L'inflation continue de grimper en Russie. La hausse générale des prix a atteint 6% sur un an en septembre, contre 5,15% en août, selon les chiffres publiés par l'agence nationale des statistiques Rosstat. Elle poursuit ainsi sa tendance à la hausse observée depuis le printemps (elle était de 2,31% en avril).
L'inflation s'inscrit dans une conjoncture économique toujours délicate pour la Russie, après plus d'un an et demi de sanctions internationales mises en place après son offensive en Ukraine en février 2022. Face à la flambée des prix à la pompe le mois dernier, le gouvernement russe a poussé les autorités à interdire temporairement l'exportation de produits pétroliers à l'étranger, dans l'espoir de faire baisser les prix et limiter les risques de pénuries, en pleine période de récoltes agricoles.
Pas de quoi s'alarmer pour autant du côté de l'exécutif. « Il n'y a pas d'explosion sociale. Rien », avait ainsi déclaré fin septembre le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, répondant à une question de l'AFP dont il a jugé les termes « disproportionnés ».
Le président russe, lui aussi, s'est affiché rassurant début octobre. « Nous avons surmonté tous les problèmes qui sont apparus après la mise en place des sanctions contre nous et nous avons commencé une nouvelle étape de développement ». Et d'affirmer : « La situation en gros est stable ».
Le rouble à la peine
Des propos qui tranchent avec la réalité. Le rouble est en effet à la peine depuis des mois sous l'effet des dites sanctions, ce qui pèse directement sur le pouvoir d'achat de la population. À la Bourse de Moscou, il fallait 100 roubles pour 1 dollar et 106,5 roubles pour 1 euro mercredi.
Face au dévissage de la devise nationale, la Banque centrale russe s'était empressée en août et en septembre de relever coup sur coup son taux directeur de 8,5% à 12%, puis à 13%. Mais cette mesure n'a pas eu l'effet escompté, le rouble restant à des niveaux très faibles.
De façon générale, malgré une adaptation de l'économie menée au pas de course, la Russie fait face à une série de difficultés qui durent : chômage très faible (3% en août) symbole de la contraction de la main-d'œuvre, pénuries de pièces mécaniques et technologiques auparavant importées, fuite des cerveaux à l'étranger...
La chute importante des revenus liés à la vente des hydrocarbures - principale source de rentrées budgétaires - pèse également sur l'économie russe, même si la hausse des marchés mondiaux ces dernières semaines, couplée à un rouble faible, peut faire espérer à Moscou des recettes plus importantes sur la fin d'année.
Croissance néanmoins attendue pour 2023
Malgré ce contexte global, le Fonds monétaire international (FMI) a relevé mardi ses prévisions pour la Russie : l'institution estime la croissance de son produit intérieur brut (PIB) à +2,2% pour 2023. Soit 0,7 point de plus que les précédents chiffres en juillet. Elle prédisait même il y a un an une sévère récession de l'économie russe. Pourtant, cette dernière ne cesse de se montrer résiliente.
Idem du côté de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd). Celle-ci table sur une croissance de +1,5% pour la Russie en 2023, alors qu'elle anticipait jusqu'ici une contraction d'ampleur équivalente. Une croissance qui sera par conséquent supérieure à celle prévue cette année dans la zone euro par la Commission européenne (+0,8%).
C'est aussi la fourchette sur laquelle mise la Banque centrale russe. Selon sa directrice, la croissance du PIB devrait atteindre « entre +1,5% et +2,5% » en fin d'année, après une hausse de +4,9% selon les statistiques officielles entre avril et juin.
(Avec AFP)