Etats-Unis, Suisse, Norvège et zone euro... nouvelle vague de hausses de taux par les banques centrales

De nombreuses banques centrales ont de nouveau procédé ces derniers jours à une hausse de leurs taux directeurs, plus ou moins importante, pour contrer l'inflation. Le point sur le resserrement de ces politiques monétaires.
Aux Etats-Unis, la Fed a relevé son principal taux directeur d'un demi-point de pourcentage, après l'avoir augmenté de trois quarts de point les quatre fois précédentes.
Aux Etats-Unis, la Fed a relevé son principal taux directeur d'un demi-point de pourcentage, après l'avoir augmenté de trois quarts de point les quatre fois précédentes. (Crédits : Jason Reed)

De la Norvège aux Etats-Unis, en passant par la Suisse et l'Angleterre, les annonces de banques centrales qui relèvent une nouvelle fois leurs taux directeurs tombent les unes après les autres. Certaines, comme aux Etats-Unis, lèvent le pied. D'autres, face à l'inflation, ne baissent pas la garde.

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Cinquième hausse consécutive du taux directeur de la Banque de Norvège

La Banque de Norvège a, comme attendu, procédé ce jeudi à la cinquième hausse consécutive de son taux directeur, relevé de 0,25 point à 2,75%, et laissé entrevoir une poursuite du resserrement monétaire au premier trimestre de 2023. « Le comité de politique monétaire estime qu'un taux directeur plus élevé est encore nécessaire pour limiter l'inflation », a indiqué la banque centrale dans un communiqué. Après trois hausses vigoureuses de 0,5 point, puis une autre de 0,25 point, la Banque de Norvège suit ainsi la feuille de route qu'elle s'est donnée en poursuivant son resserrement monétaire, mais avec une ampleur plus modérée pour tenir compte du ralentissement économique. « Les prévisions pour l'économie norvégienne sont plus incertaines qu'en temps normal, mais si l'économie évolue comme prévu, le taux directeur sera d'environ 3% l'année prochaine », a estimé la gouverneure de la banque, Ida Wolden Bache.

Une hausse de 3,5% du taux directeur décidé par la Banque d'Angleterre

La Banque d'Angleterre (BoE) a relevé ce jeudi son taux directeur à 3,5%, un sommet depuis octobre 2008, pour contenir une inflation qui frôle 11% et malgré une économie britannique qui s'engage sur la voie d'une récession. Elle a toutefois ralenti le rythme de resserrement monétaire. Le Comité de politique monétaire (MPC) de la BoE a voté pour « une hausse du taux directeur de 0,5 point de pourcentage », indique l'institution britannique dans un communiqué, soit moins que le niveau de 0,75 point du mois précédent, même si « de nouvelles hausses pourraient être nécessaires ».

La Suisse poursuit le resserrement de sa politique monétaire

Ce jeudi également, la Suisse a relevé son taux directeur de 50 points de base pour le porter à 1%, poursuivant le resserrement de sa politique monétaire malgré la récente décélération de l'inflation en Suisse. Elle a « quelque peu ralenti » durant les derniers mois, s'inscrivant à 3% en novembre. Cependant, elle demeure « bien au-dessus de la plage que la Banque nationale suisse (BNS) assimile à la stabilité des prix ». Son objectif est que l'inflation ne dépasse pas 2%. La BNS a légèrement revu à la baisse sa prévision d'inflation pour 2022, à 2,9%, contre 3% prévu lors de sa dernière réunion trimestrielle en septembre. Elle l'a en revanche maintenue à 2,4% pour 2023 et l'a relevée à 1,8% pour 2024 (contre 1,7% auparavant). La BNS avait déjà relevé son taux directeur d'un demi-point de pourcentage en juin et de trois-quarts de point en septembre. Et, à l'instar de la Fed, elle devrait poursuivre en 2023. « Il n'est pas exclu que de nouveaux relèvements de taux soient nécessaires », a ainsi prévenu son président, Thomas Jordan.

Aux Etats-Unis, la Fed ralentit la prudemment la cadence

Aux Etats-Unis, la Fed a relevé mercredi son principal taux directeur d'un demi-point de pourcentage, après l'avoir augmenté de trois-quarts de point les quatre fois précédentes, pour maîtriser la plus forte inflation dans le pays depuis 40 ans. Celui-ci se situe désormais dans une fourchette de 4,25 à 4,50%. Il s'agit du niveau le plus élevé depuis 2007. Et la Fed a prévenu qu'il n'était pas encore temps de s'arrêter : de nouvelles hausses « seront appropriées », a précisé l'institution. Le taux directeur de la Fed était, jusqu'en mars, situé entre 0 et 0,25%, un niveau plancher destiné à soutenir l'économie pendant la crise du Covid en stimulant la consommation.

La banque centrale turque continue d'abaisser son principal taux directeur

À rebours des autres économies mondiales, la banque centrale turque a abaissé pour le quatrième mois consécutif son principal taux directeur, le 24 novembre dernier, le ramenant de 10,5% à 9%, malgré l'inflation. Après cette baisse, le Conseil de la banque centrale a néanmoins estimé que le taux directeur était arrivé « à un niveau suffisant au regard des risques croissants concernant la demande mondiale », a précisé l'institution dans un communiqué. Le président Erdogan, qui dit privilégier la croissance et l'emploi à la stabilité des prix, avait prévenu qu'il souhaitait voir « des taux à un chiffre d'ici la fin de l'année ». L'an dernier, les taux d'intérêt étaient passés de 19% en septembre à 14% en décembre. Stables cette année jusqu'à l'été, ils ont été, depuis, abaissés chaque mois, alors que l'inflation s'accélérait simultanément. Le chef de l'Etat, qui cherchera à être réélu en juin prochain, affirme, seul contre tous, que les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation.

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Un demi-point de pourcentage attendu dans la zone euro

0,50 point de pourcentage, c'est également le relèvement qui devrait être annoncé, ce jeudi, par la Banque centrale européenne, après deux hausses « jumbo » de 0,75 point en septembre et octobre. Ce qui serait cohérent avec la courbe d'inflation qui s'est légèrement infléchie en novembre dans la zone euro (les 19 pays à avoir adopté la monnaie unique), à 10%, contre 10,6% le mois précédent, grâce à une accalmie des coûts de l'énergie. Selon Carsten Brzeski, analyste à la banque ING, l'impact des hausses de taux sur l'économie réelle est déjà sensible, car le resserrement des conditions de crédit avait été anticipé si bien que « les taux d'emprunt moyens des entreprises et des ménages ont augmenté de manière significative » . En tout état de cause, « nous attendons un message sans concession de la banque centrale indiquant que de nouvelles hausses de taux sont nécessaires et qu'il est prématuré d'envisager déjà un pic des taux » , prévient Franck Dixmier, directeur mondial des gestions obligataires d'Allianz Global Investors. Car la hausse des prix reste très éloignée de l'objectif de 2% visé par l'institut monétaire.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 15/12/2022 à 14:54
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L'economie selon Erdogan: Les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation. C'est pour cette raison que partout ailleurs dans le Monde on fait l'inverse. Les taux d'intérêt augmentent pour juguler l'inflation. Il pourra toujours changer d'avis quand...

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