Financement du terrorisme : nouvelle mise en examen pour Lafarge

Le cimentier Lafarge, accusé d'avoir financé des organisations terroristes en Syrie, a été mis en examen, ce jeudi 28 juin, pour « complicités de crimes contre l'humanité », « financement d'une entreprise terroriste », « mise en danger de la vie d'autrui » et « violation d'un embargo ». L'entreprise du BTP a annoncé qu'elle ferait appel.
César Armand
Le cimentier reste soumis à un contrôle judiciaire comportant une caution fixée de 30 millions d'euros.
Le cimentier reste soumis à un contrôle judiciaire comportant une caution fixée de 30 millions d'euros. (Crédits : Jacky Naegelen)

[article publié le 28 juin 2018 à 15h17, actualisé à 17h01]

« Complicité de crimes contre l'humanité », « financement d'une entreprise terroriste », « mise en danger de la vie d'autrui » et « violation d'un embargo ». Conformément aux réquisitions du parquet de Paris, Lafarge, accusé d'avoir financé des organisations terroristes afin d'exploiter la cimenterie de Jalabiya en Syrie entre 2011 et 2015, a triplement été mis en examen ce jeudi 28 juin 2018, a appris l'AFP d'une source judiciaire.

Après huit mises en examen ces derniers mois, dont celle de l'ancien Pdg de 2007 à 2015, le cimentier, soupçonné d'avoir versé près de 13 millions d'euros pour favoriser les achats de matières premières ainsi que la libre circulation de ses salariés et de ses marchandises, a annoncé qu'il ferait appel, considérant que « les infractions reprochées ne reflètent pas équitablement les responsabilités de Lafarge ».

Le groupe LafargeHolcim dit, lui aussi, « prendre acte » des infractions reprochées « à la suite des actes individuels répréhensibles » survenus dans le cadre de ces opérations. La maison-mère « reconnaît » que le système de supervision ne lui a pas permis « d'identifier les manquements survenus à la suite d'une violation sans précédent des règlements et des règles de conformité internes par quelques personne ».

À cet égard, Beat Hess, le président du conseil d'administration, a déclaré : « Nous regrettons profondément ce qui s'est passé dans notre filiale syrienne et, dès que nous en avons été informés, nous avons immédiatement pris des mesures fermes. Aucune des personnes mises en examen n'est aujourd'hui dans l'entreprise. »

Une caution de 30 millions d'euros

Et d'ajouter à propos de la fusion de Lafarge et d'Holcim en 2015, au lendemain des faits qui leur sont reprochés : « Avant la fusion, le Groupe Lafarge disposait d'un programme de conformité complet qui n'a pas été respecté. Nous avons encore renforcé le programme et la culture de conformité depuis la fusion, afin d'éviter que des erreurs similaires ne se reproduisent. »

Persuadé que le groupe LafargeHolcim « surmontera ces actes individuels répréhensibles grâce à l'engagement de [ses] collaborateurs », son président Beat Hess rappelle que dès 2016, son conseil d'administration a fait diligenter une enquête menée par des cabinets externes, aboutissant à un rapport de 260.000 documents remis aux autorités françaises.

Ses conclusions rendues publiques en avril 2017 ont ainsi révélé que la société locale, Lafarge Cement Syria, a remis « des fonds à des tiers afin de trouver des arrangements avec un certain nombre de groupes armés, dont certains visés par des sanctions ».
Lafarge réitère également ses « regrets », disant « condamner avec la plus grande fermeté »  ce qui s'est passé, avant d'affirmer vouloir « pleinement coopérer avec la justice ». Le cimentier reste cependant soumis à un contrôle judiciaire comportant une caution fixée de 30 millions d'euros.

Si l'action a chuté à 41,44 euros après l'annonce de ces mises en examen, la valeur du titre se reprenait ne perdant que 1%, à 41,65 euros, par rapport à son cours de la veille.

(avec agences)

César Armand
Commentaires 9
à écrit le 30/06/2018 à 11:34
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Daesh a demandé des sous pour laisser Lafarge travailler. En quoi ont ils agit différemment de n'importe quel état souverain sur ce point puisqu'ils se considéraient comme tel?

à écrit le 29/06/2018 à 16:50
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Verrons-nous plusieurs Présidents de notre République témoigner en audience publique? Ne rêvons pas: ces personnages sont intouchables et on peut compter le machin judiciaire pour mettre tout en œuvre pour qu'ils ne soient jamais inquiétés. Pourtant ...

à écrit le 29/06/2018 à 10:36
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Arrêtez de parler de terrorisme, c'est les médias qui en répande l’idée! D'un fait anodin, il ne peuvent s'empêcher de glisser le mot; "terroriste" 'terrorisme" même en se posant la question! Le terrorisme n'existe pas sans la rumeur de nos sources d...

à écrit le 28/06/2018 à 18:08
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J'ai du mal a comprendre la subtilité judiciaire:condamner une entreprise?la mettre sous controle judiciaire(qui va signer a la gendarmerie?).Exiger une caution de 30millions?sinon l'entreprise va s'enfuir? Tout ceci est magnifique:il n'y a plus de ...

à écrit le 28/06/2018 à 17:41
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Curieusement....Les installations n' ont pas été la cible d' attaques aériennes , pourtant quand on voit le nord Syrie et Irak plus un agglo debout on peut se demander si les radars ont volontairement oublié cette cible qui les accords signés sera im...

le 28/06/2018 à 18:47
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Derrière le cimentier, il y a surtout l'implication des services de l’État français. Un article de Libé du 24/04/18 " Syrie : comment Lafarge informait l’État français " révèle clairement que les services de renseignement français étaient impliqués d...

à écrit le 28/06/2018 à 17:15
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Je n'imagine pas une seconde que Lafarge ait pu se livrer à ces "transactions" sans au minimum l'aval tacite des autorités françaises qui ne pouvaient pas ignorer ce qui se passait là bas avec des prises d'otages. Etant donné la lourdeur des charg...

à écrit le 28/06/2018 à 16:08
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Essayer de sauver ses salariés c'est d'un mauvais goût et cela ne plait pas du tout à nos juges bobo.

à écrit le 28/06/2018 à 16:03
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Ça va être difficile de se contenter d'envoyer comme d'habitude se faire massacrer quelques salariés de la multinationale afin de sauver encore et toujours les fesses des vrais responsables que sont les propriétaires d'outils de production. Quand...

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