Conflit en Ukraine : négociations, livraison de gaz, Poutine souffle le chaud et le froid

Le président russe se dit prêt à négocier pour mettre fin au conflit en Ukraine qui dure depuis 10 mois et propose de reprendre les livraisons de gaz en Europe via le gazoduc Yamal. Sur le terrain, Moscou, qui a connu des revers militaires, intensifie ses bombardements, visant en particulier les centrales électriques. De retour d'une visite aux Etats-Unis, le président ukrainien Volodimir Zelensky a obtenu le système de défense antiaérienne Patriot qu'il réclamait depuis plusieurs semaines.
Le président russe, Vladimir Poutine.
Le président russe, Vladimir Poutine. (Crédits : Reuters)

Déclaration tactique ou véritable ouverture ? Le président russe semble vouloir à nouveau souffler le chaud et le froid dans le conflit qu'il a déclenché contre l'Ukraine le 24 février, le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale et la plus grande confrontation entre Moscou et l'Occident depuis la crise des missiles de Cuba en 1962.

« Nous sommes prêts à négocier des solutions acceptables avec toutes les personnes concernées, mais cela dépend d'elles - ce n'est pas nous qui refusons de négocier, ce sont elles », a déclaré dimanche Vladimir Poutine à la télévision d'État Russia 1.

La fin de la guerre n'est pas en vue

Jusqu'à présent, la fin de la guerre n'est pas en vue. Le Kremlin soutient qu'il se battra jusqu'à ce que tous ses objectifs soient atteints, tandis que Kiev affirme de son côté que les combats se poursuivront tant qu'il restera un soldat russe sur son territoire, y compris en Crimée, annexée en 2014 par la Russie.

Autre signe de l'ambivalence du Kremlin, le Premier ministre adjoint Alexander Novak, cité dimanche par l'agence de presse officielle TASS, a indiqué que la Russie était prête à reprendre les livraisons de gaz vers l'Europe via le gazoduc Yamal, « arrêté pour raisons politiques », soulignant que le marché européen restait « pertinent ».

Traditionnellement utilisé pour alimenter l'Europe occidentale via l'Est, le gazoduc Yamal a vu ses flux être majoritairement inversés alors que la Pologne s'est détournée des livraisons russes pour solliciter l'Allemagne. Depuis l'hiver 2021, Moscou s'est servi du gaz naturel comme arme pour faire pression sur les pays européens.

Alexander Novak a précisé que la Russie s'attendait à avoir livré en 2022 quelque 21 milliards de mètres cube de gaz naturel liquéfié (GNL), un total en hausse par rapport à l'année précédente, tout en omettant de préciser que les livraisons via les gazoducs s'étaient effondrées. Les pays européens depuis plusieurs mois se sont tournés vers d'autres pays, notamment les Etats-Unis et le Qatar, pour se fournir en GNL.

Lire aussiÉnergie : le GNL compensera le gaz russe cet hiver en Europe, mais 2023 s'annonce compliqué

Le directeur de la CIA, William Burns, a estimé, dans une interview publiée ce mois-ci que si la plupart des conflits se terminaient par des négociations, la Russie n'était pas encore prête à de véritables discussions pour mettre fin à la guerre.

Mykhaïlo Podolyak, un proche conseiller du président ukrainien Volodimir Zelensky, a jugé, lui aussi, que Vladimir Poutine ne voulait pas de négociations. « La Russie, et elle seule, a attaqué l'Ukraine et tue des citoyens », a-t-il déclaré  sur Twitter, considérant que « la Russie (...) tente d'éviter toute responsabilité ». Ces derniers jours, les attaques russes menées sur les centrales électriques ont laissé des millions de personnes sans électricité. Volodimir Zelensky estime que Moscou pourrait renforcer ses offensives sur l'Ukraine jusqu'à la fin de l'année.

« La Russie a perdu tout ce qu'elle pouvait cette année (...) Je sais que l'obscurité ne nous empêchera pas de conduire les occupants à de nouvelles défaites. Mais nous devons être prêts à tous les scénarios », a-t-il averti dans une allocution vidéo dimanche en soirée. Les troupes russes ont bombardé des dizaines de villes et de positions le long de la ligne de front, a-t-il indiqué dans une publication sur Facebook. Une frappe samedi sur la ville de Kherson, dans le sud du pays, a fait, selon les autorités, au moins 10 morts.

L'Ukraine obtient Patriot, le système de défense antiaérien américain

L'offensive médiatique du président russe intervient également au lendemain de la visite du président ukrainien aux Etats-Unis, où il a obtenu le système de défense antiaérienne Patriot qu'il réclamait depuis plusieurs semaines, qui va donner un avantage sur le terrain à l'Ukraine, ainsi qu'une promesse d'enveloppe de 45 milliards de dollars d'aide prévue dans le prochain budget fédéral américain.

De fait, après dix mois de guerre, les positions des belligérants restent les mêmes. Si l'état-major russe a confirmé viser la conquête de la totalité de la région industrielle de Donetsk, Volodymyr Zelensky a lui juré vouloir reprendre les quatre régions ukrainiennes annexées fin septembre par la Russie - Donetsk, Lougansk, Zaporijjia, Kherson -, ainsi que la péninsule de Crimée, annexée en 2014.

