L'Europe débloque 500 millions d'euros d'aides supplémentaires pour armer l'Ukraine

Aux demandes pressantes de Kiev de fournir des chars aux armées ukrainiennes pour repousser l'armée russe, l'Union européenne préfère encore répondre par des moyens financiers. Toutefois, certains Etats déplacent le curseur sur une ligne beaucoup plus ferme face à Moscou. L'Estonie a par exemple décidé d'expulser l'ambassadeur russe. Une première depuis le début de l'invasion.
45 millions d'euros seront consacrés à la formation des militaires ukrainiens dans l'UE.
45 millions d'euros seront consacrés à la formation des militaires ukrainiens dans l'UE. (Crédits : CLODAGH KILCOYNE)

Pas encore à l'unisson sur la fourniture de chars de combat à l'Ukraine, l'Union européenne préfère statuer sur des espèces sonnantes et trébuchantes pour le pays envahi par son voisin russe. L'UE a ainsi accordé ce lundi un nouveau financement de 500 millions d'euros pour des fournitures d'armements à l'Ukraine. En plus, elle a alloué 45 millions d'euros pour la formation des militaires ukrainiens dans l'UE, a-t-on appris de sources diplomatiques. Pour 2023, l'Union avait déjà budgété 18 milliards d'euros d'aides, après 19 milliards déjà versés depuis le début du conflit.

Ce dernier montant porte en tout cas à 3,6 milliards d'euros l'aide financière militaire à l'Ukraine financée avec la Facilité européenne pour la Paix (FEP) auxquels s'ajoutent les financements bilatéraux des Etats membres sur lesquels tous ne communiquent pas.

Ce nouveau paquet financier vient aussi s'ajouter aux 33 milliards d'aides débloquées par les Etats-Unis pour l'armement de l'Ukraine en 2022.

La France a elle aussi créé en octobre dernier un fonds spécial de 100 millions d'euros visant à donner à Kiev un accès facilité aux industriels français de l'armement.

Mais depuis plusieurs semaines, Kiev réclame désormais des armes plus lourdes, à l'image des chars, pour prendre un net avantage dans un conflit qui s'enlise. Pour l'heure, cette demande reste lettre morte, les Occidentaux, l'Allemagne en tête, ont repoussé cette implication plus importante. Le prix d'un char allemand Leopard 2 est estimé à 5 millions d'euros.

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Les pays de l'Est font cavaliers seuls

Mais des voix dissonantes se font entendre, à l'image de la Pologne qui a prévenu lundi qu'elle était prête à se passer de l'aval de Berlin, qui n'a « pas encore » pris de décision sur la livraison de chars Leopard de fabrication allemande à l'Ukraine.

Le gouvernement allemand apparaît divisé sur la question. Jusqu'ici réticent à se prononcer, le chancelier Olaf Scholtz, à qui il appartient au final de trancher, se retrouve lundi sous une pression toujours plus forte, après que la cheffe de la diplomatie Annalena Baerbock a jugé dimanche soir que l'Allemagne était disposée à autoriser Varsovie à fournir ces blindés à Kiev.

De son côté, l'Estonie a déclaré jeudi vouloir augmenter son soutien militaire à l'Ukraine en guerre contre la Russie en le portant à plus d'un pour cent de son produit intérieur brut (PIB), soit 370 millions d'euros.

Une « petite coalition » sans Berlin

En vertu de la législation allemande, un pays possédant des armements allemands doit demander l'autorisation de Berlin pour les transférer à un pays tiers.

« Nous allons demander un tel accord mais c'est une question secondaire », a réagi lundi le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki devant des journalistes. « Même si nous n'obtenons pas leur accord (des Allemands), nous donnerons nos chars à l'Ukraine dans le cadre d'une petite coalition, même si l'Allemagne n'en fait pas partie ».

La Pologne, prête à livrer 14 Leopard à Kiev, est en discussions avec une quinzaine d'Etats à ce sujet. Le chef du gouvernement polonais a aussi estimé lundi que l'Allemagne disposait en tout de « plus de 350 Leopard en exploitation » et d'environ 200 autres « en stock ».

