La Baltique en eaux troubles : le câble de télécommunications entre l'Estonie et la Suède endommagé par « une force extérieure »

Après le possible sabotage du gazoduc Balticconnector approvisionnant la Finlande à partir de l'Estonie et du câble de télécommunications entre ces deux pays, un câble de télécommunications entre l'Estonie et la Suède a également subi des dégâts. La navire des forces armées suédoises est sur place pour enquêter.
La Finlande a par ailleurs précisé que son enquête se concentrait actuellement sur le rôle du porte-conteneurs chinois NewNew Polar Bear.
La Finlande a par ailleurs précisé que son enquête se concentrait actuellement sur le rôle du porte-conteneurs chinois NewNew Polar Bear. (Crédits : ESTONIAN NAVY HANDOUT)

Qui a provoqué la fuite du gazoduc Balticconector et tenté d'endommager un câble de télécommunications, tous deux situés dans les eaux profondes de la mer Baltique, entre la Finlande et l'Estonie ? Alors que la police finlandaise s'intéresse de très près à un navire chinois qui se trouvait dans les parages, le ministère suédois de la Défense a déclaré ce lundi qu'un câble de télécommunications sous-marin reliant la Suède et l'Estonie a également été endommagé, sans doute au même moment. « Il a été confirmé que le câble a été endommagé par une force extérieure ou une manipulation. Le dommage n'a pas affecté le fonctionnement du câble (...) et s'est produit dans la zone économique estonienne », indique le ministère dans un communiqué.

« L'Estonie a signalé que des traces d'impacts physiques ont été identifiées (sur le câble, ndlr). Elle a également estimé que les dommages causés au gazoduc et au câble de communication entre la Finlande et l'Estonie sont liés aux dommages causés au câble de communication entre la Suède et l'Estonie », a précisé Carl-Oskar Bohlin, le ministre de la Défense civile. Côté suédois, « le navire des forces armées suédoises HMS Belos a été déployé sur le site pour enquêter », a relevé le ministre de la Défense Pål Jonson.

En tout cas, la menace est prise très au sérieux. Et pour cause :

Il y a un ensemble « de câbles, de pipelines et d'infrastructures sur les fonds marins qui est absolument fondamental pour le transfert des données (...) et tout ce qui est contrôlé numériquement. Les vulnérabilités sont beaucoup plus importantes aujourd'hui », a expliqué le Premier ministre suédois. Dix pays du nord de l'Europe, dont la Finlande, la Suède et l'Estonie, ont convenu mi-octobre de travailler au renforcement de la surveillance de leurs infrastructures essentielles après l'arrêt du gazoduc en Finlande. L'OTAN a aussi renforcé sa présence en mer Baltique.

 «Toute menace à l'encontre de la Fédération de Russie est inacceptable», juge le Kremlin

Des soupçons ont été émis quelques jours plus tôt à l'encontre de la Russie. Des suspicions très vite rejetées par le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, lors d'une conférence de presse au Kirghizstan : « C'est n'importe quoi. Franchement, je ne savais même pas que ce gazoduc existait », avait-il alors argué.

La semaine dernière, le président letton Edgars Rinkevics a estimé lors d'une interview télévisée que l'Otan devrait fermer la mer Baltique aux navires russes si la responsabilité de Moscou était avérée. Des déclarations qui sont mal passées du côté du Kremlin. Son porte-parole, Dmitri Peskov, a alors réitéré le démenti de Moscou quant à son implication dans les dommages infligés au gazoduc Balticconnector. « Toute menace doit être prise au sérieux, quelle que soit son origine. Toute menace à l'encontre de la Fédération de Russie est inacceptable », a-t-il déclaré, interrogé sur les propos d'Edgars Rinkevics. « Je le répète une fois de plus : La Russie n'a rien à voir avec cet incident », a-t-il ajouté.

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a promis mercredi dernier une « réponse déterminée » de l'Alliance si les dommages causés à ce gazoduc s'avéraient résulter d'une « attaque délibérée ». En sachant que la Finlande, l'Estonie et la Lettonie sont toutes trois membres de l'alliance militaire occidentale de l'Otan. Le ministre finlandais s'est toutefois refusé à accuser directement la Russie.

Lire aussiLa Russie soupçonnée du sabotage du gazoduc entre la Finlande et l'Estonie : « Je ne savais même pas qu'il existait », dit Poutine

NewNew Polar Bear, le porte-conteneurs chinois au cœur de l'enquête

Vendredi, la Finlande a par ailleurs précisé que son enquête se concentre actuellement sur le rôle du porte-conteneurs chinois NewNew Polar Bear. « Les mouvements du navire battant pavillon de Hongkong coïncident avec l'heure et le lieu où le gazoduc a été endommagé », a indiqué le Bureau national d'enquête dans un communiqué.

