Le marché du travail aux Etats-Unis est la variable clé des marchés financiers. Sa mise sous tension ou non laisse en effet présager la politique monétaire de la banque centrale américaine (Fed), notamment sur le calendrier de la prochaine baisse des taux.
La vigueur du marché du travail aux Etats-Unis a été le principal facteur de soutien de l'activité qui a empêché la Fed d'enclencher une baisse des taux l'an dernier. Mais, les différents indicateurs de l'emploi donnent des signes de dégradation. C'est l'une des raisons pour lesquelles le marché anticipe toujours plus de 100 points de base de baisse des taux directeurs américains d'ici mars 2025.
La dernière statistique publiée semble confirmer l'essoufflement du marché de l'emploi. L'enquête mensuelle ADP/Stanford indique ainsi un net ralentissement des créations d'emplois dans le secteur privé, avec 107.000 créations en janvier, bien moins qu'attendu. Les analystes tablaient en effet sur 140.000 créations, selon le consensus établi par Briefing.com, cité par l'AFP. En décembre, la vigueur du marché de l'emploi avait surpris, avec 158.000 créations de postes, selon des données révisées à la baisse.
Un ralentissement qui se confirme
De même, le rapport JOLTS, publié mardi dernier, indique une stagnation du nombre de postes ouverts en décembre (9 millions). Cet indicateur est souvent soumis à des révisions importantes chaque mois, mais en tendance, il reflète bien une baisse des offres d'emplois. Les chiffres officiels de l'emploi américain seront publiés vendredi 2 février, au deuxième jour de la réunion de politique monétaire de la Fed, qui pourrait donner alors des indications sur le calendrier de baisse des taux.
« Les dernières statistiques sur le marché du travail corroborent la poursuite du ralentissement sur le marché du travail américain. Après une période de pénuries de main-d'œuvre intenses en 2021 et 2022, les embauches ont beaucoup baissé en 2023 mais sans que l'on observe une réelle augmentation des licenciements pour le moment », commente une note de CPR Asset Management.
Atterrissage en douceur
La croissance des salaires a également ralenti, selon le même rapport. Cette hausse des salaires est quand même de 7,2% (sur un an) pour ceux qui ont changé d'emploi, et de 5,2% pour ceux qui ont conservé leur emploi. « Les salaires ajustés de l'inflation se sont améliorés au cours des six derniers mois, et l'économie semble se diriger vers un atterrissage en douceur aux États-Unis et dans le monde », indique, dans un communiqué, Nela Richardson, cheffe économiste chez ADP.
« Les indicateurs du marché de l'emploi sont aussi nombreux que peu lisibles. La sortie de la pandémie a complètement brouillé les pistes et les indicateurs sont souvent contradictoires. Pourtant, le marché de l'emploi aux Etats-Unis est absolument clé pour suivre l'économie américaine et prévoir si elle doit plonger en récession ou non », rappelle le responsable d'une grande société de gestion d'actifs à Paris.