De quoi tendre les relations entre les Etats-Unis et la Chine. Ce samedi, la Chambre américaine des représentants a adopté un texte pour tenir tête à la Chine sur le plan militaire en investissant dans les sous-marins, et venir en aide à Taïwan. Cette enveloppe d'environ 8 milliards de dollars doit désormais être approuvée au Sénat, où un premier vote pourrait avoir lieu dès mardi.
Dans la foulée Antony Blinken va mettre Pékin en garde contre toute "provocation" durant l'investiture à Taïwan (responsable américain)
Un mois avant l'investiture du président taïwanais élu Lai Ching-te le 20 mai prochain, ce vote traduit pression toujours plus forte de Pékin sur Taïwan. Ce samedi matin, 21 avions militaires chinois ont été détectés autour de Taïwan, selon le ministère de la Défense taïwanais a indiqué, dont 17 « ont franchi la ligne médiane » du détroit de Taïwan, une démarcation non officielle entre la Chine et Taïwan que Pékin ne reconnaît pas.
Exercices militaires conjoints des Etats-Unis et des Philippines
Les experts soulignent par ailleurs que cette incursion intervient en amont des exercices militaires conjoints des Etats-Unis et des Philippines qui débutent lundi en mer de Chine méridionale que Pékin revendique en quasi-totalité. Ces exercices simuleront la reprise d'îles occupées par l'ennemi en mer de Chine méridionale.
La recrudescence des incursions d'appareils chinois s'inscrit ainsi dans ce que les experts appellent la stratégie de la « zone grise », c'est-à-dire des actions d'intimidation qui ne vont pas jusqu'à des actes de guerre à proprement parler. Le record a été atteint en septembre, lorsque Pékin a envoyé 103 avions, dont 40 ont franchi la ligne médiane, en l'espace de 24 heures.
Pékin dénonce l'AUKUS
Toujours ce samedi, Pékin a accusé les pays de l'alliance de défense Australie-Royaume-Uni-Etats-Unis (l'AUKUS), qui a le projet d'équiper l'Australie de sous-marins à propulsion nucléaire, de prendre le risque d'une prolifération nucléaire dans le Pacifique.
A l'occasion d'une visite en Papouasie-Nouvelle-Guinée, un allié de longue date de l'Australie avec lequel la Chine essaye de développer des liens, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a fustigé ce projet de sous-marins à propulsion nucléaire, dotés toutefois d'armes conventionnelles, l'estimant « contraire » au traité du Pacifique sud qui interdit les armes nucléaires dans la région.
Ces dernières années, la Chine tente de contrecarrer peu à peu l'influence américaine et australienne dans le Pacifique sud. Les îles de la région représentent peu en population, mais sont riches en ressources naturelles et, surtout, sont placées sur des routes maritimes géostratégiques, dont certaines pourraient être vitales en cas de dispute militaire avec Taïwan. L'Australie, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont par ailleurs indiqué le 9 avril qu'ils « envisageaient de coopérer » avec le Japon dans le cadre de l'Aukus.
« La tentative récente d'inclure plus de pays dans une telle initiative qui ne fait qu'empirer la confrontation entre les blocs et provoquer la division est totalement incompatible avec les besoins urgents des pays insulaires » du Pacique, a commenté Wang Yi.