Inflation : le FMI déconseille les baisses d'impôts, le contrôle des prix, les subventions

Dans le contexte inflationniste, le FMI déconseille aux États de vouloir éviter à tout prix de limiter les effets des politiques monétaires. L'Institution conseille plutôt de mettre en place des politiques ciblées vers les plus vulnérables, tout en laissant les prix s'ajuster naturellement.
Le FMI a mis « en place un guichet spécial de financement rapide face aux besoins alimentaires » des pays les plus pauvres.
Le FMI a mis « en place un guichet spécial de financement rapide face aux besoins alimentaires » des pays les plus pauvres. (Crédits : Johannes Christo)

Le FMI, qui anticipe que le pire est encore à venir pour l'économie mondiale, déconseille aux États de tenter de maîtriser l'impact de l'inflation à coups de baisses d'impôts, de subventions ou de contrôle des prix. Si l'institution monétaire se dit consciente que la hausse des prix alimentaires et de l'énergie représente un risque social pour les États, ces stratégies interventionnistes pourraient s'avérer trop lourdes pour les finances publiques. C'est du moins la conclusion du rapport sur les politiques budgétaires, le Fiscal Monitor, publié mercredi par le Fonds monétaire international (FMI).

Prudence dans la mise en place de politiques de soutien

« L'ensemble des États se retrouvent face à un dilemme de plus en plus urgent et douloureux », a reconnu auprès de l'AFP le directeur du département des affaires budgétaires du Fonds, Vitor Gaspar.

« Dans un contexte de crise du coût de la vie, il est essentiel de protéger les plus vulnérables, qu'il s'agisse des foyers disposant des plus faibles revenus mais aussi des États les plus pauvres », a-t-il ajouté.

Mais les pays qui ont déjà augmenté leurs dépenses pour faire face à la pandémie n'ont plus nécessairement les marges budgétaires nécessaires pour affronter l'inflation et les hausses des prix, alerte le FMI.

Les États doivent se montrer prudents dans la mise en place de politiques de soutien. L'objectif premier doit être d'assurer l'accès à une alimentation abordable et limiter les effets de l'inflation sur les revenus les plus faibles, tout en maintenant un niveau de dépenses soutenable, résume l'institution.

Préférer les politiques ciblées et l'ajustement naturel des prix

Tenter de répondre à ces problématiques avec la mise en place d'un contrôle des prix, des subventions ou des baisses d'impôts « sera très coûteux budgétairement parlant et au final peu efficace » même, alerte le FMI.

Le fonds préconise donc plutôt aux États de mettre en place des politiques ciblées vers les plus vulnérables tout en laissant les prix s'ajuster naturellement, afin d'éviter de limiter les effets des politiques monétaires. Les États peuvent cependant décider de passer par une augmentation de certaines de leurs ressources et maintenir à un niveau acceptable leurs autres dépenses, ajoute le FMI.

Aide alimentaire d'urgence pour les pays les plus pauvres

Compte tenu de leurs faibles ressources, les pays les plus pauvres ne pourront néanmoins pas se passer d'une aide humanitaire et de financements d'urgence. « Nous avons mis en place un guichet spécial de financement rapide face aux besoins alimentaires, ainsi que d'autres mesures pour limiter la crise alimentaire, des États comme la Tanzanie ou la Géorgie en ont bénéficié ».

« Plus largement, nous appelons les pays les plus riches à accorder leurs droits de tirage spéciaux [DTS, un avoir sur les réserves internationales, Ndlr]) au bénéfice des pays pauvres » afin de leur permettre de disposer d'un accès plus important aux aides du FMI, a détaillé le directeur du département des affaires budgétaires.

Coup de frein sur l'économie mondiale

Dans un contexte marqué par l'envolée des prix de l'énergie et la remontée des taux des banques centrales pour juguler l'inflation, le Fonds monétaire international (FMI) a maintenu mardi sa prévision de croissance mondiale à 3,2% pour 2022, tout en abaissant de 0,2 point celle pour 2023 à 2,7%. Les trois locomotives mondiales - les États-Unis, la Chine et l'Europe - ralentissent, notamment sous l'effet d'une inflation persistante qui touche les économies avancées et plus encore les pays émergents et en développement, et qui devrait atteindre 8,8% en moyenne au niveau mondial cette année (+0,5 point par rapport aux prévisions de juillet).

De son côté, l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) s'est montré mercredi un cran plus pessimiste, anticipant que l'économie mondiale ne devrait croître que de 2% en 2023 après 2,7% cette année. L'institut de conjoncture français entrevoit aussi une croissance limitée à 0,7% en 2023 aux Etats-Unis, contre 1% pour le FMI. La récession prévue en Allemagne sera également un peu plus prononcée (-0,5%) selon l'OFCE que pour le FMI (-0,3%). Mais le coup de froid économique serait « de courte durée puisque l'activité accélérerait de nouveau en fin d'année 2023 », selon la note de l'observatoire qui fonde ses prévisions sur un scénario sans rupture d'approvisionnement en gaz, avec un prix moyen de 200 euros par MWh, et de 100 dollars pour le baril de pétrole.

L'avenir reste également incertain du point de vue du FMI, qui reconnaît que ses prévisions, en particulier pour 2023, ne sont valables que « si les anticipations d'inflation restent stables et que le resserrement monétaire n'entraîne ni récession généralisée ni ajustement désordonné des marchés financiers ».

Une note positive cependant : l'inflation mondiale devrait avoir atteint son pic au troisième trimestre (9,5%) et commencer à reculer dès le dernier trimestre 2022, poursuivant cette tendance l'année prochaine, pour revenir au dernier trimestre 2023 à un niveau comparable à 2021 (4,7%).

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 14/10/2022 à 12:44
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Bonjour, Personnellement, dans une période de crise , je pence ( donc je suis ) qu'ils ne faut surtout pas baisser l'impôt.... Car les dépenses de l'état sont importants, surtout en France , tout les budgets ons augmenté.... Bien sûr ils ne faut p...

à écrit le 12/10/2022 à 19:49
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"L'Institution conseille plutôt de mettre en place des politiques ciblées vers les plus vulnérables, tout en laissant les prix s'ajuster naturellement." La fameuse théorie du ruissellement et du capitalisme sauvage autorégulé...

à écrit le 12/10/2022 à 16:31
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En gros, le FMI déconseille le déni de réalité. Et vous savez quoi ? Moi aussi, je le déconseille. Je pourrais travailler au FMI

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