Croissance mondiale : le rebond post Covid risque d'être stoppé net par la guerre en Ukraine

La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a d'ores et déjà prévenu qu'il y aura une baisse des « projections de croissance mondiale » en raison de la guerre en Ukraine. En janvier, l'instance tablait sur 4,4% en 2022. Pas de nouveau chiffre avancé pour le moment, il faut attendre les réunions du mois prochain du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Au Royaume-Uni, des analystes projettent une croissance en 2022 entre 1,9% et 3,3%, très loin de ses résultats de 2021 (+7,5%). La Chine anticipe aussi la difficulté - pour ne pas dire l'impossibilité - de maintenir une croissance élevée.
En janvier, la prévision du FMI avait déjà été ramenée à 4,4% pour 2022, contre 4,9% en octobre et près de 5,9% l'an passé.
En janvier, la prévision du FMI avait déjà été ramenée à 4,4% pour 2022, contre 4,9% en octobre et près de 5,9% l'an passé. (Crédits : Kai Pfaffenbach)

Après deux années où la croissance a été perturbée par le Covid-19, c'est désormais la guerre en Ukraine qui menace l'économie mondiale, alors même que la pandémie est toujours en cours.

« Pour résumer, nous avons un impact tragique de la guerre sur l'Ukraine. Nous avons une contraction importante en Russie et nous voyons l'impact probable sur nos perspectives de l'économie mondiale », a déclaré Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, jeudi 10 mars.

Elle a d'ores et déjà indiqué que le mois prochain, lors des réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, il fallait s'attendre à une baisse des « projections de croissance mondiale », sans toutefois avancer de chiffres. En janvier, la prévision du FMI avait déjà été ramenée à 4,4% pour 2022, contre 4,9% en octobre et près de 5,9% l'an passé.

De son côté, la BCE a annoncé jeudi 10 mars réduire de 0,5 point sa prévision de croissance 2022 pour la zone euro, de 4,2% il y a trois mois à désormais 3,7%.

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Le défaut de paiement de la Russie « plus improbable »

S'agissant de l'impact de la guerre sur la Russie, la dirigeante du Fonds a souligné que les sanctions « sans précédent » imposées par les pays alliés conduisent à « une contraction brutale de l'économie russe » et même « à une profonde récession ». Elle a décrit les effets en Russie : de la dépréciation massive de la monnaie qui fait grimper l'inflation à la dégringolade du pouvoir d'achat et du niveau de vie d'une grande majorité de la population russe. « Les retombées sur les pays voisins sont également importantes, en particulier les pays qui sont plus étroitement intégrés à l'économie ukrainienne et russe », citant les pays d'Asie centrale, la Moldavie et les pays baltes.

Un défaut de paiement de la Russie « n'est plus un événement improbable », a-t-elle poursuivi, tout en notant que le problème n'était pas la disponibilité de l'argent mais l'incapacité de l'utiliser depuis que le pays a été coupé du système financier mondial. Mardi 8 mars déjà, l'agence de notation Fitch pointait ce risque lorsqu'elle annonçait rétrograder de « B » à « C » la note de la dette à long terme du pays, une décision signifiant que le risque d'un défaut souverain est, à ses yeux, « imminent ».

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Au Royaume-Uni, la croissance pourrait tomber à 1,9% en 2022 contre 7,5% en 2021

Au Royaume-Uni aussi la croissance pour cette année 2022 est menacée par la guerre et l'inflation. Cet horizon sombre est quelque peu éclairci par les chiffres de janvier de son Produit intérieur brut (PIB) publié ce vendredi 11 mars par l'Office national des statistiques (ONS). +0,8% après une baisse de -0,2% en décembre, due à la vague du variant Omicron du Covid-19 et aux restrictions mises en place.

