La Banque centrale suisse enregistre une perte record de 132,5 milliards de francs suisses en 2022

La Banque centrale suisse a essuyé une perte record de 132,5 milliards de francs suisses (soit 133 milliards d'euros) en 2022. Ce, en raison des secousses sur les marchés financiers depuis le début de l'offensive russe en Ukraine. Lancée dans un resserrement de sa politique monétaire, sa prochaine décision concernant ses taux est attendue le 23 mars, alors que les chiffres de février montrent une nouvelle augmentation de l'inflation.
En raison de cette perte, la Banque centrale suisse a indiqué qu’elle supprime les versements à la Confédération et aux cantons, qu'elle leur fait habituellement.
En raison de cette perte, la Banque centrale suisse a indiqué qu’elle supprime les versements à la Confédération et aux cantons, qu'elle leur fait habituellement. (Crédits : ARND WIEGMANN)

132,5 milliards de francs suisses : c'est la perte record enregistrée par la banque centrale suisse (BNS) en 2022. En légère hausse par rapport à la première estimation faite en janvier.

Comme elle l'annonce dans un communiqué publié ce lundi 6 mars détaillant les chiffres définitifs pour l'année écoulée, l'institution indique qu'elle supprime par conséquent les versements à la Confédération et aux cantons. « Cette perte rend impossible toute distribution au titre de l'exercice 2022 », précise-t-elle. La BNS leur reverse habituellement une partie de son bénéfice. En 2021, elle avait dégagé un bénéfice de 26,3 milliards de francs suisses et leur avait ainsi reversé un montant total de 6 milliards de francs.

Pour mener sa politique monétaire, la Banque centrale suisse s'appuie sur un vaste portefeuille de placements qui comprend notamment de l'or, des actions et des obligations. Avec les fortes secousses sur les marchés financiers depuis l'invasion de l'Ukraine, elle a essuyé une lourde perte de 131,5 milliards de francs sur ses placements en valeurs étrangères, indique-t-elle. Son stock d'or, qui est resté inchangé, a vu sa valeur augmenter de 0,7%, dégageant une plus-value de 408,5 millions de francs. Mais ses positions en francs ont elles aussi enregistré une perte qui s'est montée à 1 milliard de francs.

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L'inflation remonte pour le deuxième mois consécutif

Dans le même temps, l'inflation a grimpé de 3,4% sur un an en février en Suisse, contre 3,3% en janvier. En raison notamment d'un renchérissement des produits fabriqués dans le pays. Leur prix a augmenté de 2,9% le mois dernier, après +2,6% en janvier, selon les relevés de l'office fédéral de la statistique (OFS) publiés ce lundi. Autre explication à cette hausse de l'inflation : une augmentation des transports aériens et des forfaits de voyages. Les loyers ont également cru.

En variation mensuelle, les prix ont augmenté de 0,7% par rapport au mois de janvier, l'indice des prix à la consommation s'établissant à 105,8 points.

Les prix des produits importés se sont de leur côté inscrits en hausse de 4,9% sur un an. Ils avaient bondi l'an passé avec la hausse des produits pétroliers, mais la pression s'est quelque peu atténuée. En janvier, leur hausse se chiffrait encore à 5,2% sur un an.

L'inflation remonte ainsi pour le deuxième mois d'affilée en Suisse. Après avoir atteint un pic à 3,5% en août, elle avait graduellement diminué au cours des mois suivants pour revenir à 2,8% durant le mois de décembre. Mais en janvier, elle est brusquement repartie à la hausse en raison notamment d'une hausse des prix de l'électricité et du gaz ainsi que de denrées alimentaires telles que le pain et le café.

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Resserrement de la politique monétaire aussi en Suisse

L'inflation en Suisse est nettement inférieure à la zone euro où l'augmentation des prix se chiffrait à 8,5% en janvier sur un an, selon les estimations d'Eurostat. Pour autant, comme la Banque centrale européenne (BCE) ou américaine (Fed), la BNS a opté mi-2022 pour un resserrement de sa politique monétaire afin de tenter de calmer cette hausse générale des prix. Elle a ainsi graduellement relevé ses taux, en juin, septembre puis décembre, dernière hausse en date. Elle a ainsi porté son taux directeur à 1%.

Un sacré changement de cap pour l'organisme monétaire suisse. Car, pendant sept ans, la BNS avait mené une politique monétaire ultra-accommodante afin de lutter contre la surévaluation du franc suisse par le biais d'un taux d'intérêt négatif, complété par des interventions sur les marchés pour limiter l'appréciation de sa monnaie, ce qui avait fait gonfler ses réserves en devises étrangères.

La BNS doit annoncer sa prochaine décision de taux le 23 mars.

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(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 21/10/2023 à 1:34
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Magistrale analyse prévisionnelle sur la dépréciation du franc suisse. Sauf que ça ne se passe pas comme prévu. Actuellement 1€ = 0,945 CHF Bientôt 0,90 ?

à écrit le 06/03/2023 à 19:11
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Je suis journaliste, je suis très ravi de faire part à ce prise de contact

à écrit le 06/03/2023 à 14:35
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avec un franc suisse surévalué de plus de 40% par rapport à l'euro..... il faudrait revenir à des cours plus sains et logiques, non? Pauvres Suisses.....qui vivent sur le dos des autres depuis si longtemps...

à écrit le 06/03/2023 à 14:27
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La confédération helvétique aurait mieux fait d'adopter le dollar US cela lui aurait coûté moins cher au regard de la survalorisation du dollar US contre toutes les autres devises et du krach obligataire qui s'opère sur la dette américaine. Tel...

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