
Tenir la trajectoire de la réduction des dépenses publiques même en cas de croissance moins forte que prévu. A trois semaines de la notation de la France par l'agence Standard & Poor's, Bruno Le Maire se veut rassurant sur la capacité de la France à respecter ses objectifs de réduction des déficits. Intervenant jeudi soir depuis Paris, à la conférence Reuters NEXT qui s'est tenue à New York, le ministre de l'Economie a assuré qu'un nouveau tour de vis sur les dépenses publiques ne pouvait pas être exclu pour respecter les objectifs de réduction du déficit public.
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« Nous sommes prêts à de nouvelles décisions complémentaires en matière de dépenses publiques si le niveau de croissance n'est pas conforme à nos attentes », a-t-il indiqué alors que le Budget 2024 prévoit plus de 16 milliards d'euros d'économies liées essentiellement à la fin de certaines aides exceptionnelles.
« Toutes les décisions nécessaires sont prêtes »
Le projet de budget du gouvernement pour l'an prochain s'appuie sur une prévision de croissance de 1,4%, après 1% cette année, avec un déficit public ramené à 4,4% du PIB contre 4,9% cette année.
« Si nous avons ce niveau de croissance, dans ce cas toutes les décisions que nous avons déjà prises seront efficaces. S'il y a un ralentissement, des difficultés géopolitiques avec un impact sur le niveau de la croissance française, alors dans ce cas, j'ai toutes les décisions nécessaires déjà prêtes pour garantir que nous atteignons 4,4% de déficit fin 2024 », a ajouté Bruno Le Maire. « C'est mon objectif. J'honorerai mon engagement. C'est une question de crédibilité et c'est une question de responsabilité. »
Fin octobre, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a confirmé que le déficit public serait de 4,9% du PIB en 2023, contre 5% prévu dans le projet de loi de finances (PLF) initial. De même, il a confirmé que la dette publique 2023 équivaudrait à 109,7% du PIB après 111,8% en 2022.
Ralentissement de la croissance française au troisième trimestre
Ces propos interviennent après un ralentissement de la croissance française au troisième trimestre. Elle s'est maintenue toutefois en territoire positif grâce à une consommation des ménages plus tonique sur fond de désinflation. Le produit intérieur brut (PIB) a progressé modestement de 0,1% entre juillet et septembre, selon une première estimation de l'Institut national de la statistique (Insee).
Bruno Le Maire y voit néanmoins un signe de résilience de l'économie française. « Dans un environnement dégradé, l'économie française se tient », a-t-il déclaré à des journalistes, soulignant que cette résilience s'inscrivait dans un environnement de taux d'intérêt « élevés ». Mais, « il ne peut pas y avoir de croissance solide si nous ne nous débarrassons pas définitivement de l'inflation, nous sommes en train de sortir de la crise inflationniste ». Il a reconnu lors de la conférence NEXT Reuters que le resserrement de la politique monétaire avait eu un impact sur la croissance de la zone euro, avant de souligner que la lutte contre l'inflation favoriserait à terme la consommation. Cela dit, a-t-il ajouté, « l'Europe a besoin de plus de croissance et de productivité ».
(Avec agences)