Etranglé par les sanctions occidentales, le géant russe Gazprom réduit fortement ses investissements

Gazprom a annoncé jeudi envisager de réduire ses investissements de 20% sur un an pour 2024, signe des difficultés rencontrées par le géant gazier russe, affecté par la quasi-fermeture du marché européen et le sabotage des gazoducs Nord Stream.
Gazprom envisage de réduire ses investissements de 20% en 2024 par rapport à 2023.
Gazprom envisage de réduire ses investissements de 20% en 2024 par rapport à 2023. (Crédits : REUTERS PHOTOGRAPHER)

Plombé par la chute drastique de ses exportations de gaz vers l'Europe, un marché quasi-fermé depuis le début du conflit en Ukraine en 2022 et le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en septembre 2022, le géant de l'énergie russe, Gazprom, voit ses bénéfices s'écrouler. A un point qui l'oblige à réduire ses investissements de 20% en 2024 par rapport à 2023.

« Le montant total du programme d'investissements de Gazprom pour 2024 s'élève à 1.573,6 milliards de roubles » (16,3 milliards d'euros), a indiqué le groupe russe ans un communiqué.

Cette enveloppe représente une baisse importante de 20% par rapport au plan d'investissements en 2023 (1.965 milliards de roubles) qui avait déjà été largement révisé cet été (-14,5%) par rapport au plan initial publié l'an passé. Cette coupe d'environ 3,4 milliards d'euros dans le programme d'investissement 2023 traduisait déjà l'état fragile des finances du groupe. Car les profits s'effondrent : sur les neuf premiers mois de 2023, le bénéfice net du groupe a ainsi chuté de 44% par rapport à la même période en 2022, à 4,6 milliards d'euros.

Lire aussiGazprom : avec les sanctions occidentales, les profits du géant russe de l'énergie s'écroulent

Le GNL et le GPL bientôt interdit ?

Demain, l'Union européenne pourrait accentuer la pression. Le Parlement européen vient en effet de réclamer une application plus stricte des sanctions contre Moscou et un embargo total sur les importations de gaz liquéfié et de GPL russe, qui ne font pas partie aujourd'hui des sanctions. Ces importations représentent un gain de plusieurs milliards d'euros pour la Russie. Selon un rapport publié fin août par l'ONG Global Witness, l'UE a augmenté de 40% ses importations de GNL au cours des sept premiers mois de l'année par rapport à la même période en 2021, pour une valeur de quelque 5,29 milliards d'euros, au bénéfice, dénoncent certains Etats membres, de la machine de guerre russe. Mais certains pays européens y sont plus réticents en raison du déséquilibre qu'une telle mesure pourrait provoquer sur le marché européen du gaz dont les prix pourraient alors flamber.

Réorienter les ventes vers la Chine

De quoi pousser la Russie à chercher de nouveaux clients. Mi-septembre, Gazprom a annoncé avoir livré à la Chine pour la première fois du gaz naturel liquéfié (GNL) via la route maritime du Nord, dans l'Arctique, désormais plus facilement navigable du fait de la fonte des glaces entraînée par le réchauffement climatique. Les autorités russes espèrent que cette route va permettre d'augmenter le transport d'hydrocarbures vers l'Asie.

Lire aussiGaz russe : Gazprom annonce sa première livraison à la Chine via l'Arctique

Car pour l'heure, les infrastructures terrestres, coûteuses et longues à construire, manquent pour acheminer le gaz naturel russe vers l'Asie. Gazprom compte s'appuyer sur la montée en puissance du gazoduc Force de Sibérie 1 dans l'Extrême-Orient russe à destination de la Chine. D'ici à 2030, la Russie ambitionne de livrer chaque année à son allié diplomatique et économique 98 milliards de m3 de gaz et 100 millions de tonnes de GNL. Dans les tuyaux depuis plusieurs années, le projet gigantesque de Force de Sibérie 2, également destiné au marché chinois, n'a toujours pas été signé par Moscou et Pékin. Ce gazoduc est censé faire transiter à terme 50 milliards de mètres de cubes de gaz de la Russie vers la Chine.

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Commentaires 10
à écrit le 24/11/2023 à 15:03
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Gazprom vend à la Chine, à l'Inde, à la Turquie de grandes quantités de gaz, mais à des prix très bas. Le problème de Gazprom est celui de la Russie en général. Un Pib en hausse dont le niveau est celui de l'Italie! Un pays en économie de guerre, ...

le 24/11/2023 à 18:44
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Tous les arguments que vous avancez n'affectent pas la Russie et le pouvoir le sait bien car ce qui tient le pays c'est le patriotisme des russes , tous ceux qui ont voyagé dans ce pays vous le diront et ils en ont même été surpris et ce malgré tout...

à écrit le 24/11/2023 à 11:13
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"Je pense que beaucoup de sociétés aimeraient être "étranglées" en affichant un bilan financier plus que positif." Comparons ce qui est comparable. Total, par exemple : en 2022, Total a fait 19 milliards de bénéfices nets. Rien qu'au premier trime...

à écrit le 23/11/2023 à 23:08
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D'accord mais nous on paie notre gaz 4X plus cher aux Américains , vous croyez qu'il y a de quoi bramer cocorico ?

à écrit le 23/11/2023 à 20:58
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oui ca devient dur de financer' la guerre en ukraine ' et en meme temps' d'investir, surtout quand la caf s'ecroule.....concernant l'interdiction du gpl, gageons que des europeens bien baveux, bien a gauche vont voter qqch, pour mieux racheter ca 10 ...

à écrit le 23/11/2023 à 18:42
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Je pense que beaucoup de sociétés aimeraient être "étranglées" en affichant un bilan financier plus que positif. Ce n'est malheureusement pas le cas chez nous en France, où nous payons des sanctions qui n'ont aucun sens, avec ces fous furieux de l'eu...

à écrit le 23/11/2023 à 18:10
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Le GNL peut facilement réorienter sa destination : boycotter ne peut qu'envoyer le GNL vers l'Asie, sans pénaliser le moins du monde la Russie ! Boycotter ne sera donc pour l'UE que se tirer une balle dans le pied ... Par contre, bloquer tout ce qui...

le 24/11/2023 à 14:01
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Pas vraiment, exporter vers l'Asie plutôt que vers l'UE, ce sont des jours de transport facturés en plus qui grignoteront les marges des exportateurs russes. Que ce soit par navires ou par tuyaux, le transports du gaz russe vers l'Asie va nécessiter ...

à écrit le 23/11/2023 à 17:21
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Ce n'est pas une perte c'est un report de bénéfice ! ,-)

le 23/11/2023 à 18:52
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Haha très bien vu !

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