Evergrande : le cours de Bourse du géant chinois de l’immobilier joue aux montagnes russes (+35% ce mardi)

Le promoteur chinois aux 307 milliards d’euros de dette a repris sa cotation lundi soir et a vu son titre bondir peu après. Pourtant les nouvelles ne sont pas réjouissantes puisque la cotation du titre avait de nouveau été suspendue jeudi dernier après avoir dévissé suite à des soupçons de placement de son PDG en résidence surveillée.
L'action Evergrande a bondi de près de 35% vers 2h du matin, heure de Paris.
L'action Evergrande a bondi de près de 35% vers 2h du matin, heure de Paris. (Crédits : Reuters)

Le feuilleton Evergrande n'en finit pas, et tourne même aux montagnes russes boursières. Alors que le titre a repris, lundi, sa cotation à la Bourse de Hong Kong après avoir été suspendu jeudi dernier, ce dernier a gagné, ce mardi, près de 10% dans les premières minutes de son retour à la Bourse de Hong Kong, avant de bondir de près de 35% vers 10H (4h en de Paris). Les échanges étaient toutefois très volatils.

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A l'origine de cette flambée du cours, une simple phrase pleine d'assurance du promoteur immobilier en crise.

« Le conseil d'administration estime que les activités de l'entreprise sont normales et qu'il n'y a pas d'autres informations concernant l'entreprise qui doivent être rendues publiques », a indiqué lundi soir Evergrande afin de, semble-t-il, justifier la reprise des échanges.

Cette reprise de la cotation intervient aussi en pleine semaine fériée en Chine pour la fête nationale (1er octobre), une période généralement propice aux achats dans l'immobilier.

Les investisseurs paniqués par le placement en résidence surveillée du patron d'Evergrande

Le marché semble donc sur les nerfs et en proie à des mouvements irrationnels. Et il y a de quoi tant la situation dans laquelle est le promoteur en cessation de paiement est inquiétante et opaque.

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Pour rappel, alors que le titre avait retrouvé sa cotation début août après une suspension de plus de 15 mois, l'action du groupe avait dévissé de près de 19% mercredi 27 septembre après la publication d'une information de presse selon laquelle le dirigeant de l'entreprise, Xu Jiayin, se trouverait en résidence surveillée. Le lendemain, Evergrande suspendait sa cotation à la Bourse de Hong Kong, mais restait muet sur la situation de son fondateur.

Le groupe a depuis concédé que Xu Jiayin (aussi connu sous son nom cantonais Hui Ka Yan) faisait « l'objet de mesures coercitives en raison de soupçons de crime ou délit en infraction à la loi », sans donner davantage de détails sur la nature des faits reprochés. La formule « mesures coercitives » désigne généralement en Chine une forme de privation de liberté afin de garantir le bon déroulement d'une procédure pénale. Evergrande avait déjà annoncé à la mi-septembre l'arrestation d'employés dans l'une de ses filiales. Le communiqué ne précisait alors ni leur nombre ni ce qui leur est reproché. Selon Caixin, un média économique réputé, deux anciens cadres d'Evergrande ont également été placés en détention.

Lundi, de manière inattendue, le groupe a néanmoins sollicité une reprise de cotation en Bourse, alors même qu'un scénario noir se dessine autour du promoteur. Une filiale d'Evergrande a, en effet, annoncé lundi 25 septembre être incapable de rembourser des intérêts sur un emprunt, accentuant la pression sur le groupe avant un rendez-vous devant la justice de ses créanciers prévue fin octobre à Hong Kong. Le jour même, Evergrande annulait sans préavis une réunion sur la restructuration de sa dette, au grand dam de ses bailleurs et accentuant le flou autour de son avenir. Si cette restructuration échoue, l'effondrement d'Evergrande pourrait avoir de lourdes conséquences, car le groupe compte des dizaines de milliers d'employés et des centaines de projets immobiliers inachevés.

Un géant au bord de la faillite

Alors, cette hausse fulgurante du titre signifierait-il qu'Evergrande est sortie du bois? Non, loin de là. La dette de la société est estimée à 328 milliards de dollars (307 milliards d'euros) et si cette dernière a un besoin urgent de la restructurer, afin d'éviter la faillite, un plan déjà fortement compromis par le fait que sa principale filiale de promotion immobilière en Chine continentale, Hengda Real Estate Group, fait l'objet d'une enquête des autorités et n'est à ce titre plus en mesure d'émettre de nouveaux emprunts obligataires.

Et Evergrande n'est qu'un exemple de promoteur surendetté parmi tant d'autres. Le secteur immobilier en Chine a connu une croissance fulgurante ces dernières décennies, dans un pays où l'achat d'un bien avant même sa construction permettait de financer d'autres projets. Mais l'endettement des groupes a atteint des niveaux tels que les autorités ont décidé d'y mettre le holà à partir de 2020.

Depuis, l'accès au crédit s'est considérablement réduit pour ces groupes, dont une partie peine désormais à terminer les chantiers, alimentant une crise de confiance avec des acheteurs potentiels qui plombe les prix. Cette crise inédite a gagné ces derniers mois un autre poids lourd du secteur, Country Garden, longtemps réputé solide financièrement. Le groupe avait fin 2022 une dette considérable qu'il estimait à quelque 1.152 milliards de yuans (150 milliards d'euros).  Les acteurs plus modestes plongent aussi : le promoteur China Oceanwide a averti cette semaine qu'il risquait une liquidation judiciaire.

(Avec AFP)

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