Le palladium proche de son record historique, soutenu par la crainte du retrait de l'offre russe

Le palladium a atteint plus de 2.950 dollars l'once (31 grammes) ce vendredi, se rapprochant de son record historique de 2.984 dollars. Les investisseurs craignent que le retrait de l'offre russe, qui représente 40% de l'offre mondiale, entraîne des pénuries dont devrait pâtir le secteur automobile. Ce métal est utilisé dans la composition des pots catalytiques. La compagnie Norilsk Nickel, qui concentre la production russe, a perdu plus de 90% de sa valorisation en Bourse.
Robert Jules
Depuis fin novembre 2021, le palladium s'est apprécié de 85%, pour atteindre en séance 2.952 dollars l'once (31 grammes), se rapprochant de son record historique de 2.984 dollars touché en mai 2019. Il est devenu plus précieux que l'or, qui cotait ce vendredi 1.958 dollars l'once.
Depuis fin novembre 2021, le palladium s'est apprécié de 85%, pour atteindre en séance 2.952 dollars l'once (31 grammes), se rapprochant de son record historique de 2.984 dollars touché en mai 2019. Il est devenu plus précieux que l'or, qui cotait ce vendredi 1.958 dollars l'once. (Crédits : Reuters)

Gaz naturel, pétrole, charbon, blé, nickel... Nombre de matières premières voient exploser leurs cours depuis l'application des sanctions internationales contre la Russie après l'offensive militaire lancée par Vladimir Poutine contre l'Ukraine. Il en est de même pour le palladium, un métal platinoïde qui a vu son prix multiplié par 6 depuis 2016.

Depuis fin novembre 2021, il s'est apprécié de 85%, pour atteindre en séance 2.952 dollars l'once (31 grammes), se rapprochant de son record historique de 2.984 dollars touché en mai 2019, le marché redoutant des perturbations dans l'offre en provenance de Russie. Le palladium est devenu un métal plus précieux que l'or, qui cotait ce vendredi 1.958 dollars l'once.

Palladium

Et cette hausse devrait se poursuivre. L'offre mondiale de palladium est concentrée à 40% en Russie, extraite et raffinée par pratiquement une seule compagnie Norilsk Nickel, un acteur majeur également dans le nickel, et dans une moindre mesure le cobalt, l'or, le platine, et le cuivre. Et même s'il semble que la compagnie minière ne soit pas visée directement par les sanctions, elle subit comme toutes les entreprises russes la fuite des investisseurs.

Cotée à la Bourse de Moscou (fermée depuis lundi), elle avait déjà perdu 95% de sa valeur, et à New-York où elle est listée sur le Nasdaq, le cours de son action est passé depuis lundi de quelque 30 dollars à... 3 dollars. Ainsi, son PDG, Vladimir Potanine, oligarque proche de Vladimir Poutine, et l'homme le plus riche de Russie, a vu sa fortune de 22,5 milliards de dollars, selon Forbes, fondre comme la neige au soleil.

Risque pour les constructeurs automobiles

Car si Norilsk Nickel ne peut honorer les ventes de palladium à ses clients, c'est surtout le secteur de la construction automobile qui va en pâtir. "Du côté de l'industrie, c'est tout le secteur automobile qui est impacté par cette guerre car la Russie, principal exportateur de palladium, une matière première essentielle dans la fabrication de voitures, pourrait bien du jour au lendemain se voir interdire toute exportation", alertent ainsi les analystes chez Edmond de Rothschild.

Les propriétés de ce métal,  principalement utilisé  à plus de 80%, dans les pots catalytiques des moteurs thermiques, permettent de fixer une partie des émissions de gaz à effet de serre et d'éviter qu'elles ne soient rejetées dans l'atmosphère. Dans une mesure moindre, mais nécessaire, il entre dans la production de semi-conducteurs très présents dans les véhicules électriques, dans le secteur électronique et dans l'aéronautique.

Comme le marché du palladium est déficitaire depuis quelques années, le retrait sinon la perturbation des livraisons russes va bouleverser la chaîne d'approvisionnement. Selon le rapport de l'entreprise britannique Johnson Matthey, spécialiste de l'utilisation des platinoïdes, l'offre primaire mondiale était évaluée à 6,75 millions d'onces en 2021 dont 2,5 millions d'onces produites par l'Afrique du Sud, qui a vu son activité minière repartir à la hausse après les arrêts dus à la pandémie du Covid-19. Pour sa part, la Russie a produit 2,56 millions d'onces. A cette offre primaire, il faut ajouter l'offre secondaire issue du recyclage, soit 3,57 millions d'onces. Toutefois, la demande mondiale étant évaluée à 11,15 millions d'onces, le marché est en déficit, obligeant à puiser 823.000 onces dans les stocks pour répondre à la demande.

Même si l'Afrique du Sud, et dans une moindre mesure les autres pays producteurs comme le Canada, les Etats-Unis et le Zimbabwe, peuvent augmenter leurs extractions, incités par les prix élevés du métal, ils ne pourront pas se substituer intégralement à court terme au volume fourni par Norilsk Nickel, faisant du palladium un métal de plus en plus précieux.

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Robert Jules

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Commentaire 1
à écrit le 05/03/2022 à 19:36
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Temporairement, on peut se passer des pots catalytiques, quitte à les ajouter ensuite quand le produit sera disponible.

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