il est concurrencé par le charbon) est médiocre. Celui des énergies renouvelables ...

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