Baisse des impôts pour les plus aisés, Liz Truss fait marche arrière

Le 23 septembre, la Première ministre, Liz Truss, et son ministre des Finances, Kwasi Kwarteng, avaient annoncé un vaste plan de soutien à l'énergie pour les ménages comprenant notamment une baisse d'impôt sur le revenu pour les plus riches. Mais cette dernière mesure a suscité une levée de boucliers. Encore défendue par le chancelier de l'Echiquier dimanche, elle a finalement été abandonnée ce lundi.
Dimanche, le ministre des Finances britanniques, Kwasi Kwarteng, défendait encore la baisse d'impôt pour les ménages les plus aisés avant d'annoncer, ce lundi, son abandon.
Dimanche, le ministre des Finances britanniques, Kwasi Kwarteng, défendait encore la baisse d'impôt pour les ménages les plus aisés avant d'annoncer, ce lundi, son abandon. (Crédits : Reuters)

C'est un rétropédalage en bonne et due forme. Alors que la nouvelle Première ministre britannique, Liz Truss, et son chancelier de l'Echiquier, Kwasi Kwarteng, avaient annoncé le 23 septembre une baisse d'impôt sur le revenu pour les plus riches (de 45% à 40%), le gouvernement est finalement revenu sur cette proposition, ce lundi. Cette mesure figurait dans le vaste plan de soutien à l'énergie pour les ménages comprenant notamment des ristournes sur les factures énergétiques pendant deux ans, la lutte contre le chômage et une politique accommodante pour les personnes les plus aisées à coups de baisse d'impôts pour un montant total de 150 milliards de livres (172 milliards d'euros) sur deux ans.

La veille encore, le ministre britannique des Finances excluait tout changement de cap sur le plan des baisses d'impôts, selon des extraits de son discours attendu ce lundi au congrès du parti conservateur. « Nous devons garder le cap », avait-il estimé dans ce texte, affichant sa confiance que le projet du gouvernement est « le bon ». Invoquant les factures d'énergie qui explosent, une pression fiscale au plus haut « depuis 70 ans », une « nouvelle approche » était nécessaire, « basée sur la croissance », expliquait ainsi Kwasi Kwarteng.

« Mettre en avant de mauvaises valeurs »

Un cap qui semblait toutefois difficile à maintenir pour le gouvernement tant la mesure d'une baisse d'impôt pour les Britanniques les plus aisés a été mal reçue. Son annonce a, notamment, entraîné la chute de la livre à son plus bas historique, soit 1,0350 dollar, et l'incompréhension des marchés financiers qui redoutent une explosion de la dette. Pour tenter de calmer la tempête, invoquant des « risques réels pour la stabilité financière », la banque centrale britannique a été contrainte d'intervenir sur les marchés, deux jours après avoir assuré qu'elle n'agirait pas avant sa prochaine réunion début novembre.

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Poids lourd de la majorité, l'ancien ministre Michael Gove a jugé dimanche sur la BBC qu'« avoir pour principale mesure fiscale la réduction de l'impôt pour les plus riches, c'est mettre en avant de mauvaises valeurs ». Les Britanniques sont, en effet, soumis à une inflation désormais à deux chiffres. Elle atteignait, en juillet, son plus haut depuis 1982 passant de +9,4% en juin sur un an à 10,1%, selon l'Office national des statistiques (ONS) sur l'indice de la hausse des prix. Dimanche, l'ouverture du congrès des conservateurs s'est donc déroulée sous les protestations de manifestants criant : « Tories out », ou « dites-le haut et fort, les Tories ne sont pas les bienvenus ici »À la tribune, l'influent syndicaliste du rail Mick Lynch a qualifié la situation actuelle au Royaume-Uni de « lutte des classes », appelant la « classe ouvrière » à se mettre en action pour « changer le pays » et « changer la société ». Même au sein du parti conservateur, la mesure fiscale divise laissant augurer une possible rébellion au sein de celui-ci lorsque ce « midi-budget » sera soumis au vote au Parlement.

« Nous comprenons, nous avons écouté »

Malgré les certitudes affichées la veille, le ministre des Finances est donc revenu sur la mesure, indiquant sur Twitter qu'« il est clair que la suppression du taux d'imposition à 45% a éclipsé notre mission de nous attaquer aux difficultés dans notre pays. Par conséquent, j'annonce que nous n'allons pas la poursuivre », assurant : « nous comprenons, nous avons écouté ». Une formule qui a ensuite été reprise par la Première ministre sur Twitter. La suppression de cette tranche "était devenue une distraction", a-t-elle écrit, rappelant sa priorité de « construire une économie à croissance élevée, qui finance des services publics de premier plan, augmente les salaires et crée des opportunités dans tout le pays ». « Cela va nous permettre de nous focaliser sur la mise en place des principaux éléments de notre plan de croissance. D'abord, le plafond sur les prix de l'énergie », a abondé Kwasi Kwarteng. Cette mesure est évaluée à 60 milliards de livres pour six mois seulement, alors qu'elle doit durer pendant deux ans pour les ménages.

Le gouvernement doit d'autant plus veiller à sa croissance que le spectre d'une récession plane sur le pays. Il s'est toutefois légèrement éloigné vendredi selon les chiffres de l'ONS qui faisait état d'une hausse de 0,2% du PIB lors du deuxième trimestre 2022. Or, une première estimation donnait, à l'inverse, une baisse de 0,1% laissant imaginer une récession dont l'une des définitions techniques classiques est une contraction économique pendant deux trimestres consécutifs.

 (Avec AFP)

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