Le FMI réhausse ses perspectives de croissance mondiale pour 2024, grâce à la résilience des Etats-Unis

Le FMI revoit en légère hausse ses prévisions de croissance mondiale pour 2024 à 3,1%. Un résultat notamment tiré par l'économie américaine, ou encore chinoise, alors que toutes les économies ont été touchées par l'inflation et la hausse des taux d'intérêt. De son côté, la zone euro patine...
Le FMI revoit ses prévisions de croissance mondiale pour l'année à venir.
Le FMI revoit ses prévisions de croissance mondiale pour l'année à venir. (Crédits : YURI GRIPAS)

Alors que les chiffres de la croissance de la zone euro en 2023 tombent, l'institution, basée à Washington s'attend désormais à une croissance mondiale de 3,1% pour 2024, contre 2,9% lors de son estimation précédente en octobre. Elle prévoit également une croissance très légèrement accélérée à 3,2% en 2025, sans changement cette fois par rapport à l'estimation précédente.

Ce sont notamment les bonnes performances de l'économie américaine et de certains des principaux pays émergents, comme la Chine, qui devraient permettre à l'économie mondiale de faire mieux cette année qu'initialement attendu, a estimé mardi le FMI. L'institution reste cependant prudente car si l'économie mondiale semble partie pour réaliser une meilleure année 2024 qu'envisagé initialement, la croissance devrait rester sensiblement inférieure à la tendance historique observée entre 2000 et 2019, de 3,8% en moyenne.

« Nous avons eu à la fois moins d'inflation et plus de croissance. Cela montre que la politique monétaire menée a fonctionné, mais aussi d'autres facteurs, tels que la solidité du marché du travail, la détente observée sur les chaînes d'approvisionnement ou encore la baisse des prix de l'énergie et des matières premières », a précisé le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, lors d'une conférence de presse en ligne.

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Taux élevés

Parmi les facteurs qui risquent encore de gripper la croissance : la politique des taux d'intérêts élevés en réponse à l'inflation. D'autant que les politiques budgétaires de soutien mises en place durant la pandémie de Covid-19 puis le pic d'inflation, en particulier sur l'énergie, disparaissent peu à peu dans tous les pays.

Dans la zone euro, l'économie européenne a souffert l'an dernier de près de dix hausses consécutives des taux d'intérêt élevés imposés par la Banque centrale européenne (BCE) pour calmer une inflation record. Encore jeudi dernier, la BCE a décidé de maintenir ses taux directeurs, pour la troisième fois consécutive depuis octobre. La contraction du crédit a pesé sur l'investissement et la consommation des entreprises comme des ménages alors que les exportations ont souffert du ralentissement de la demande mondiale. Résultat, la zone euro s'est enlisée dans la stagnation. Dans le même temps, les marchés parient sur une baisse des taux dès juin, voire plus tôt pour les plus optimistes.

De son côté, la Réserve fédérale américaine a également décidé de maintenir ses taux directeurs inchangés pour la troisième fois de suite en décembre. Ces derniers se situent donc entre 5,25% et 5,50%. Néanmoins, les responsables de l'institution anticipent trois ou quatre baisses l'année prochaine, pour les amener à 4,6% fin 2024. Et ce grâce au ralentissement de l'inflation et à une économie américaine qui fait preuve d'une certaine résilience.

Le Fonds monétaire international (FMI) s'attend, en effet, à voir l'inflation dans les économies avancées ralentir plus rapidement qu'anticipée sur l'année 2024 à 2,6% et revenir à la cible de 2% en 2025. Mais elle devrait rester plus élevée qu'attendu ailleurs dans le monde à 8,1%. En Argentine, par exemple, la hausse de l'inflation est attendue à plus de 100% cette année.

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Les Etats-Unis loin devant... la zone euro

Les Etats-Unis devraient ainsi, une nouvelle fois, connaître en 2024 une croissance supérieure à 2% (2,1%). Un résultat important pour le président sortant Joe Biden, en pleine année électorale. La première puissance mondiale, longtemps attendue en récession, a alors finalement terminé l'année en force, avec une croissance de 2,5%.

