Face aux États-Unis et à la Chine, l'économie européenne à la peine

La croissance du PIB en en Europe a de nouveau plongé au cours du premier trimestre à -0,4% et est même entrée techniquement en récession, sous l'effet des restrictions sanitaires et des retards dans les vaccinations, au moment où les États-Unis et la Chine affichent une croissance robuste.
Grégoire Normand
(Crédits : POOL)

Les clignotants économiques en Europe sont dans le rouge. La pandémie, qui a secoué l'ensemble des pays du continent en 2020, continue de faire des ravages. La croissance a ainsi enregistré une nouvelle contraction de 0,6% en zone euro et de 0,4% dans l'Union européenne au cours du premier trimestre, selon les dernier chiffres de l'office de statistiques européen dévoilés ce vendredi 30 avril.

Avec deux trimestres consécutifs, l'économie est même entrée en récession sous l'effet des mesures de restriction et du retard dans la campagne de vaccination. En parallèle, les États-Unis (6%) et la Chine (+18%) affichent des performances économiques bien meilleures. Le risque de décrochage de l'Europe face aux deux autres puissances mondiales s'accentue.

"Prudence légitime ou aversion au risque excessive, quoi qu'il en soit, l'Europe a, dans l'ensemble, raté le début de sa campagne vaccinale et a dû maintenir des restrictions d'activité plus longtemps que prévu. En comparaison des États-Unis, la zone euro a pris quelques mois de retard dans la phase de rebond cyclique. C'est d'autant plus dommageable que la récession de 2020 y avait aussi été plus sévère qu'aux États-Unis, creusant l'écart entre les deux zones. Au printemps 2021, les États-Unis sont revenus à moins de 1% de leur niveau d'activité pré-pandémie, la zone euro est encore 5,5% au-dessous", explique l'économiste en chef de Oddo Securities Bruno Cavalier dans une récente note.

L'Allemagne et le Portugal dans le rouge

L'économie outre-Rhin a enregistré des résultats médiocres au premier trimestre avec un PIB en recul de -1,7%. La flambée des variants et le renforcement des mesures d'endiguement dans certains Länder ont pu freiner le redémarrage des services, alors que l'industrie s'en tire mieux. Compte tenu du poids de l'économie allemande dans le PIB européen, ce mauvais chiffre contribue grandement à faire reculer l'activité dans l'ensemble de la zone euro.

Dans le sud de l'Europe, le Portugal enregistre le plus fort recul de croissance (-3,3%) entre janvier et mars. Lisbonne, qui reste très dépendante du tourisme, risque de payer un lourd tribut avec l'effondrement des échanges internationaux et la fermeture des frontières au sein de l'Europe. L'Italie (-0,4%) et l'Espagne (-0,5%) affichent également de piètres chiffres de croissance.

La crise sanitaire, qui a ravivé les clivages entre des groupes de pays au sein de l'Europe, pourrait contribuer à creuser le fossé entre le Nord et le Sud. En revanche, la France s'en tire mieux que la plupart de ses voisins avec un PIB qui accélère à 0,4% sur les trois premiers mois de l'année. Malgré ce rebond, la consommation est restée relativement atone au cours du mois de février et le commerce extérieur reste empêtré dans de lourdes difficultés.

"Le PIB ne connaît pas de rebond fort au premier trimestre (+0.4%) après le repli des 3 derniers mois de 2020 dû au confinement de novembre. Le PIB est toujours très en-dessous du niveau de la fin 2019 (-4,4%). Les ménages restent plutôt pessimistes et ont une contribution limitée à la croissance. Le retour sur la tendance d'avant-crise sera très longue, voire quasiment impossible. Le coût de cette crise en termes d'activité et d'emploi va être élevé", a expliqué l'économiste d'Ostrum Asset Management Philippe Waechter sur son blog.

