
Le 10ème paquet de sanctions de l'Union européenne contre la Russie n'est pas encore sorti - il sera annoncé ce vendredi - que l'Allemagne planche déjà sur un 11ème. Depuis un an que la Russie a envahi l'Ukraine, les pays Occidentaux ont imposé des sanctions drastiques contre Moscou, frappant au plus haut niveau de l'État russe, ainsi que son industrie, ses banques et le secteur pétrolier. Début février, l'Union européenne a par exemple plafonné les prix des produits pétroliers russes transportés par bateau.
Mais l'Allemagne veut aller encore plus loin. Le ministre allemand de l'Économie, Robert Habeck, a en effet annoncé ce jeudi 23 février que l'Allemagne allait faire pression pour que de nouvelles mesures soit prises. Objectif : éviter que des marchandises sous embargo ne continuent d'entrer en Russie par le biais de pays tiers.
Contrôler le devenir des exportations
L'Allemagne souhaite ainsi que les entreprises soumettent à l'avenir des formulaires de déclaration détaillant l'utilisation finale des exportations vers des pays tiers de biens essentiels à la « machine de guerre russe ». Selon la proposition élaborée à Berlin, et consultée par l'AFP, le ministre de l'Économie estime qu'une déclaration sur la destination finale de ces marchandises pourrait aider les gouvernements de l'UE à vérifier si les produits sont restés dans les pays indiqués ou s'ils ont ensuite été transférés ailleurs.
Le ministre a pris pour exemple celui des camions et camionnettes importés d'Europe afin d'illustrer ses propos. Selon lui, dans certains pays, les importations de ces types de véhicules sont restées stables pendant des années, mais ont « tout à coup augmenté fortement avec le début de la guerre », a indiqué Robert Habeck, sur les chaînes RTL et NTV.
« Dans le cadre de l'harmonisation européenne, nous travaillons avec nos partenaires pour faire en sorte que les violations délibérées de l'obligation de soumettre des déclarations d'utilisation finale véridiques constituent à l'avenir une infraction pénale dans toute l'Europe », selon la proposition vue par l'AFP.
Berlin plaide aussi pour que les entreprises ou les individus qui aideraient Moscou à contourner les embargos soient visés par des sanctions. « Les données sur le commerce extérieur dont nous disposons indiquent qu'une quantité considérable de marchandises sanctionnées par l'UE est exportée de l'UE, et donc aussi de l'Allemagne, vers certains pays tiers, puis de là, exportée vers la Russie », déplore le ministère dans sa proposition.
Les discussions continuent
Une réunion des ministres des Finances du G7 à Bangalore a par ailleurs lieu ce jeudi pour discuter de nouvelles sanctions contre la Russie et d'une aide financière accrue pour l'Ukraine. Une source au ministère allemand des Finances a toutefois minimisé toute prise de décisions lors de cette réunion.
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a en tout cas réitéré ce jeudi que les États-Unis sont prêts à débloquer de nouvelles sanctions contre Moscou. « Nos sanctions ont eu un effet négatif très important sur la Russie », a-t-elle devant la presse. « La Russie souffre en termes de budget et de capacité à acquérir ce dont elle a besoin, et nous continuerons à imposer de nouvelles sanctions en travaillant avec nos alliés pour continuer à dégrader la capacité de la Russie à combattre cette guerre injuste », a-t-elle ajouté.
Les ministres des Finances et des dirigeants de banques centrales du G20 se réunissent quant à eux ces vendredi et samedi en Inde pour discuter de mesures pour faire face aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine et un éventuel allègement de la dette des pays les plus pauvres.
(Avec AFP)
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