En visite en Chine, Janet Yellen prône une « concurrence saine » avec les États-Unis

La secrétaire américaine au Trésor a prôné une « concurrence saine » entre la Chine et les États-Unis, avec qui il est « virtuellement impossible » de se découpler, malgré les tensions commerciales entre les deux premières puissances mondiales. Au cœur des frictions, le sujet des semi-conducteurs, de nouveau attisé par la décision chinoise de restreindre les exportations de certains métaux. Janet Yellen est d’ailleurs actuellement en visite à Pékin dans le but de stabiliser les relations sino-américaines, bien que le camp américain ne s’attende à aucune avancée spécifique.
La secrétaire américaine au Trésor est arrivée ce jeudi en Chine pour son premier déplacement dans ce pays depuis sa prise de fonction en 2021.
La secrétaire américaine au Trésor est arrivée ce jeudi en Chine pour son premier déplacement dans ce pays depuis sa prise de fonction en 2021. (Crédits : POOL)

[Article publié le vendredi 7 juillet à 11h11, mis à jour à 12h25] Les relations entre les États-Unis et la Chine sont en voie d'amélioration. D'un camp comme de l'autre, les déclarations des responsables vont en ce sens.

« Nous souhaitons une concurrence économique saine, pas la loi du plus fort, avec un ensemble de règles équitables, qui puisse bénéficier aux deux pays », a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen lors d'une rencontre avec le Premier ministre Li Qiang ce vendredi 7 juillet.

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Avant cette entrevue, elle avait déjà indiqué à des responsables d'entreprises américaines considérer qu'un « découplage des deux plus grandes économies du monde serait déstabilisant pour l'économie mondiale ». Elle appelle aussi à ce que des « désaccords » ne « détériorent » pas les relations entre les deux pays « inutilement ».

Le Premier ministre chinois, chargé spécifiquement dans son pays des questions économiques, a quant à lui souligné une éclaircie dans les relations entre Pékin et Washington.

« Hier, au moment où vous êtes descendue de l'avion, nous avons aperçu un arc-en-ciel » au-dessus de Pékin, a indiqué Li Qiang à son hôte. « Je pense que ça s'applique également aux relations entre la Chine et les États-Unis (...) nous pouvons voir un arc-en-ciel ».

Une visite « bienvenue »

Janet Yellen est depuis ce jeudi en visite en Chine, une première dans ce pays depuis sa prise de fonction en 2021. Un déplacement, quelques semaines après celui du secrétaire d'État, Antony Blinken, qui s'inscrit dans une volonté de l'administration Biden de renouer les contacts physiques avec Pékin, après trois ans d'isolement presque total de la Chine en raison de la crise sanitaire. Ce, malgré le fait que certains responsables politiques américains appellent depuis des mois à réduire la dépendance de Washington au géant asiatique, dans un contexte de montée des tensions géopolitiques.

« Dans l'administration Biden, Mme Yellen semble être plus pragmatique » que d'autres, souligne auprès de l'AFP Tao Wenzhao, membre de l'Académie chinoise des sciences sociales. « Sa visite est bienvenue, et d'un point de vue pratique, cela devrait permettre aux deux parties de se rapprocher. Je pense que maintenant, nous sommes en train de remodeler, reconstruire les relations sino-américaines », estime-t-il.

Dans la matinée, la secrétaire américaine au Trésor a déjà pu avoir une « réelle conversation » avec son ancien homologue, l'ex-vice-Premier ministre Liu He, ainsi que le gouverneur sortant de la banque centrale chinoise, Yi Gang, selon un fonctionnaire du Trésor. « Ils ont discuté des perspectives économiques mondiales et respectivement de celles des États-Unis et de la Chine », a ajouté cette source. Ce fonctionnaire du Trésor a averti que les États-Unis ne s'attendaient pas à des avancées spécifiques au cours de cette visite mais qu'ils espéraient des échanges constructifs susceptibles d'ouvrir la voie à des discussions plus concrètes.

« Ce voyage est l'occasion de communiquer et d'éviter les erreurs de communication ou les malentendus », a plaidé ce jeudi Janet Yellen.

Les semi-conducteurs, perpétuel point de tension

Le principal point de friction entre les deux puissances mondiales concerne les semi-conducteurs. Ces derniers mois, les États-Unis ont imposé plusieurs restrictions pour couper l'approvisionnement des entreprises chinoises en technologies américaines, notamment des puces. Ce que la Chine, qui cherche à devenir autonome dans ce domaine, considère comme une entrave à son développement et une façon de maintenir la suprématie américaine.

Dans ce qui est largement perçu comme des représailles, Pékin a d'ailleurs annoncé ce lundi des restrictions sur les exportations de gallium et de germanium, deux métaux indispensables aux semi-conducteurs et dont elle est le principal producteur. Le gouvernement chinois a toutefois précisé qu'il « ne vise aucun pays avec ces mesures de contrôle des exportations » par la voix du porte-parole du ministère chinois du Commerce.

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Pas de quoi rassurer côté américain. « Je suis préoccupée par les nouveaux contrôles à l'exportation récemment annoncés par la Chine (...) Nous sommes en train d'évaluer l'impact de ces mesures », a réagi ce vendredi Janet Yellen auprès de responsables d'entreprises américaines. Ces derniers s'inquiètent de plus en plus du climat d'affaires dans le pays, après des perquisitions et enquêtes lancées ces derniers mois à l'encontre de certaines d'entre elles.

Pour autant, les grands patrons américains sont nombreux à se rendre en Chine, à l'image du directeur général d'Apple Tim Cook ou du fondateur de Microsoft Bill Gates. Ce dernier avait même eu le suprême honneur d'être reçu par le président chinois Xi Jinping, en tant que co-président de la fondation philanthropique Bill et Melinda Gates. Elon Musk avait lui rencontré de hauts dirigeants, avant de se rendre à Shanghai pour visiter le site d'assemblage d'une gigantesque usine, inaugurée par Tesla en 2019.

(Avec AFP)

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