Guerre en Ukraine : l'Allemagne veut contrôler les exportations européennes pour s'assurer qu'elles ne servent pas la Russie

Berlin a élaboré une série de mesures visant à combler les lacunes des sanctions de l'UE à l'encontre de Moscou. Leur but est notamment d'éviter que des marchandises sous embargo ne continuent d'entrer en Russie par le biais de pays tiers. Alors que l'UE doit annoncer un nouveau paquet de sanctions - le 10ème - demain, jour du premier anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, le G7 Finance est réuni pour discuter de nouvelles mesures à mettre en place. Les États-Unis ont par ailleurs indiqué être prêts à débloquer de nouvelles sanctions contre Moscou.
Berlin plaide aussi pour que les entreprises ou les individus qui aideraient Moscou à contourner les embargos soient visés par des sanctions.
Berlin plaide aussi pour que les entreprises ou les individus qui aideraient Moscou à contourner les embargos soient visés par des sanctions. (Crédits : DADO RUVIC)

Le 10ème paquet de sanctions de l'Union européenne contre la Russie n'est pas encore sorti - il sera annoncé ce vendredi - que l'Allemagne planche déjà sur un 11ème. Depuis un an que la Russie a envahi l'Ukraine, les pays Occidentaux ont imposé des sanctions drastiques contre Moscou, frappant au plus haut niveau de l'État russe, ainsi que son industrie, ses banques et le secteur pétrolier. Début février, l'Union européenne a par exemple plafonné les prix des produits pétroliers russes transportés par bateau.

Mais l'Allemagne veut aller encore plus loin. Le ministre allemand de l'Économie, Robert Habeck, a en effet annoncé ce jeudi 23 février que l'Allemagne allait faire pression pour que de nouvelles mesures soit prises. Objectif : éviter que des marchandises sous embargo ne continuent d'entrer en Russie par le biais de pays tiers.

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Contrôler le devenir des exportations

L'Allemagne souhaite ainsi que les entreprises soumettent à l'avenir des formulaires de déclaration détaillant l'utilisation finale des exportations vers des pays tiers de biens essentiels à la « machine de guerre russe ». Selon la proposition élaborée à Berlin, et consultée par l'AFP, le ministre de l'Économie estime qu'une déclaration sur la destination finale de ces marchandises pourrait aider les gouvernements de l'UE à vérifier si les produits sont restés dans les pays indiqués ou s'ils ont ensuite été transférés ailleurs.

Le ministre a pris pour exemple celui des camions et camionnettes importés d'Europe afin d'illustrer ses propos. Selon lui, dans certains pays, les importations de ces types de véhicules sont restées stables pendant des années, mais ont « tout à coup augmenté fortement avec le début de la guerre », a indiqué Robert Habeck, sur les chaînes RTL et NTV.

« Dans le cadre de l'harmonisation européenne, nous travaillons avec nos partenaires pour faire en sorte que les violations délibérées de l'obligation de soumettre des déclarations d'utilisation finale véridiques constituent à l'avenir une infraction pénale dans toute l'Europe », selon la proposition vue par l'AFP.

Berlin plaide aussi pour que les entreprises ou les individus qui aideraient Moscou à contourner les embargos soient visés par des sanctions. « Les données sur le commerce extérieur dont nous disposons indiquent qu'une quantité considérable de marchandises sanctionnées par l'UE est exportée de l'UE, et donc aussi de l'Allemagne, vers certains pays tiers, puis de là, exportée vers la Russie », déplore le ministère dans sa proposition.

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Les discussions continuent

Une réunion des ministres des Finances du G7 à Bangalore a par ailleurs lieu ce jeudi pour discuter de nouvelles sanctions contre la Russie et d'une aide financière accrue pour l'Ukraine. Une source au ministère allemand des Finances a toutefois minimisé toute prise de décisions lors de cette réunion.

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a en tout cas réitéré ce jeudi que les États-Unis sont prêts à débloquer de nouvelles sanctions contre Moscou. « Nos sanctions ont eu un effet négatif très important sur la Russie », a-t-elle devant la presse. « La Russie souffre en termes de budget et de capacité à acquérir ce dont elle a besoin, et nous continuerons à imposer de nouvelles sanctions en travaillant avec nos alliés pour continuer à dégrader la capacité de la Russie à combattre cette guerre injuste », a-t-elle ajouté.

Les ministres des Finances et des dirigeants de banques centrales du G20 se réunissent quant à eux ces vendredi et samedi en Inde pour discuter de mesures pour faire face aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine et un éventuel allègement de la dette des pays les plus pauvres.

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(Avec AFP)

Commentaires 10
à écrit le 24/02/2023 à 21:09
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Scholz est vraiment une très mauvaise chose pour l’Europe. Il est où le temps de gerhard schroeder, helmut schmidt,

à écrit le 24/02/2023 à 11:20
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Si on refuse maintenant de vendre à des pays tiers, cela signifie qu'on les sanctionne eux aussi, et plus seulement la Russie. Et là, ça va faire beaucoup de pays avec lesquels se fâcher... De la haute stratégie, donc !

à écrit le 24/02/2023 à 0:05
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Pourquoi l'Allemagne ne souhaite plus rendre publique le résultat de son enquête sur l'explosion des gazoducs, acte de guerre manifeste à son encontre?

à écrit le 23/02/2023 à 23:23
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l'Allemagne veut encore contrôler l'Europe ? Wow ! Étonnant

le 24/02/2023 à 10:50
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Souvenir : La nomination éclair de Martin Selmayr au secrétariat général de la Commission européenne pose la question de l’omniprésence des Allemands aux postes les plus élevés de l’administration européenne.La promotion éclair de Martin Selmayr au ...

à écrit le 23/02/2023 à 23:22
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Du contrôle déclaratif... de quoi tromper l'ennui de quelques ponctionnaires. Et si les douaniers européens faisaient réellement leur travail plutôt que toucher des pots de vins des trafiquants en tout genre (e.g. drogue au port du Havre).

à écrit le 23/02/2023 à 22:49
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Le boulot d'Emmanuel Macron s'il était vraiement le président de la France consisterait à contrer systématiquement l'Allemagne hypocrite.

à écrit le 23/02/2023 à 18:59
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Bonjour, Qu'ils y est un contrôle sur les exportations, me semblent logique... Mais je ne crois pas que l'Allemagne sois commissionné pour faire se rôle ... Cela revient à l'Union européenne... Après tous les sanction sont prise par sont intermédia...

à écrit le 23/02/2023 à 17:15
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Il faut chercher du coté des paradis fiscaux, pavillons véreux, des frontières terrestres et maritimes avec la Russie-Biélorussie : Turquie, Kazakhstan, Azerbaïdjan, Chine, Pologne, Géorgie. Et pour le strictement aérien : Hong Kong, Inde et le Golfe...

le 23/02/2023 à 18:09
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Vous pouvez ajouter la Turquie qui importe européen et exporte turque en Russie .. avec la complicité de certaines firmes euro pérennes y compris allemande!!

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