Lire aussiCentrale nucléaire de Zaporijia (Ukraine): « Si le risque zéro n'existe pas, tout est fait pour assurer la sûreté en profondeur »

Dimanche, le président russe s'est voulu rassurant auprès de ses compatriotes estimant que le pays allait dans la « bonne direction » en Ukraine fustigeant comme d'habitude l'Occident qui, sous l'influence des États-Unis, tentait de diviser le pays. « En fait, ce qui est fondamental ici, c'est la politique de nos adversaires géopolitiques qui vise à diviser la Russie, la Russie historique », a déclaré Vladimir Poutine. Pour autant, interrogé sur l'évolution d'une confrontation générale avec l'Occident, il a répondu: « Je ne pense pas que ce soit si dangereux ».

La faute à l'Occident

Le président russe considère en effet que c'est l'Occident qui avait déclenché le conflit en Ukraine en 2014 en renversant un président pro-russe lors des manifestations de la révolution de Maïdan. En réponse, la Russie avait annexé la Crimée et des forces séparatistes soutenues par la Russie avaient commencé à combattre celles ukrainiennes dans l'est du pays.

L'Ukraine et l'Occident estiment de leur côté que rien ne peut justifier ce qu'ils considèrent comme une guerre d'occupation de nature impériale du président russe, qui a semé la souffrance et la mort en Ukraine.

Commentaires 15
à écrit le 27/12/2022 à 2:05
Signaler
"Le conflit le plus meutrier" ! Ben voyons, et la guerre de Yougoslavie, le Kosovo, c'etait une promenade de sante ? L'europe c'est la paix qu'ils disaient, quelle arnaque.

le 27/12/2022 à 7:55
Signaler
C'est étonnant comment l'europe défend militairement les frontières et la cultures de l'ukraine, alors qu'elle ne défend même pas les siennes. Le laxisme de l'Europe face au trafic d'êtres humains en méditerranée est très explicite.

le 27/12/2022 à 22:00
Signaler
Il est possible que le nombre de morts lors de la guerre de Yugoslavie (140.000) soit déjà dépassé et même si pas encore dépassé c'est pour bientôt.

à écrit le 26/12/2022 à 23:33
Signaler
Il ne se rend pas compte probablement quelle est la situation, parce qu'il vit dans sa bulle d'information. Il est peut-être prêt à négocier, mais pas prêt à rendre les territoires occupés même après le 24/02/22 parce que dans sa tête la situation n'...

à écrit le 26/12/2022 à 15:31
Signaler
Bonjour, La Russie est devant un dilemme importants... L'échec de sont opération spéciale en Ukraine, l'obligent a envisager d'autre option... ( Le prix humain est chaque jour plus importants) Renforcer la crise énergétique, se qui est de l'intér...

à écrit le 26/12/2022 à 14:51
Signaler
La révolution de Maïdan était spontanée, et elle a certainement réveillé les services occidentaux qui roupillaient de ce coté. Petit rappel non négligeable, à cette époque, militairement, les américains se désengageaient de l'Europe, en y réduisant ...

le 26/12/2022 à 17:18
Signaler
Quelle vaste blague pourvue et saupoudrée ça et là dans leurs médias par les néo conservateurs us entretenez-vous ! Un grand reporter de guerre Gian Micalessin a obtenu le témoignage détaillé de trois des nombreux snipers (tueurs en fa...

le 26/12/2022 à 19:52
Signaler
@ Reddit Je connais, les médias russes avaient apprécié. Gian Micalessin, passé par l'ultra droite italienne, pas vraiment un référence pour être crédible quand il s'agit de la Russie, avec une Italie qui avait tout fait avant 2022 pour que l'UE lè...

à écrit le 26/12/2022 à 14:37
Signaler
Malgré tous les efforts des uns et des autres pour soutenir la rhétorique guerrière des néo conservateurs us qui organisent dans l' ombre l' affaire ukrainienne, les français pigent de mieux en lieux où sont logés ces tireurs d...

à écrit le 26/12/2022 à 13:56
Signaler
On se focalise sur une batterie Patriot, mais c'est l'arbre qui cache la forêt. D'autres armes offensives seront grandement plus utiles pour faire reculer une armée russe peu motivée, mais surtout pour "plier " les unités Wagner. Le prochain front se...

à écrit le 26/12/2022 à 12:32
Signaler
Intéressant que Poutine nous explique l origine du problème qu’ est la démocratisation de l Ukraine : le renversement du président non élu pas son peuple et de sa clique mafieuse pro- russe lors des «  revolution orange » puis le choix des urnes po...

à écrit le 26/12/2022 à 12:31
Signaler
Intéressant que Poutine nous explique l origine du problème : le renversement du président non élu pas son peuple et de sa clique lors des «  revolution orange » puis le choix des urnes pour un candidat pas particulièrement pro- russe . zelensky n e...

à écrit le 26/12/2022 à 10:08
Signaler
Bonjour, Comme toujours certains souhaitent la fin de tout guerre , et cela au détriment des autres... Malheureusement le conflit en Ukraine n'as pas était voulus par les européens, mais nous somme les victime économique collatéral de cette h...

le 26/12/2022 à 11:26
Signaler
Toute coalition ont amené au conflit et à la guerre, l'UE n'y échappera pas ! A moins que …. chacun ne reprennent "leurs billes" ! ;-)

à écrit le 26/12/2022 à 9:47
Signaler
Le "problème" c'est que l'on a beaucoup trop d'information interprétative de la politique russe et, pas qu'en leur faveur ! ;-)

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.