A l'inverse, la zone euro ne devrait pas dépasser le 1% (0,9%) de croissance, une nouvelle fois plombée par l'Allemagne, le moteur de l'Europe dont l'économie va continuer à tourner au ralenti (0,5% attendu). Puissance exportatrice, le pays souffre de la faible demande extérieure, des coûts de l'énergie pour son secteur manufacturier et des taux d'intérêts relevés par la Banque centrale européenne. Après ce mauvais résultat de fin d'année, le démarrage de 2024 est de ce fait inquiétant.

L'Italie devrait faire à peine mieux que l'Allemagne étant un partenaire commercial majeur (0,7% en 2024). Mais la France et surtout l'Espagne peuvent espérer mieux, respectivement 1% et 1,5% de croissance pour l'année en cours. Hors Union européenne, le Royaume-Uni devrait rester à la peine (0,6%).

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Chine : risque de déflation

En Chine, les précisions de croissance de l'économie s'améliorent (4,6% contre 4,2% attendu initialement) malgré un climat économique qui reste compliqué, alors que pointe un risque persistant de déflation dans le pays.

« La révision concernant la Chine n'a pas été aussi importante que nous l'envisagions, du fait des difficultés du secteur immobilier et malgré le soutien budgétaire significatif de la part des autorités », a souligné le chef économiste du FMI.

Mi-janvier, la Chine a annoncé une hausse de 5,2% de sa croissance économique en 2023, soit le rythme le plus faible pour l'économie chinoise depuis trois décennies hors période de Covid. Pékin se trouve touché par une crise immobilière, une consommation poussive et des incertitudes pénalisent la reprise dans la deuxième puissance économique mondiale.

Du côté des autres pays émergents, l'Inde devrait continuer à connaître une croissance supérieure à 6% (à 6,5%). Les principales économies d'Amérique latine profitent, quant à elles, d'une demande intérieure plus forte qu'anticipé qui leur permet d'espérer de bonnes performances.

Seule exception, l'Argentine, qui voit ses prévisions être largement révisées (-5,6 points de pourcentage) et est désormais attendue en récession (-2,8%) cette année alors que les prévisions d'octobre anticipaient une croissance de 2,8%. Il faut dire que ce pays d'Amérique latin est rongé depuis quelques années par une inflation record.

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La Russie au-dessus des sanctions

La Russie est de son côté, comme en 2023, le pays voyant ses prévisions s'améliorer le plus fortement, avec une croissance attendue à 2,6% soit une correction de +1,5 point de pourcentage par rapport à l'estimation d'octobre du FMI.

Près de deux ans après le début de la guerre en Ukraine, l'économie russe semble donc tenir le choc, soutenue par le volume de dépenses publiques, notamment militaires, et ce, malgré une avalanche inédite de sanctions européennes. Vladimir Poutine martèle régulièrement que ces sanctions échouent à mettre à genoux l'économie de la Russie, pointant les résultats de la croissance du PIB. Mais le pays fait face à une inflation élevée obligeant la Banque centrale du pays à maintenir des taux à près de 16% encore fin décembre. La hausse des prix a cependant ralenti à 7,4% en décembre 2023. Une évolution inattendue après sept mois de hausse continue, selon les chiffres publiés mi-janvier par l'agence nationale des statistiques Rosstat.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 30/01/2024 à 17:52
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Tiens, maintenant le bras armé des hedge funds américains poursuit le bal des manipulateurs compulsifs. BY S. White - stratège macro chez Bloomberg - 30.01.2024 ["Née dans les années 90 et testée jusqu’à la destruction lors de la Grande Crise financi...

à écrit le 30/01/2024 à 16:50
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vive la dépense publique massive (la "résilience") quand il s'agit de Etats-Unis ou Chine... :-) l'Europe maîtrise sa dépense publique, contrairement à Oncle Sam et Empire du Milieu (As US debt surges, Europe brings its own under control, Wall Str...

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