La guerre en Ukraine, un coût déjà colossal pour l'économie mondiale

L'OCDE estime que la croissance économique mondiale pourrait être inférieure de plus de 1 point de pourcentage dans ses dernières prévisions dévoilées en fin de semaine. Ce qui signifie que ce conflit pourrait amputer l'économie mondiale d'environ 800 milliards de dollars. Même si le poids de l'Ukraine dans l'économie planétaire demeure relativement limité, sa spécialisation dans certaines matières premières et les dommages collatéraux du conflit provoquent une onde de choc dans l'économie mondialisée.
La guerre en Ukraine a provoqué des dégâts matériels dévastateurs dans tout le pays.
La guerre en Ukraine a provoqué des dégâts matériels dévastateurs dans tout le pays. (Crédits : Reuters)

Les nuages s'amoncellent au dessus de l'économie mondiale. Après deux longues années de pandémie, la guerre en Ukraine risque de coûter un point à la croissance planétaire en un an si ses effets sur les marchés énergétiques et financiers s'avèrent durables, a averti jeudi l'OCDE dans un rapport, et pourrait pousser l'inflation d'environ 2,5 points supplémentaires. "Le rôle de la Russie et de l'Ukraine dans l'économie mondiale est faible", affirme l'OCDE, chiffrant ce poids à 2% du PIB mondial, tout comme la part de ces deux États dans le commerce mondial.

Lors d'une récente réunion avec des journalistes, l'économiste et conseiller de la banque Natixis Patrick Artus a parlé d'une économie de guerre. "Il y a des raretés, des pénuries, des grands problèmes de fournitures, de l'inflation dans une économie de guerre [...] Le choc sur le pouvoir d'achat des plus modestes est monstrueux", a prévenu l'économiste.

Lire aussi 6 mnLa guerre en Ukraine plombe déjà la croissance française

Une influence importante de la Russie et l'Ukraine sur l'économie mondiale

Or ces deux pays ont une influence "importante sur l'économie mondiale" au travers de leur poids dans de nombreuses matières premières : ils représentent 30% des exportations mondiales de blé, 20% pour le maïs, les engrais minéraux et le gaz naturel, et 11% pour le pétrole, estime l'OCDE.

Si la flambée des prix se poursuit sur une année après l'éclatement du conflit, alors la croissance mondiale pourrait se voir amputée d'un point et l'inflation augmenter de 2,5 points supplémentaires, estime l'institution.

Son secrétaire général, Mathias Cormann a affirmé au cours d'une conférence de presse jeudi que "les bouleversements économiques sont larges et devraient se poursuivre à l'avenir".

Toutefois, "l'impact économique du conflit est très incertain et dépendra de la durée de la guerre et des réponses des États", écrit l'institution dans son rapport. Devant l'incertitude, l'OCDE a modifié sa traditionnelle publication de prévisions annuelles mondiales, privilégiant une évaluation des conséquences de la guerre sur l'économie.

"Ce conflit se répercutera sur le monde et ses conséquences seront ressenties non seulement cette année mais l'an prochain au moins. La Russie et l'Ukraine représentent 30% des exportations mondiales de blé. Les agriculteurs ukrainiens n'ont pas encore vendu leur récolte de l'an dernier. Les acheminements par la Mer noire sont perturbés, et plus important encore, les fermiers ukrainiens ne sèment pas encore. En plus, la Russie et la Biélorussie sont producteurs d'ammoniaque et potasse, qui sont des composants d'engrais", a expliqué à l'AFP la cheffe économiste de la Banque européenne de développement (BERD), Beata Javorcik.

L'Europe en première ligne

Sans surprise, l'Europe sera la région la plus affectée par les conséquences économiques de l'invasion russe, ajoute l'organisation internationale, en raison de ses liens économiques et énergétiques étroits avec la Russie, particulièrement concernant les États ayant une frontière avec Moscou ou Kiev.

Concernant le blé, exporté massivement par Moscou et Kiev un potentiel arrêt complet des exportations des deux pays entraînerait "un risque accru de crises économiques dans certains pays mais également des désastres humanitaires avec une forte augmentation de la pauvreté et de la faim", avertit l'institution.

Parmi les réponses préconisées face à la crise, l'OCDE recommande une aide budgétaire "ciblée" en aide aux secteurs les plus affectés par la flambée des prix, celle-ci pouvant être financée notamment par "l'imposition des gains exceptionnels dans certains pays".

Les organisations internationales sonnent l'alarme

Les grandes organisations économiques internationales telles que la BERD, le FMI et la Banque mondiale ont averti vendredi des "vastes" conséquences de l'invasion russe en Ukraine pour l'économie mondiale.

Dans un communiqué commun, elles se disent "horrifiées et profondément inquiètes", et indiquent s'être réunies jeudi pour discuter de son impact et de la réponse collective au conflit. Les organisations signataires, qui comprennent aussi la Banque européenne d'investissement (BEI), soulignent qu'en plus "de la dévastatrice catastrophe humanitaire en Ukraine, la guerre perturbe les moyens de subsistance dans la région et au-delà".

Elle réduit l'approvisionnement en énergie, en nourriture, augmente les prix, "nuira à la reprise post-pandémie planétaire".

"L'économie mondiale entière en sentira les effets à travers une croissance plus lente, des perturbations des échanges commerciaux, et les plus pauvres et vulnérables seront les plus touchés, s'inquiètent les organisations signataires. Les pays voisins de l'Ukraine en particulier souffriront de perturbations du commerce, de la chaine d'approvisionnement, et feront face à des "vagues de réfugiés".

Les marchés financiers aussi seront touchés avec une incertitude qui va se répercuter sur les prix des actifs, resserrer les conditions financières, et pourrait même "engendrer des flux de capitaux hors des marchés émergents".

Les signataires rappellent les actions déjà prises: un paquet d'aides de 2 milliards d'euros de la BERD, qui couvre notamment la sécurité énergétique et nucléaire, une provision de 668 millions d'euros chez la BEI, 1,4 milliard de dollars d'assistance d'urgence de la part du FMI, et 925 millions de dollars pour la Banque mondiale.

(avec agences)

Commentaires 2
à écrit le 21/03/2022 à 14:21
Signaler
Un coût colossal, ben voyons ! pourquoi croire ces économistes qui se sont complètement plantés avec la crise sanitaire, en annonçant des catastrophes qui ne sont jamais arrivées ? La sainte alliance des corbeaux de la pseudo-science et des médias...

à écrit le 21/03/2022 à 8:22
Signaler
L'Allemagne est responsable de la dépendance de l'Europe à l'énergie Russe en rejetant l'énergie nucléaire. C'était pourtant la solution idéale pour la décarbonation de nos économies, surtout avec les énormes progrès réalisés dans ce domaine. Je cons...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.