Les risques pour la stabilité financière mondiale sont de plus en plus élevés (FMI)

Avec la dégradation du contexte économique l'année prochaine, le Fonds monétaire international (FMI) a mis en garde mardi contre la montée des risques pour la stabilité financière mondiale, en cas de contagion des marchés financiers aux économies émergentes et à l'immobilier.
Robert Jules
(Crédits : Reuters)

L'horizon s'obscurcit pour l'économie mondiale, en raison d'une inflation persistante, du ralentissement de l'activité en Chine dû aux conditions sanitaires de la lutte contre le Covid-19 et les tensions géopolitiques créées par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, estime le FMI, dans ses prévisions économiques.

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« Il faut remonter des décennies en arrière pour retrouver autant de conflits dans le monde et en même temps une inflation aussi élevée », a souligné Tobias Adrian, directeur du département des marchés monétaires et de capitaux du FMI.

Cette dégradation du climat économique pèse sur le secteur financier, alerte le Fonds dans la nouvelle édition de son rapport sur la stabilité financière mondiale publiée mardi. Le FMI pointe la conjonction entre les faiblesses persistantes de certains marchés, la diminution de la liquidité, la persistance de l'inflation et la remontée rapide des taux d'intérêt des banques centrales. « Avec la moindre prise de risque des investisseurs, liée à la révision des perspectives économiques et monétaires, il y a un danger de réévaluation désordonnée du risque », estime le rapport du FMI. « La volatilité et un resserrement soudain des conditions financières pourraient interagir avec et être amplifiées par des faiblesses financières préexistantes », prévient-il.

Pour autant, il insiste sur l'urgence pour les banques centrales de donner la priorité à la lutte contre l'inflation, condition d'une meilleure stabilité de l'ensemble du système financier.

2022 s'annonce comme l'une des pires années de ces dernières décennies pour les marchés boursiers. L'indice phare de Wall Street, le Standard & Poor's 500, affiche une chute de 24% depuis le 1er janvier, les obligations ont sous-performé de 20%. Cette déprime des marchés financiers profite au dollar qui bénéficie de son statut de valeur refuge. Il est au plus haut depuis plus de 20 ans face à la plupart des devises principales.

Mardi, la Banque d'Angleterre est à nouveau intervenue face aux « dysfonctionnements » des marchés pour réduire les risques d'instabilité financière sans toutefois rassurer les investisseurs. Elle était déjà intervenue le 28 septembre en lançant un programme de rachat de bons du Trésor à long terme pouvant aller jusqu'à 65 milliards de livres.

Le FMI s'inquiète d'ailleurs de la détérioration de la liquidité du marché - la capacité d'acheter ou de vendre facilement un actif -, un risque qui pourrait se combiner avec des vulnérabilités financières élevées alimentées par des années de taux d'intérêt bas et de crédit bon marché pour amplifier les chocs futurs, un environnement inédit pour nombre d'investisseurs.

Un risque accru pour les pays émergents

En cas de crise grave, le rapport alerte sur les lourdes conséquences pour les pays émergents qui subissent déjà une fuite des capitaux. Il constate aussi le creusement des écarts de rendements (« spreads ») sur le marché des obligations d'entreprise et le risque de voir la remontée rapide des taux fragiliser les marchés immobiliers.

En Chine, la crise immobilière s'est déjà aggravée poussant les autorités à intervenir dans un secteur lourdement endetté. Les faillites de promoteurs pourraient se propager au secteur bancaire, avertit le FMI.

Dans le scénario de stress test du fonds, les banques des économies avancées semblent disposer de fonds propres et de liquidités suffisantes mais jusqu'à 29% de celles des pays émergents ne respecteraient plus les règles mondiales de fonds propres en cas de forte récession mondiale, ce qui pourrait nécessiter 200 milliards de dollars de recapitalisation, évalue le Fonds.

Le cas de Credit Suisse

« Il est tout à fait possible, dans un scénario noir, que des tensions affectent certaines institutions », juge Tobias Adrian. « Même si, dans les tests de résistance qui s'appuient sur un scénario globalement cohérent, nous concluons que les banques sont globalement saines, cela ne signifie pas que chaque banque est capable de résister à chaque scénario », considère-t-il.

La semaine dernière, Credit Suisse, la deuxième banque helvétique, a suscité l'inquiétude sur les marchés, certains investisseurs craignant qu'elle ne soit contrainte de lever en urgence plusieurs milliards de francs de capitaux frais pour pouvoir poursuivre ses activités.

(avec agences)

Robert Jules
Commentaires 3
à écrit le 12/10/2022 à 11:58
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Tout cela a une cause : L'hypocrisie. Refuser de regarder la réalité en face. Déclarer tout le temps que "tout vas bien". Refuser de payer ses dettes. Refuser de payer le vrai coût des choses. Tout le temps, remettre les problèmes à plus tard. Privil...

à écrit le 12/10/2022 à 11:00
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Il est très difficile pour un ménage de suivre un budget prévisionnel tout étant très instable, le conseil est de ne rien investir et ne rien acheter.

à écrit le 12/10/2022 à 9:13
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Tiens, l'ultra néo gauche decouvre ce que ca donne quand on fait n'importe quoi avec la monnaie ? Je me réjouis à l'idée de leur vomir dessus tout ce qu'ils ont sorti comme âneries ultra néo.. et qu'ils nous épargnent leur comédie sur les pauvres et...

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