Pour autant, malgré ce rebond, « la dynamique de croissance sera probablement interrompue par le conflit en Ukraine, avec des prix des matières premières plus élevés et plus volatils et des pénuries de matériaux clés affectant la production et entraînant une hausse de l'inflation », a prévenu Yael Selfin, économiste de KPMG. Et d'ajouter : « Les niveaux élevés d'incertitude, le resserrement des conditions de financement » avec des taux d'intérêt en hausse, « et les perturbations du commerce pourraient réduire la croissance à 3,3% cette année et 0,8% l'an prochain », selon elle.

Soit un gros coup de frein comparé au rebond de 7,5% de l'économie britannique en 2021, la plus forte progression du G7, après une contraction historique de 9,4% l'année précédente à cause de la pandémie, également la plus forte du G7.

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Le centre de réflexion économique CEBR est encore plus pessimiste. « La hausse du coût de la vie, une baisse de la consommation et des exportations en raison des sanctions contre la Russie » pourraient faire tomber la croissance à 1,9% cette année et à zéro l'an prochain, selon lui.

En parallèle, les analystes s'accordent à dire que l'inflation dépassera allègrement la dernière estimation de la Banque d'Angleterre, qui envisageait début février un pic à 7,25% en avril. Pour Paul Dales, de Capital Economics, le gouvernement peut se permettre d'emprunter davantage « pour amortir le coup porté au pouvoir d'achat des ménages », sans pour autant porter atteinte à ses objectifs d'équilibre fiscal. Le Royaume-Uni n'est en effet « pas aussi exposé aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine que le reste de l'Europe », notamment car le pays, producteur d'hydrocarbures, est moins dépendant des énergies russes que d'autres pays, rappelle-t-il.

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En Chine, maintenir une croissance élevée est déjà considéré comme difficile

Le Premier ministre chinois a averti, ce vendredi 11 mars, que le pays aura du mal à « maintenir » une croissance élevée en 2022. Le géant asiatique se préparait déjà début mars à un ralentissement de sa croissance avec un objectif « d'environ 5,5% » pour cette année, contre +8,1% en 2021. Ce rythme serait, hors période de Covid, le plus faible pour la Chine depuis le début des années 1990.

Des craintes toujours d'actualité. « Au niveau mondial, maintenir une croissance moyenne à élevée pour une économie de cette taille (comme la Chine) est un défi majeur », a estimé devant la presse le Premier ministre chinois, Li Keqiang. Avec la pandémie mondiale, un rebond épidémique en Chine et la guerre en Ukraine, « l'économie fait face à de nouvelles pressions baissières », a-t-il averti. Le Premier ministre n'a pas explicitement mentionné ces facteurs mais évoqué « divers environnements complexes qui changent et des incertitudes qui augmentent ».

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Sur le front épidémique, la Chine continue à suivre une politique zéro Covid, à contre courant de bon nombre de pays qui optent pour une cohabitation avec le virus et lèvent les restrictions. Si la stratégie chinoise a permis au pays de se remettre rapidement du premier choc épidémique, le zéro Covid s'accompagne d'un coût social et économique élevé.

Interrogé en marge de la session parlementaire, le Premier ministre n'a pas répondu sur l'impact que pourrait avoir la guerre en Ukraine sur l'économie chinoise. La Chine est le premier partenaire commercial de l'Ukraine, considérée comme le grenier de l'Europe. Le pays fournit notamment au géant asiatique près du tiers de ses importations de maïs.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 11/03/2022 à 16:24
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"le rebond post Covid risque d'être stoppé " Rebond par ci, rebond par la : Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a fait état vendredi 11 mars d'un «rebond» de l'épidémie de Covid-19, mettant en exergue la nécessité pour les personnes fragile...

à écrit le 11/03/2022 à 13:53
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Il n'y a plus qu'à aller chercher le fric dont nous avons besoin pour réparer les colossaux dégâts du néolibéralisme dans les coffres paradisiaques de ceux qui ont causé ces immenses dégâts, on comprend que leurs politiciens eux complètement crétins ...

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