« Les marais de l'arriération et de la barbarie »

« Aujourd'hui, chaque char en état de combattre doit se retrouver sur notre front. Car ceci n'est pas seulement le front ukrainien. Ceci est le champ de bataille où la civilisation affronte les marais de l'arriération et de la barbarie », a déclaré le chef de cabinet de la présidence ukrainienne Andriï Iermak, à un moment où les Russes sont à l'offensive, dans l'est de l'Ukraine notamment.

Lundi, Steffen Hebestreit, le porte-parole du chancelier allemand, a reprécisé sa position au cours d'une conférence de presse : « Le gouvernement fédéral n'exclut pas que des chars Leopard soient livrés, il n'a pas encore décidé s'il allait le faire maintenant ».

Après la récente décision de livrer des véhicule blindés prise par l'Allemagne, les Etats-Unis et la France, la question est de « savoir si nous devrions faire tout de suite un pas qualitatif et fournir aussi des chars de combat. Et il y a certains pays qui estiment qu'il faut le faire, d'autres sont plus sceptiques ou réservés », a-t-il souligné.

Les chars lourds allemands Leopard 2 sont susceptibles d'avoir un impact significatif pour les forces ukrainiennes face au rouleau-compresseur des troupes russes.

De nouveau interrogé sur les livraisons de chars, dimanche à Paris au cours d'une conférence de presse aux côtés du président français Emmanuel Macron, Olaf Scholz s'était montré évasif, répétant la nécessité d'agir en concertation avec les alliés de l'Ukraine.

La crainte d'une escalade militaire avec Moscou et les réticences de Berlin à assumer un leadership dans le camp occidental conduisent, selon des analystes, l'Allemagne à hésiter sur l'envoi de ces armes.

Les Russes à Soledar

Sur le terrain, un des principaux chefs des séparatistes de l'est de l'Ukraine, Denis Pouchiline, s'est affiché à Soledar, une localité dont Moscou a revendiqué la prise il y a plus d'une semaine.

S'exprimant lundi à la télévision russe, M. Pouchiline a confirmé que la ville était « détruite ».

Selon l'armée russe, la conquête de cette cité est une étape en vue d'encercler Bakhmout, que Moscou cherche à conquérir depuis l'été et où les deux camps sont engagés dans une féroce bataille.

L'Ukraine n'a jusqu'à présent pas reconnu officiellement la perte de Soledar, affirmant continuer de combattre dans sa partie occidentale. Lundi encore, l'administration régionale relevait des « hostilités actives près de Bakhmout et Soledar », sans autres détails.

Les séparatistes prorusses ont aussi annoncé s'être emparés de deux villages proches, Krasnopolivka et Dvouretchié.

Sur le front diplomatique, l'Estonie va expulser l'ambassadeur de Russie, une mesure de réciprocité après une décision similaire prise quelques heures auparavant par Moscou à l'égard de l'ambassadeur estonien.

Russes et Occidentaux ont multiplié les expulsions de diplomates ces dernières années, et plus encore depuis que les Russes ont lancé leur offensive contre l'Ukraine le 24 février 2022. Mais c'est la première fois que des ambassadeurs sont renvoyés dans leur pays depuis le début de la guerre.

(Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 24/01/2023 à 8:54
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Au lieu d'alimenter le conflit, l'UE devrait trouver une issue vers la paix et non d'en faire un slogan vide de sens pour gogos eurolâtre !

à écrit le 24/01/2023 à 1:39
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Ca va etre un massacre du cote ukrainien.

à écrit le 23/01/2023 à 19:31
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Les Ukrainiens seront ils capables rapidement d'utiliser les Chars Léopard 2? Pas sûr avant au moins 3 mois. Au fond ne vaut il pas mieux que ces chars restent dans kes mains des pays de l'Otan où ils seront mieux utilisés par des équipages compét...

à écrit le 23/01/2023 à 18:08
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Bonjour, L'union européenne sort 500 milions d'euro pour aidee L'UKRAINE... Mais l'union européenne a telle cree une defense militaire au sein de l'Europe pour nous deffendre en cas de guerre totale... Pour les char l'assaut, je reste assez oppo...

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