Allemagne : les exportations reculent pour le deuxième mois d'affilée

Les exportations allemandes ont reculé de 1,2% en août sur un mois, après avoir déjà encaissé -1,9% en juillet (un chiffre qui vient d’être révisé à la baisse). Les facteurs qui expliquent ce repli sont multiples, entre frictions sur la chaîne d’approvisionnement, une économie mondiale plus fragmentée et la capacité croissante de la Chine à produire des biens qu’elle achetait auparavant à l'Allemagne. Une preuve de plus des difficultés traversées par l'économie outre-Rhin, menacée encore une fois par la récession.
La chute des exportations de juillet sur un mois a, elle, été révisée à la baisse à -1,9%, contre -0,9%  annoncé le mois dernier.
La chute des exportations de juillet sur un mois a, elle, été révisée à la baisse à -1,9%, contre -0,9% annoncé le mois dernier. (Crédits : ALY SONG)

Et de deux. Après avoir déjà reculé en juillet, les exportations allemandes se sont de nouveau repliées en août. Au total, l'Allemagne a exporté sur ce mois pour 127,9 milliards d'euros en données corrigées des variations saisonnières (CVS), en baisse de 1,2% sur un mois, selon les chiffres publiés ce jeudi 5 octobre par Destatis, l'office fédéral des statistiques.

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C'est même pire que ce que prévoyait le consensus des experts du service financier Factset, qui tablait sur un recul de 1%, ou les économistes interrogés par Reuters, qui prévoyaient -0,4%. À noter que la chute de juillet sur un mois a, elle, été révisée à la baisse à -1,9%, contre -0,9% annoncé le mois dernier.

« Les frictions sur la chaîne d'approvisionnement, une économie mondiale plus fragmentée et la capacité croissante de la Chine à produire des biens qu'elle achetait auparavant à l'Allemagne sont autant de facteurs qui pèsent sur le secteur des exportations allemandes », explique Carsten Brzeski, analyste pour ING.

Multiples facteurs

Les exportations vers la Chine ont toutefois augmenté de 1,2% en août, soit le même niveau qu'enregistré en juillet - elles avaient néanmoins plongé de 5,9% en juin. Mais la prudence reste de mise.

« Le développement économique en Chine et les nouveaux conflits commerciaux émergents entre l'UE et la Chine dans le domaine des véhicules électriques (en raison de l'enquête ouverte par l'UE sur de potentielles subventions illégales accordées par la Chine à ses constructeurs, ndlr) constituent une menace pour l'économie allemande orientée vers l'exportation », soulignait fin septembre l'économiste Olivier Holtemöller.

Les exportations ont par contre chuté de 1,5% au sein de l'Union européenne et particulièrement au sein de la zone euro (-2,6%).

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Sombre avenir, sous la menace de la récession

Les importations ont, quant à elles, aussi baissé en août, de 0,4% par rapport au mois de juillet, totalisant 111,2 milliards d'euros. La balance commerciale affiche donc toujours un excédent, qui atteint 16,6 milliards d'euros.

« Le commerce n'est plus le puissant moteur de croissance résilient de l'économie allemande qu'il était, mais plutôt un frein », résume Carsten Brzeski, qui souligne le risque « élevé » que l'économie allemande retombe en récession au troisième trimestre.

L'Allemagne a en effet connu une récession technique cet hiver, avec deux trimestres d'affilée de recul du PIB. Sa croissance a été nulle entre avril et juin. Le PIB pourrait de nouveau plonger au dernier trimestre de l'année, selon les économistes.

Fin septembre, d'ailleurs, les principaux instituts de conjoncture allemands ont nettement abaissé leurs prévisions pour l'année 2023, tablant sur une baisse de 0,6% du produit intérieur brut (PIB). Soit 0,9 point de moins que leur prévision initiale du printemps. Du côté du Fonds monétaire international (FMI), le constat est moins alarmiste. Toutefois, l'institution n'exclut pas, elle non plus, la récession. Elle table ainsi sur un recul de 0,3%.

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Outre la faiblesse de ses exportations, l'Allemagne souffre de son vaste secteur industriel. Les indicateurs de confiance dans l'industrie sont en baisse depuis le début de l'année, en particulier dans les secteurs énergo-intensifs, « durement touchés par le choc des prix de l'énergie » lié à la guerre en Ukraine. L'économie allemande est également pénalisée par la baisse du pouvoir d'achat des ménages qui affecte la consommation.

« La situation pourrait s'améliorer dans les mois qui viennent » et aider au retour de la croissance, estimait mi-septembre le commissaire européen à l'Économie, Paolo Gentiloni. Il a reconnu que le pays faisait face à des difficultés « structurelles » qui ne trouveraient de solution qu'à « moyen terme ». Cependant, « c'est une économie forte qui a les outils pour se redresser », a-t-il ajouté, rejetant l'expression d'« homme malade de l'Europe » récemment apparue dans plusieurs médias.

(Avec agences)

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