Corée du Nord : un séisme de magnitude 2,4 enregistré près d'un site d'essais nucléaires

Un tremblement de terre de magnitude 2,4 est survenu jeudi près d'un site d'essais nucléaires de la Corée du Nord. Ce même site a déjà été le théâtre d'un plus puissant séisme en 2017, après un test nucléaire. Le phénomène semble toutefois s'être produit naturellement.
Le séisme s'est produit à 41 kilomètres au nord-ouest de Kilju où se trouve un site d'essais nucléaires (photo d'illustration).
Le séisme s'est produit à 41 kilomètres au nord-ouest de Kilju où se trouve un site d'essais nucléaires (photo d'illustration). (Crédits : KCNA/via REUTERS)

La terre a tremblé ce jeudi en Corée du Nord. Un séisme est survenu à 19h00 (11h00 à Paris) à une profondeur de 20 kilomètres sous terre. Il a eu lieu à 41 kilomètres au nord-ouest de Kilju, capitale du comté où se trouve un site d'essais nucléaires, selon l'agence de presse Yonhap, citant l'Administration météorologique de Corée.

Le séisme semble s'être produit naturellement. Une information qui a son importance puisque la Corée du Nord a procédé à six essais nucléaires à partir du site de cette région, entre 2006 et 2017. Et le test intervenu en 2017 avait provoqué un tremblement de terre d'une magnitude de 6,3, ressenti jusqu'en Chine. Selon les experts, la bombe atomique employée à cette occasion avait une puissance d'environ 250 kilotonnes, soit seize fois celle de l'engin lancé sur Hiroshima en 1945.

Ces derniers mois, plusieurs séismes légers ont été enregistrés dans les environs de Kilju, selon les services météorologiques sud-coréens. Selon des experts cités par l'agence de presse Yonhap, il est probable que le sol granitique de cette région ait été rendu instable par les essais nucléaires passés.

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2024, année d'un nouvel essai en Corée du Nord ?

Les observateurs nourrissent d'ailleurs des inquiétudes croissantes depuis des mois sur la possible préparation d'un nouvel essai nucléaire nord-coréen. Pyongyang a inscrit fin septembre son statut d'État nucléaire dans sa Constitution et son dirigeant, Kim Jong Un, a souligné le besoin d'armes nucléaires plus modernes pour contrer les menaces perçues de la part des États-Unis.

Le pays a procédé cette année à un nombre record d'essais de missiles malgré les sanctions internationales, ignorant les avertissements des États-Unis, de la Corée du Sud et de leurs alliés. Les tentatives de médiation ont échoué à plusieurs reprises et la perspective que Pyongyang abandonne son programme nucléaire paraît s'éloigner.

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Un rapport publié en 2023 par le service de recherche du Congrès américain estimait que la Corée du Nord possédait déjà suffisamment de matériel pour « 20 à 60 ogives ». La Corée du Nord poursuit activement le développement d'ogives plus petites pour s'adapter à divers systèmes de lancement, selon cette source.

Ce n'est néanmoins pas nouveau. En 2018, les services de renseignement américains estimaient déjà que Pyongyang disposait de suffisamment de matières fissiles pour fabriquer 65 bombes atomiques et en produire 12 nouvelles chaque année. Et en 2021, un rapport du groupe de réflexion RAND Corporation estimait que la Corée du Nord pourrait disposer d'environ 200 ogives nucléaires d'ici 2027.

Un nouveau réacteur nucléaire qui inquiète

Dans ce contexte, la perspective qu'un nouveau réacteur nucléaire entre en service en Corée du Nord ne rassure pas les autorités internationales. Fin décembre, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) indiquait que, depuis la mi-octobre, un « fort débit d'eau » provenant du système de refroidissement d'un réacteur à eau légère (LWR) avait été observé.

« Des observations plus récentes montrent que l'eau rejetée est chaude, ce qui est conforme à une mise en service » d'un réacteur, avait ajouté le directeur général de l'organisme, Rafael Grossi.

Quelques jours plus tard, le ministre sud-coréen de la Défense Shin Won-sik a précisé qu'il semblait plutôt être dans une phase d'essai et qu'il devrait être pleinement opérationnel l'été prochain. Des informations au conditionnel puisque, depuis que ses inspecteurs ont été expulsés de Corée du Nord en 2009, l'AIEA doit se contenter de surveiller les développements nucléaires du pays via des images satellitaires.

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Si cela inquiète, c'est parce que, « comme tout autre réacteur nucléaire, un LWR peut produire du plutonium avec son combustible irradié, qui peut être séparé lors du retraitement », expliquait Rafael Grossi. Or, le plutonium est un élément essentiel pour la fabrication d'armes nucléaires. Et, bien qu'aucun pays n'ait utilisé des réacteurs à eau légère pour produire du plutonium destiné à la fabrication d'armes nucléaires selon le ministre sud-coréen, la Corée du Nord pourrait utiliser sa nouvelle infrastructure pour produire du tritium pour des bombes à hydrogène ou pour mener des essais en vue de développer de petits réacteurs nucléaires destinés à de sous-marins à propulsion nucléaire.

Ce nouveau réacteur est en tout cas situé bien loin d'où s'est produit le tremblement de terre de ce jeudi. Il est dans le complexe de Yongbyon, à environ 100 km au nord de Pyongyang, un site qui abrite déjà le premier réacteur nucléaire du pays. Ce dernier, d'une capacité de cinq mégawatts, est la seule unité connue capable de produire du plutonium.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 11/01/2024 à 18:15
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Super !! Faites vous peur et communiquez; les médias n'attendent que cela !

à écrit le 11/01/2024 à 18:03
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Quel rapport entre les fusées de la photo et le site d'essais nucléaires ? Elle est bien pratique, la Corée du Nord, pour faire peur à ceux qui s'ennuient. Ce qui est mal, en soi.

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