Après un année 2022 record, la demande mondiale de métal jaune a faibli au deuxième trimestre, pâtissant d'une baisse des achats de la banque centrale turque et d'un désamour des investisseurs professionnels, malgré son statut de valeur refuge qui lui vaut d'être recherché en période de crise. La demande d'or entre avril et juin s'est établie à 920,7 tonnes, en baisse de 2% en glissement annuel, d'après le rapport trimestriel du Conseil mondial de l'or (CMO) publié mardi. Pour le premier semestre de 2023, la demande d'or a fléchi d'environ 6% par rapport à 2022, atteignant 2.062 tonnes.
L'ampleur des ventes de la banque centrale de Turquie
« La demande d'or des banques centrales s'est considérablement ralentie au deuxième trimestre », précise le CMO. Si un grand nombre d'entre elles a continué d'acheter, « l'ampleur des ventes de la Turquie a eu des conséquences importantes ï sur la demande mondiale, éclipsant les achats de ses homologues, explique à l'AFP Krishan Gopaul, analyste au sein de l'organisation. Les achats mondiaux d'or des banques centrales ont totalisé 102,9 tonnes entre avril et juin 2023, soit une chute de 35% par rapport à la même période en 2022.
Les investisseurs professionnels ont aussi légèrement délaissé les ETF au deuxième trimestre, ces titres financiers cotés indexés sur le cours du métal jaune, reproduisant fidèlement le prix de l'or physique et permettant de parier sur son cours. Les ETF ont ainsi enregistré des sorties de capitaux équivalentes à 21,3 tonnes d'or d'avril à juin 2023.
Au deuxième trimestre, le cours de l'or a légèrement baissé, les hausses de taux de la réserve fédérale américaine (Fed), notamment, profitant à la fois au dollar et au rendement des obligations d'Etat américaines, pesant par comparaison sur l'attractivité du métal précieux.
La demande dans le secteur technologique — le métal jaune se retrouvant dans les composants de nombreux appareils électroniques comme les ordinateurs ou les téléphones mobiles — a également flanché au deuxième trimestre (-10%) pour atteindre 70,4 tonnes.
L'investissement dans l'or physique en hausse
L'investissement physique en pièces et lingots a quant à lui légèrement grimpé (+6%), totalisant 277,5 tonnes.
Et dans le secteur de la bijouterie, la demande d'or a augmenté de 3% en glissement annuel, à 475,9 tonnes, portée par la demande chinoise, en hausse de 28% par rapport au deuxième trimestre 2022.
Ce bond en Chine est en grande partie dû à un effet de comparaison par rapport au deuxième trimestre 2022, marqué par une demande particulièrement faible alors que les restrictions sanitaires pour lutter contre le Covid-19 étaient encore en vigueur.