De son côté, l'Estonie dit avoir contacté les autorités chinoises dans le cadre de l'enquête, a déclaré lundi le ministère estonien des Affaires étrangères. « L'Estonie a pris contact avec les autorités chinoises pour encourager la coopération dans le cadre de l'enquête », a expliqué un porte-parole du ministère dans un courriel adressé à Reuters.

Le spectre des gazoducs Nord Stream ravivé

Cet incident ravive l'affaire des gazoduc Nord Stream, reliant la Russie à l'Allemagne. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a expliqué qu'il souhaiterait interroger le président letton sur les explosions qui ont eu lieu l'année dernière contre ces gazoducs sous la mer Baltique. Moscou avait alors affirmé - sans fournir de preuves - qu'elles avaient été provoquées par les États-Unis et leurs alliés. Selon le président russe, les accusations à l'encontre de la Russie concernant le gazoduc Balticconector ont pour objectif de « dissimuler l'acte terroriste commis par l'Occident à l'encontre de Nord Stream. A détourner l'attention ».

Il y a plus d'un an, le 26 septembre 2022, quatre énormes fuites de gaz précédées d'explosions sous-marines se sont produites sur Nord Stream 1 et 2, conduites qui acheminaient l'essentiel du gaz russe vers l'Europe. Son origine reste toujours un mystère. Washington nie toute responsabilité dans ces explosions. Les enquêteurs suédois, danois et allemands ont attribué ces explosions à un sabotage, dont l'auteur n'est toujours pas connu.

Ferry échoué en mer baltique : la suède tente d'endiguer la fuite de gazole

Les garde-côtes suédois s'activaient lundi pour contenir la nappe de gazole échappé d'un ferry qui s'est échoué dimanche au large de la côte sud de la Suède. « Nous savons que la nappe s'étend actuellement sur plus de 5 km en mer », a déclaré Erik Svensson, le coordinateur des opérations de nettoyage dans un communiqué. « Le sauvetage environnemental est une priorité : il s'agit de retirer de l'eau le maximum de gazole pour préserver les plages autant que possible », a-t-il ajouté. Outre les opérations de nettoyage, les garde-côtes enquêtent sur les causes de l'échouement et du déversement du carburant qui a suivi, ont-ils précisé.

Le ferry Marco Polo de la compagnie TT-Line s'est échoué au sud de Karlshamn (sud de la Suède) dimanche matin et ses 75 passagers ont rapidement été évacués. Une enquête préliminaire a été ouverte pour violation de la législation maritime. Le carburant s'est propagé jusqu'à toucher la terre ferme en fin d'après-midi sur une bande côtière située dans la municipalité de Sölvesborg.

Les garde-côtes travaillent dès lors « à déterminer l'enchaînement des événements », selon Mattias Lindholm, responsable des relations presse des gardes-côtes, à l'AFP. « Le navire s'est échoué, puis a poursuivi sa route sur quelques kilomètres en laissant s'échapper du carburant jusqu'à ce qu'il s'échoue à nouveau, là où il se trouve encore aujourd'hui », explique-t-il. Les autorités tentent de savoir quelle quantité de carburant s'est échappé du ferry. « Nous avons jusque-là récupéré 2m3 de carburant et nous travaillons à une estimation (de la fuite) à partir d'une observation aérienne », a-t-il enfin ajouté.

 (Avec AFP)

Commentaires 8
à écrit le 24/10/2023 à 9:51
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Moi je vois la main des anglo saxons pour finir de ruiner notre économie

à écrit le 24/10/2023 à 7:31
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Entre chiens et loups quand tombe la nuit.

à écrit le 24/10/2023 à 0:48
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L'essentiel est que ce gazoduc soit HS.

à écrit le 23/10/2023 à 23:42
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C'était donc pour fermer la mer baltique à la navigation russe que ce nouveau gazoduc a été saboté après le sabotage de Nordstream ? On va vraiment finir par avoir la guerre, on la cherche si efficacement...

le 24/10/2023 à 8:30
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Les sanguinaires qui tiennent le pouvoir à Kiev savent qu'ils ne pourront gagner la guerre contre les Russes. Créer les conditions d'une guerre US+EU contre Russie est leur seule porte de sortie.

à écrit le 23/10/2023 à 20:59
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Pourquoi ai-je cette intime conviction que l'histoire racontée par la Russie (Nordstream c'est les américains, le petit gazoduc récemment abimé est un non événement auquel ils n'ont rien à faire) est plus vrai que tous les soupçons distillés par la p...

le 24/10/2023 à 11:09
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On peut soupçonner tout le monde, pour commencer. Et essayer de récolter des éléments divers et variés comme un enquêteur de Police. Une idée (parmi d'autres) était que quand Vladimir ayant fait réduire la quantité de gaz passant par Nordstream 1 po...

le 25/10/2023 à 17:29
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les russes sont moins menteurs..... et moins faux jetons.

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