Etats-Unis  : le Congrès enquête sur des investissements qui serviraient les intérêts du Parti communiste chinois

Des élus du Congrès américain ont lancé une enquête sur les investissements réalisés par des sociétés de capital-risque californiennes dans des entreprises chinoises spécialisées dans l'intelligence artificielle (IA), les semi-conducteurs et l'ordinateur quantique.
Le comité du Congrès américain estime qu'un investissement dans une entreprise chinoise participe aux violations des droits de l'homme du PCC.
Le comité du Congrès américain estime qu'un investissement dans une entreprise chinoise participe aux violations des droits de l'homme du PCC. (Crédits : DADO RUVIC)

Le Congrès américain s'alarme d'investissements d'entreprises qui pourraient servir la cause du Parti communiste chinois (PCC). Des élus ont lancé des enquêtes sur GGV Capital, GSR Ventures, Qualcomm Venture et Walden International, a précisé mercredi soir un communiqué de la commission de la Chambre des représentants consacrée au Parti communiste chinois, qui souhaite connaître en détails leurs investissements en Chine.

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« Ces entreprises ont investi des millions dans les compagnies basées en Chine spécialisées dans l'IA et les semi-conducteurs », a justifié le républicain Mike Gallagher, président de la commission. « Nous devons nous intéresser aux investissements réalisés dans des secteurs stratégiques pour la Chine, car nous savons que les entreprises privées sont utilisées pour des besoins militaires et de surveillance », a-t-il ajouté.

Un investissement en Chine participe à la violation des droits de l'homme

Le comité estime qu'un investissement dans une entreprise chinoise participe aux violations des droits de l'homme du PCC et que les avancées dans les domaines de l'ordinateur quantique ou de la fabrication de semi-conducteurs profiteront directement à l'armée chinoise.

Selon le communiqué, GGV Capital, basée en Californie, a investi dans l'entreprise chinoise spécialisée dans l'IA Megvii qui « soutient activement » les efforts de surveillance de la minorité ouïghoure par la Chine, « inaugurant une nouvelle ère de racisme automatisé ». GSR Ventures, également basée en Californie, était de son côté l'un des principaux investisseurs américains au capital d'entreprises chinoises spécialisées dans l'IA entre 2015 et 2021, alors que Qualcomm Ventures - la branche investissement du géant américain du numérique Qualcomm - a investi au capital de Zongmu, un fabricant chinois de voitures autonomes.

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« Ne pas nourrir des avancées technologiques du PCC »

Selon le comité, au moins 39% des investissements réalisés par Walden International dans l'IA durant la même période sont allés à des entreprises chinoises, notamment Intellifusion, que le département du Commerce a placé sur sa liste d'entités participant à la surveillance menée par le gouvernement chinois de la minorité ouïghour.

Depuis plusieurs années, les autorités chinoises sont accusées par les pays occidentaux d'avoir massivement enfermé des Ouïghours et des membres d'autres minorités majoritairement musulmanes, y compris des Kazakhs, dans des camps de rééducation, après des attentats sanglants dans le Xinjiang. Washington et plusieurs pays évoquent un « génocide » et le Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme évoque des crimes contre l'humanité, des accusations rejetées par Pékin qui qualifie ces camps de centres de formation professionnelle destinés à combattre l'extrémisme religieux et assurer la stabilité sociale.

En outre, « le peuple américain ne veut pas que son argent et son expertise viennent nourrir des avancées technologiques du PCC qui pourraient mettre en péril notre sécurité nationale ou les valeurs américaines », a insisté l'élu démocrate Raja Krishnamoorthi, également membre du comité.

La Chine se dote d'un outil pour muscler sa réponse face aux mesures jugées hostiles

Les Etats-Unis multiplient les coups contre la Chine en particulier dans le secteur technologique. En réponse, début juillet, le géant asiatique a adopté un texte censé muscler sa réponse face aux pressions étrangères et qui donne notamment une base légale aux mesures de représailles. Ce texte, qui est entré en vigueur le 1er juillet, fournira à la Chine « une base juridique » pour lutter contre « les mesures d'endiguement, les ingérences, les sanctions et (tout acte) préjudiciable » aux intérêts chinois, indiquait Wang Yi, le patron de la diplomatie chinoise.

La lutte contre les sanctions étrangères n'est pas le seul intérêt de cette loi, qui reste globalement vague, indique à l'AFP le juriste Moritz Rudolf, spécialiste de la Chine à la faculté de droit de Yale (Etats-Unis). « La loi peut être utilisée pour défendre une position politique, lorsque (la Chine par exemple) n'applique pas un traité international au nom de sa souveraineté, de sa sécurité nationale ou de ses intérêts », déclare-t-il. « Il ouvre également la voie à l'application par la Chine de lois nationales au-delà de ses frontières, à l'instar du principe d'extraterritorialité des Etats-Unis.»

Des géants du textile accusés d'avoir profité du travail forcé des Ouïghours en Chine

Une plainte a été déposée mi-mai à Paris visant des géants de l'habillement, accusés d'avoir profité du travail forcé des Ouïghours en Chine. L'association anticorruption Sherpa, le collectif Ethique sur l'étiquette, l'Institut ouïghour d'Europe (IODE) et une Ouïghoure reprochent à Uniqlo France (propriété du groupe japonais Fast Retailing), Inditex (qui détient les marques Zara, Bershka, Massimo Duti), SMCP (Sandro, Maje, de Fursac...) et au chausseur Skechers de commercialiser des produits fabriqués en totalité ou en partie dans des usines où des Ouïghours sont soumis, selon ces associations, au travail forcé. Par ailleurs, deux enquêtes ont été lancées mi-juillet au Canada contre Nike Canada et l'entreprise minière Dynasty Gold, concernant des allégations de recours au travail forcé de Ouïghours.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 21/07/2023 à 16:01
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Ils n'ont pas compris que c'est la cupidité qui gouverne le monde.

à écrit le 21/07/2023 à 10:49
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Bonjour, Le travail forcé s'est moche... mais la chine n'a pas vraiment le monopole.... D'ailleurs, faire travailler les malheureux pour des salaires de misère, n'est pas beaucoup mieux. Bien sur, le capitalisme est sans frontières, et cer...

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