Guerre en Ukraine : le nickel atteint pour la première fois les 100.000 dollars la tonne

Le cours du "métal du diable" a progressé de 250% en deux jours, obligeant le London Metal Exchange à suspendre sa cotation. Le risque d'un retrait de l'offre de nickel russe du marché international fait craindre des pénuries alors même que la demande mondiale excède l'offre en raison des besoins des secteurs de l'acier et de l'automobile pour les batteries pour véhicules électriques.
Robert Jules
Norilsk Nickel (ou Nornickel) et son patron, Vladimir Potanin, l'homme le plus riche de Russie, ne sont pas soumis à sanctions par les Américains et les Européens, précisément pour éviter de tarir l'offre de métaux. Néanmoins, le géant minier, leader mondial du nickel et du palladium qu'il exploite dans les contrées inhospitalières de Sibérie, coté sur le Nasdaq, a déjà perdu près de 90% de sa valeur en un mois.
Norilsk Nickel (ou Nornickel) et son patron, Vladimir Potanin, l'homme le plus riche de Russie, ne sont pas soumis à sanctions par les Américains et les Européens, précisément pour éviter de tarir l'offre de métaux. Néanmoins, le géant minier, leader mondial du nickel et du palladium qu'il exploite dans les contrées inhospitalières de Sibérie, coté sur le Nasdaq, a déjà perdu près de 90% de sa valeur en un mois. (Crédits : Reuters)

Le marché du nickel est en ébullition. Celui que l'on appelle aussi "le métal du diable" justifie son surnom avec une hausse en deux séance de plus de... 250% sur le marché à terme. Après avoir atteint les 100.000 dollars, le prix de la tonne de nickel pour une livraison dans un mois revenait autour des 80.000 dollars, un nouveau pic de prix de 15 ans. Cet emballement a poussé le plus grand marché des métaux du monde, le London Metal Exchange (LME), à suspendre la cotation de ce non-ferreux pour calmer la fièvre.

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cours du nickel

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Car cette envolée des prix pose un problème pour les opérateurs sur les marchés, qui doivent s'acquitter chaque jour d'un appel de marge pour conserver leur position. Or avec l'envolée des cours, cet appel lui aussi explose. "La China Construction Bank Corp - l'une des quatre grandes banques chinoises - s'est vu accorder un délai supplémentaire par le London Metal Exchange pour payer les centaines de millions de dollars d'appels de marge qu'elle a manqués hier, dans un contexte de flambée sans précédent des prix du nickel", relève John Plassard, analyste chez Mirabeau Equity, dans une note à ses clients. Le géant chinois Tsingshan Holdings group, premier producteur mondial d'acier inoxydable et de nickel se retrouve lui aussi dans une position délicate.

La Russie, troisième producteur de nickel

Mais ce sont surtout les courtiers détenant des positions "courtes" (qui ont déjà vendu à un prix fixe un volume de métal qu'ils ne possèdent pas) qui se trouvent pris dans la tourmente et cherchent à liquider leurs positions.

Comme pour le palladium, le gaz naturel, le pétrole ou encore le blé, cette envolée des cours est liée à la guerre menée par la Russie en Ukraine. Les Américains et les Européens ont riposté sous la forme de sanctions économiques, provoquant en retour la menace de Moscou de cesser les livraisons en particulier aux clients européens. Or la Russie est le troisième producteur mondial de nickel, de métal primaire (issu du minerai et non du recyclage).

Paradoxalement, à ce jour, Norilsk Nickel (ou Nornickel) et son patron, Vladimir Potanin, l'homme le plus riche de Russie, ne sont pas soumis à sanctions par les Américains et les Européens, précisément pour éviter de tarir l'offre de métaux. Néanmoins, le géant minier, leader mondial du nickel et du palladium qu'il exploite dans les contrées inhospitalières de Sibérie, coté sur le Nasdaq, a déjà perdu près de 90% de sa valeur en un mois.

Vers de futures sanctions

Visiblement, les investisseurs s'inquiètent de futures sanctions au vu de l'évolution de la situation en Ukraine. "L'impact de telles sanctions pourrait être important, puisque 37 % des exportations russes (de nickel) ont pour destination les Pays- Bas, et 16 % l'Allemagne", souligne Benjamin Louvet, gérant Matières premières chez OFI AM.

Car le retrait du marché de la production, qui représente autour de 13% de l'offre mondiale, est potentiellement explosif. En effet, l'appréciation des cours est soutenue par les fondamentaux du marché. Dans leur dernier rapport mensuel, les analystes du WBMS (World Bureau of Metal Statistics) pointaient déjà pour 2021 un déficit de 144.300 tonnes du marché mondial, avec une demande de 2,93 millions de tonnes contre une offre mondiale de 2,79 millions de tonnes. Ce qui a pour conséquence de peser sur les stocks. "Les stocks détenus dans les hangars du LME à la fin de 2021 étaient inférieurs de 177.400 tonnes par rapport à leur niveau de fin 2020", indiquent-ils.

Une demande mondiale supérieure à l'offre

Cette demande mondiale était supérieure de 486.000 tonnes à celle de 2020, soutenue par le rebond rapide de l'économie au cours du premier semestre 2021, avec la sortie des confinements. Ce métal non ferreux est en effet utilisé pour rendre l'acier - 90% du métal utilisé dans le monde - inoxydable mais a aussi un nouveau débouché dans la production de batteries pour les véhicules électriques dans le cadre de la transition énergétique.

De fait, si cette pression haussière se poursuivait, cela aurait des conséquences pour les secteurs consommateurs, notamment l'automobile et sa migration vers les modèles électriques. "Cela ferait monter le prix des batteries et donnerait par ailleurs un avantage considérable aux fabricants chinois qui devraient, eux, conserver un approvisionnement intact, voire pouvoir augmenter leurs approvisionnements en récupérant une partie des exportations russes. Ils pourraient en outre acquérir ce métal à un prix réduit, étant le seul débouché d'importance pour les sociétés russes", avertit Benjamin Louvet

Robert Jules
Commentaires 4
à écrit le 09/03/2022 à 9:53
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Un bonne nouvelle pour la nouvelle caledonie qui ne savait pas comment financer son enorme déficit et une bonne nouvelle pour les continentaux qui n'auront pas à payer pour eux.

le 09/03/2022 à 11:59
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"une bonne nouvelle pour les continentaux qui n'auront pas à payer pour eux" Ah bon et qui va acheter les bagnoles électriques ? La vache que vous êtes tous à côté de la plaque j'espère sincèrement que vous le faites exprès les gars hein.

à écrit le 08/03/2022 à 18:23
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L'or & l'argent commence a ressembler à quelque chose. Beaucoup de corner explique en partie ce qu'il se passe. C'est quand la marée se retire que l'on découvre qui nage nu.. Morgan doit prendre cher... chez Goldman ils étaient un peu à labour mais ...

à écrit le 08/03/2022 à 17:24
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Déjà qu'ils ont des problèmes de micro processeurs, de cuivre et de lithium... on se demande avec quoi ils vont pouvoir les fabriquer leurs bagnoles électriques et faudra pas s'attendre à une baisse des énormes prix affichés en la matière non plus du...

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