Critiqué pour son climatoscepticisme, le président de la Banque mondiale démissionne

Nommé par Donald Trump, David Malpass avait récemment mis en doute sur le rôle des énergies fossiles dans le réchauffement climatique. Ce conservateur s'était attiré de nombreuses critiques sur son manque d'action à la tête de l'institution internationale en faveur d'une politique environnementale ambitieuse notamment pour les pays en développement.
David Malpass.
David Malpass. (Crédits : Reuters)

La position devenait intenable pour David Malpass face à la multiplication des critiques pour son manque de volontarisme sur le volet climatique. Le président de la Banque Mondiale a finalement annoncé mercredi sa démission un an avant la fin de son mandat. Son départ est prévu pour le 30 juin.

Cet Américain de 66 ans était même régulièrement qualifié de climatosceptique. Un problème au moment où de nombreux pays membres de l'institution exigent désormais une action plus déterminée sur ce sujet.

Le dernier épisode qui remonte à cet automne pourrait avoir précipité son départ. Accusé par l'ancien vice-président américain Al Gore d'être climatosceptique, et de n'avoir pas su renforcer le financement de projets en faveur de l'environnement dans les pays en développement, il avait refusé de dire s'il reconnaissait le rôle des énergies fossiles dans le réchauffement climatique. « Je ne suis pas scientifique », avait-il fini par déclarer, pressé par le public.

Des « commentaires malheureux », au moment où les « administrateurs poussent pour une très ambitieuse réforme de la Banque mondiale », et aimeraient voir, à la tête de l'institution, « quelqu'un dont la vision est plus proche de la leur », analyse pour l'AFP Clemence Landers, une experte du cercle de réflexion Center for Global Development. Elle évoque également « le sentiment que la Banque (mondiale) n'a pas toujours été au rendez-vous dans sa réponse à toutes ces crises », concernant l'accès des pays pauvres aux vaccins contre le Covid-19, par exemple.

Réduire la dette des pays pauvres

Le cheval de bataille de David Malpass : la dette des pays pauvres et en développement, qui a explosé depuis la crise provoquée par la pandémie. « Pendant (son) mandat, il s'est concentré sur la recherche de politiques plus fortes pour augmenter la croissance économique, réduire la pauvreté, améliorer le niveau de vie et réduire le fardeau de la dette publique », a ainsi indiqué la Banque mondiale dans le communiqué annonçant la démission de son président.

L'arrivée de David Malpass à la tête de la Banque mondiale en 2019 avait été mouvementée. Deux ans plus tôt, il avait en effet dit, devant le Congrès, qu'il considérait que les institutions internationales dépensaient « beaucoup d'argent », qu'elles n'étaient « pas très efficaces » et « souvent corrompues dans leurs pratiques de prêts ».

Il était alors sous-secrétaire au Trésor - le ministère américain de l'Economie et des Finances - au sein de l'administration Trump, dont il était un fidèle. Il avait rejoint sa campagne électorale en mai 2016 en tant que conseiller économique. C'est justement l'ancien président Donald Trump qui avait proposé sa candidature, comme le veut la procédure. David Malpass, seul candidat, avait obtenu le poste, devenant le 13e président de la Banque mondiale.

15 ans passés au sein de la banque d'investissement Bear Stearns

Taille imposante, accessible tout en étant cassant, David Malpass a un style de management sans ambages. Ce natif du Michigan, diplômé de physique, a fait des études d'économie à l'université de Georgetown à Washington. Conservateur, il a occupé plusieurs postes d'adjoint au Trésor sous les présidences de Ronald Reagan (1981-1989) et de George Bush père (1989-1993). Il a ensuite passé quinze ans à la banque d'investissements Bear Stearns - disparue avec la crise des  « subprimes »- dont six ans en tant qu'économiste en chef.

En 2008, après la faillite de Bear Stearns, David Malpass a fondé son propre cabinet d'analyses économiques, Encima Global. Ses positions et projections économiques ont connu des fortunes diverses. En 2007, peu avant l'éclatement de la crise immobilière, il signe une tribune dans le Wall Street Journal assurant que le marché immobilier et l'endettement ne jouent pas un rôle important dans l'économie américaine.

En 2010, en pleine politique monétaire accommodante, il écrit une lettre à Ben Bernanke, patron de la banque centrale américaine (Fed), pour faire cesser les injections de liquidités, citant des risques d'inflation, qui ne se matérialiseront pas. Intéressé par la politique, il a tenté la même année d'être élu sénateur républicain de l'Etat de New York.

 (avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 16/02/2023 à 11:17
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C'est dommage, il aurait publiquement admis que l'origine humaine du réchauffement climatique était avérée, mais qu'on ne pouvait de toutes manières rien y faire, on l'aurait laissé tranquille

à écrit le 16/02/2023 à 9:57
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comme au moyen age, tous ceux qui ont l'outrecuidance de ne pas penser comme les cures, ou les ecolos, sont mis au bucher! il n'y a qu'une seule bonne parole, avis aux futures jeanne d'arc.........la methode scientifique a ete developpee par les libe...

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