L'Inde cherche un nouveau gouverneur pour sa banque centrale

En poste depuis trois ans seulement, le gouverneur de la banque centrale indienne, Raghuram Rajan, a annoncé samedi qu'il ne souhaitait pas renouveler son mandat en septembre.
C'est la première fois depuis 1992 qu'un gouverneur de la banque centrale indienne n'effectue qu'un mandat de trois ans.

L'Inde a son ..."Rexit", ou son "Raghuram exit". Depuis samedi, le pays se cherche un nouveau gouverneur de banque centrale après la décision surprise de Raghuram Rajan, en poste depuis seulement trois ans, de ne pas solliciter de nouveau mandat. Dans une missive adressée au personnel de la Reserve Bank Of India (RBI), Raghuram Rajan a estimé que la banque centrale indienne avait obtenu de bons résultats dans la lutte contre l'inflation - son objectif prioritaire -, qu'elle était parvenue à stabiliser la roupie et s'était attaquée au problème des créances douteuses des banques.

"Bien qu'étant ouvert à continuer de suivre ces développements, après mûre réflexion et consultation avec le gouvernement, je souhaitais vous annoncer que je retournerai à mon parcours universitaire à la fin de mon mandat de gouverneur le 4 septembre 2016", écrit Rajan dans son courrier.

Divergences avec le gouvernement

Le gouverneur de la banque centrale (également ancien chef économiste du Fonds monétaire international) a suggéré que des divergences de vue avec le gouvernement nationaliste hindou du Premier ministre Narendra Modi avaient joué dans sa décision de ne pas solliciter un second mandat. Le gouverneur de la RBI a été récemment l'objet d'attaques par plusieurs parlementaires du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti au pouvoir, en particulier de la part de Subramanian Swamy, député nationaliste hindou et ancien économiste de Harvard.

Rajan avait pris les commandes de la RBI en septembre 2013. L'Inde devait alors faire face à un fort déficit des paiements, une croissance au ralenti et une inflation à deux chiffres. Les médias indiens l'affublent alors des surnoms de "rock star" ou de "James Bond" de la finance pour avoir mis fin à la plus grave crise de changes que le pays ait connu depuis plus de 20 ans.

Depuis septembre 2013, l'inflation a ralenti à 5,8% (contre environ 10%), les taux ont été réduit à leur plus bas niveau depuis début 2011 afin de conforter l'accélération de la croissance qui a atteint 7,9% au premier trimestre.

Figure jugée cruciale

Dans une note publiée lundi, le cabinet de conseil et de recherche économique britannique Capital Economics, estime que "le gouverneur Rajan est largement considéré comme l'un décideurs (économiques) les plus crédibles, non seulement en Inde mais également dans les pays émergents".

Shubhada Rao, le chef économiste de Yes Bank regrette ce départ. "C'est une annonce très décevante. En peu de temps, il a mis en place d'importantes réformes(..) La RBI joué un rôle crucial pour le retour de la crédibilité" de l'économie indienne, a-t-il assuré à l'AFP.

Pour Luke Spajic, responsable de l'Asie émergente chez le gérant de fonds PIMCO, le gouvernement ne devra pas traîner les pieds sous peine de décourager les investissements étrangers, qui ont totalisé plus de 60 milliards de dollars depuis la nomination de Rajan en septembre 2013.

En ouverture des échanges, l'annonce de ce départ a fait chuter la roupie de 0,8% environ à 67,69 roupies pour un dollar, selon l'agence Press Trust of India. L'indice phare de la Bourse de Bombay, le Sensex, gagnait quant à lui 0,25% à 26.693 points à 04h55 GMT.

Qui va succéder au "James Bond" de la finance ?

Selon des informations obtenues par l'agence Reuters, une première liste de sept candidats possibles aurait été établie. Y figurent notamment Urjit Patel, vice-gouverneur de la RBI, et Arundhati Bhattacharya, président de la State Bank of India, première banque du pays.

Les cinq autres, moins connus - Vijay Kelkar, Rakesh Mohan, Ashok Lahiri, Subir Gokarn et Ashok Chawla - sont des hauts fonctionnaires ayant fait carrière à la banque centrale ou au sein d'institutions internationales comme le FMI ou la Banque mondiale.

(Avec AFP et Reuters)

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.