Grippe aviaire : l'Équateur enregistre un premier cas chez l'humain

L'Équateur a rapporté le premier cas de grippe aviaire chez l'humain, quelques semaines après la déclaration d'urgence sanitaire dans le pays et la détection de cette maladie dans des élevages de volailles. L'Amérique du Sud est touchée par l'épidémie partie d'Europe, où elle frappe élevages et faune sauvage sans discontinuer depuis plus d'un an. L'espoir des pays européens pour l'endiguer repose sur un prochain vaccin puisqu'aucun traitement efficace n'existe pour le moment.
« Le premier cas de grippe A-H5 (grippe aviaire) a été confirmé chez une fillette de neuf ans dans la province de Bolivar », au cœur des Andes, a précisé le ministère de la Santé équatorien.
« Le premier cas de grippe A-H5 (grippe aviaire) a été confirmé chez une fillette de neuf ans dans la province de Bolivar », au cœur des Andes, a précisé le ministère de la Santé équatorien. (Crédits : Regis Duvignau)

Un peu plus d'un mois après avoir détecté les premiers cas avicoles de grippe aviaire sur ses terres, l'Équateur fait état de son premier cas humain. « Le premier cas de grippe A-H5 (grippe aviaire) a été confirmé chez une fillette de neuf ans dans la province de Bolivar », au cœur des Andes, a précisé le ministère de la Santé dans un communiqué, ce mardi 10 janvier. Et d'ajouter : « Nous présumons que l'infection a été transmise par contact direct avec des oiseaux porteurs du virus ».

Le pays de la côte ouest de l'Amérique du Sud a déclaré le 30 novembre une urgence sanitaire de 90 jours. Ce, en raison de la détection d'un foyer d'influenza aviaire dans des élevages de volailles de la province andine de Cotopaxi, limitrophe de celle de Bolivar, où un foyer a été détecté ce lundi. L'urgence sanitaire implique qu'il n'est « pas possible de déplacer les volailles, les produits et sous-produits d'origine avicole tels que les œufs, les poules, les poulets, entre autres, à partir des exploitations touchées par l'épidémie ». Pour contenir la propagation de la maladie, les autorités avaient par ailleurs ordonné l'abattage d'environ 180.000 volailles dans les exploitations touchées.

Le secteur de la volaille en Équateur n'est pas minime puisqu'il représente 263 millions de poulets et 16 millions de poules pondeuses. Chaque année, il génère quelque 1,8 milliard de dollars, pour 300.000 emplois. Entre janvier et novembre 2022, les exploitations avicoles du pays ont produit 495.000 tonnes de viande de poulet et 3,812 millions d'œufs, selon le ministère de l'Agriculture et de l'élevage.

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Les oiseaux français et européens touchés par la « pire épidémie » de leur histoire

Outre l'Équateur, son voisin, le Pérou, a aussi détecté un foyer de grippe aviaire en novembre. L'Amérique du Sud est frappée par une épidémie partie d'Europe. Le Vieux Continent traverse en effet depuis l'automne 2021 l'épidémie de grippe aviaire « la plus dévastatrice » de son histoire : au moins 50 millions d'oiseaux ont été abattus dans les élevages infectés et le virus redouble d'ardeur depuis cet hiver. Ce chiffre n'inclut toutefois pas les abattages préventifs d'animaux sains autour des foyers, d'après l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).

Selon l'EFSA, entre le 10 septembre et le 2 décembre 2022, il y avait 35% d'élevages contaminés en plus par rapport à la même période l'an dernier. France, Royaume-Uni et Hongrie sont les plus affectés.

En France, quelque 3,3 millions d'animaux ont été abattus entre le 1er août et le 21 décembre. Deux millions l'ont été rien qu'en décembre, selon le ministère de l'Agriculture. Mais les élevages de volailles ne sont pas les seuls contaminés : la faune sauvage aussi est touchée. « La grippe aviaire H5N1 a affecté la faune sauvage » et « jamais on n'a connu une hécatombe comme celle qui a été vérifiée en 2021/2022 », a prévenu la semaine dernière Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO (ligue pour la protection des oiseaux). Difficile en tout cas de savoir quelle population a contaminé l'autre.

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L'espoir du vaccin

Actuellement, la grippe aviaire est une maladie incurable et sans traitement. À ce stade, il n'existe en effet aucun vaccin suffisamment efficace, disposant d'une autorisation de mise sur le marché. Une réglementation européenne autorisant le principe de la vaccination « devrait en entrer en application fin février », selon le gouvernement, alors qu'il y a seulement un an, « professionnels et parties prenantes y étaient frontalement opposés ».

Cinq pays européens se sont lancés dans la course au vaccin. La France et la Hongrie travaillent sur un sérum pour les palmipèdes (canards, oies), les Pays-Bas et la Belgique pour les poulets et l'Italie pour les dindes.

Côté français, selon un calendrier présenté fin décembre par le gouvernement français, les premiers résultats des expérimentations en laboratoire devraient être connus autour de ce mois de mars. À la même période, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sera tenue de présenter différents « scénarios de vaccination pertinents ». L'État français tâchera alors de définir sa stratégie vaccinale, de chiffrer son coût, et de déterminer qui paiera. « Si tous les signaux sont au vert, en mai, on aura des vaccins fonctionnels, autorisés, et une stratégie adaptée sur le plan sanitaire et économique », résume le ministère.

Reste toutefois le risque que certains pays importateurs refusent d'acheter des volailles ou produits issus d'oiseaux vaccinés, craignant que le vaccin « masque » la présence de la maladie et que le virus se diffuse ensuite chez eux « à bas bruit ». Si tel est le cas, la France devra donc mener des négociations bilatérales avec ses partenaires commerciaux pour leur faire accepter d'importer des poulets vaccinés. Un arrêt des exportations de volailles françaises représenterait 500 millions d'euros de perte pour le secteur. Le pays, 2e pays producteur de volailles de l'Union européenne en 2021, devrait passer à la 4e place, derrière la Pologne, l'Espagne et l'Allemagne, avec une offre en baisse de près de 10% en 2022, selon une estimation de l'Anvol, l'interprofession représentative de toute la filière volaille française, en septembre.

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(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 11/01/2023 à 18:40
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"l'Équateur enregistre un premier cas chez l'humain" Pfizer doit être déjà sur le coup

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