Plans de relance attendus

L'accord entre les États européens, qui porte sur le plan de relance de 750 milliards d'euros avec un endettement commun, peine à se mettre en place. Les gouvernements du Vieux continent avaient en théorie jusqu'à ce vendredi 30 avril pour soumettre le plan de relance et de résilience à la Commission européenne. La France et l'Allemagne ont déposé leur texte cette semaine et ont poussé les autres pays à accélérer les démarches. Ensuite, l'exécutif européen a deux mois pour examiner les dossiers et donner son feu vert. Ce qui signifie que, si tout se passe bien, les premiers subsides de cette enveloppe ne devraient pas tomber avant le début de l'été. Car les possibilités d'entraver le décaissement de ces sommes sont nombreuses. Déjà, avant même l'envoi des dossiers par les États, la Cour allemande de Karlsruhe avait dû étudier le recours d'une association qui contestait le principe de solidarité du mécanisme de ce plan.

> Lire aussi : Virus : feu vert de la justice allemande au plan de relance européen

Les États-Unis et la Chine font la course en tête

Les Etats-Unis sont en train de se relever d'une année 2020 apocalyptique. Seulement 100 jours après son arrivée à la Maison Blanche, le président américain Joe Biden a déjà annoncé plusieurs plans de relance destinés à booster l'économie outre-Atlantique et un grand plan d'investissement dans les infrastructures étalé sur huit ans. Plusieurs économistes n'hésitent pas à parler d'une "révolution" tant le changement de politique économique avec son prédécesseur Donald Trump bouleverse les fondamentaux de l'orthodoxie budgétaire. Si la plupart de ces projets doivent encore recevoir l'approbation du Congrès, le vent d'optimisme insufflé par ces annonces et la campagne de vaccination menée au pas de charge devraient permettre à l'économie étatsunienne de retrouver plus rapidement sa trajectoire de croissance pré-covid que l'économie européenne.

En Chine, la croissance a marqué un vif rebond de 18% au premier trimestre 2020 par rapport à la même période 2021. Ce chiffre est légèrement inférieur à celui de 19% attendu en moyenne par les économistes du consensus Reuters, mais c'est le plus élevé enregistré depuis le début de la mesure trimestrielle du PIB par Pékin en 1992. Au quatrième trimestre de l'an dernier, la croissance était ressortie à 6,5% seulement. Après ce boom, les économistes s'attendent néanmoins à une normalisation du rythme de la croissance.

Grégoire Normand
Commentaires 6
à écrit le 01/05/2021 à 10:53
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Nous sommes dirigé à Bruxelles et à Paris par des fonctionnaires qui n'ont jamais travaillé de leur vie. Ils n'ont jamais été employés dans une société privé ou patron d'une société qu'ils ont crées. C'est cela la grande différence avec les EU où on...

à écrit le 01/05/2021 à 2:05
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Retour aux années folles pour les grandes puissances subventionnées. L'un dopé par la planche à billet et l'autre par les subventions à l'exportation naïve ou volontaire des occidentaux. Est-ce que cela va durer ? Je ne pense pas.

à écrit le 01/05/2021 à 0:16
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C'est normal, l'économie dépend des ressources naturelles, l'Europe en a de moins en moins, donc son PIB chute, c'est logique

le 01/05/2021 à 10:54
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La Suisse n'a aucune ressource naturelle et le PIB montent et montent. Aucun rapport avec le sujet.

à écrit le 30/04/2021 à 22:56
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Que les européens se remettent à acheter des Nokias (au lieu d'Apple dont les 150000 employés valent plus que le boulot de 30 millions de français pendant 1 an), utilisent des logiciels européens, n'achètent pas de Tesla, investissent dans leurs entr...

à écrit le 30/04/2021 à 18:35
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Quand nos géniaux dirigeants feront-ils enfin le lien entre l'Euro, l'UE et ces calamiteuses performances ? Le Covid n'explique pas tout. Il sert en réalité de révélateur d'une prétendue "construction européenne" totalement inefficace et d'une monnai...

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