La Russie augmente ses taux directeur pour lutter contre l'inflation

La banque centrale de Russie (BCR) a annoncé ce vendredi un relèvement de son taux directeur d'un point à 8,5%, une première depuis septembre 2022, dans un contexte d'affaiblissement du rouble qui fait craindre une accélération de l'inflation dans le pays.
Depuis la mi-2022, le rouble connaît une dépréciation régulière : en un an il a perdu 38 % face au dollar, et 17 % depuis février 2022.
Depuis la mi-2022, le rouble connaît une dépréciation régulière : en un an il a perdu 38 % face au dollar, et 17 % depuis février 2022. (Crédits : DR)

L'érosion du rouble, qui s'échangeait ce vendredi à 100,3 roubles pour 1 euro, semble inexorable. Elle a poussé la Banque centrale russe (BCR) à agir ce vendredi pour éviter de revoir l'inflation flamber, comme l'année dernière quand la hausse des prix avait atteint 17,8% en avril.

« Depuis la mi-2022, le rouble connaît une dépréciation régulière : en un an il a perdu 38 % face au dollar, et 17 % depuis février 2022 (avant le déclenchement de la guerre) », a constaté le cabinet d'études Asterès.

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Une faiblesse qui a notamment éclaté au grand jour lors du coup d'Etat avorté du chef de la division Wagner le 23 juin. Face à la menace d'une nouvelle instabilité politique, les épargnants russes ont « probablement accéléré les sorties (pourtant contrôlées) de capitaux », note encore le cabinet.

« Les prévisions en matière d'inflation ont augmenté », a expliqué dans un communiqué la BCR, estimant que « les tendances de la demande intérieure et la dépréciation du rouble depuis le début de 2023 amplifient considérablement le risque inflationniste ».

Ramener l'inflation à 4% en 2024

Malgré cela, la banque centrale maintient son objectif de ramener l'inflation à 4% en 2024, alors qu'elle devrait atteindre, selon ses prévisions, entre 5% et 6,5% fin 2023. Sa décision de relever son taux directeur est conforme aux attentes des analystes, qui disaient miser depuis plusieurs jours sur une hausse comprise entre 0,25 point et 1 point de pourcentage. A la faveur d'indicateurs macro-économiques relativement stables, le taux directeur était pourtant resté plusieurs mois au niveau annoncé en septembre dernier (7,5%), loin du pic atteint juste après le lancement de l'intervention militaire en Ukraine. Dans la foulée des premières sanctions internationales, la BCR avait drastiquement relevé son taux à 20%, avant de procéder à plusieurs baisses, rassurée par la résilience de l'économie russe.

Le rouble victime du prix du pétrole qui reste relativement faible

Selon les observateurs, l'affaiblissement du rouble s'explique notamment par un prix du pétrole qui reste relativement faible, malgré les décisions de l'Opep+ visant à limiter la production mondiale. Pour Adam Button, de ForexLive, « le pétrole est un problème pour la Russie », du fait de la chute des cours, qui affecte le premier exportateur mondial de brut et produits raffinés confondus. La première vice-présidente de la BCR, Ksenia Loudaïeva, avait affirmé début juillet que la dynamique actuelle du taux de change était, selon elle, liée à « la baisse des recettes d'exportation ». Interrogé à ce sujet, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, avait lui assuré que « le Kremlin ne voit clairement pas de menace pour la stabilité financière du pays ». Et de vanter : « Au contraire, la situation est meilleure qu'on ne pouvait le prévoir. »

Des sanctions internationales qui pèsent

Signe que les sanctions pèsent néanmoins sur l'économie nationale, le produit intérieur brut de la Russie s'est contracté de 1,9% au premier trimestre, selon Rosstat, et le déficit national pourrait atteindre entre 3% et 4% en fin d'année, d'après des experts, soit un niveau plus élevé que les 2% espérés. Face à l'accélération des dépenses fédérales, en grande partie liée à l'intervention en Ukraine, le ministère des Finances a d'ores et déjà annoncé mercredi des coupures budgétaires pour 2024 à hauteur de 450 milliards de roubles (4,4 milliards d'euros).

Plus de 120 entreprises russes et kirghizes placées sur la liste noire des Etats-Unis

Les Etats-Unis ont placé jeudi 20 juillet plus de 120 entreprises russes et kirghizes sur leur liste noire sanctionnant ainsi leur contribution à la machine de guerre russe en Ukraine. Les sanctions visent notamment à restreindre l'accès de la Russie à du matériel sous embargo, dont des composants électroniques qui peuvent être réutilisés par le complexe militaro-industriel russe, a indiqué le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, dans un communiqué. « Ces sanctions empêcheront la Russie d'accéder à des matériaux essentiels, inhiberont ses capacités futures de production et d'exportation d'énergie, limiteront son utilisation du système financier international et réprimeront ceux qui se rendent complices du contournement des sanctions », a-t-il affirmé.

Parmi les dizaines d'entreprises visées figurent des banques russes, des sociétés dans le secteur de l'énergie, du transport maritime et de la technologie, ainsi que des fabricants de matériel de défense. Y figurent aussi sept instituts de recherche russes dans le domaine de la technologie et sous contrôle étatique. Plusieurs entreprises du Kirghizstan ayant permis à la Russie, selon le Trésor américain, de circonvenir aux restrictions à l'exportation de technologies dans le cadre des sanctions américaines imposées contre la Russie après son invasion de l'Ukraine en février 2022, sont également ciblées.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 22/07/2023 à 21:09
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Bonjour, l'inflation est avant du a une chute de la valeur du roubles, puis a un retrait de l'argent des épargnants du fait de l'instabilité politique... La guerre en Ukraine est responsable de tous cela... Mais, les risques de dérapage étant réell...

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