La remontée des taux pour juguler l'inflation "ne sera pas indolore", prévient Jerome Powell, le patron de Fed

La lutte contre l'inflation, qui est aux Etats-Unis au plus haut depuis 40 ans, risque de peser sur la croissance économique et l'emploi, a prévenu jeudi le président de la banque centrale américaine (Fed).
Jerome Powell a été reconduit pour un deuxième mandat à la tête de la Fed
Jerome Powell a été reconduit pour un deuxième mandat à la tête de la Fed (Crédits : POOL)

La remontée des taux directeurs enclenchée en mars par la Fed, la banque centrale américaine, pour ramener l'inflation au plus haut depuis le début des années 1980 à 2%, son objectif cible, va secouer, car ce moyen traditionnel de lutte contre la hausse des prix risque de peser sur la croissance économique et l'emploi.

"Cela ne se fera pas sans douleur", a déclaré ce jeudi le président de la Fed Jerome Powell dans une interview à Marketplace, l'émission économique quotidienne de la radio publique NPR.

Des taux entre 0,75% et 1% aujourd'hui

Après une hausse des taux d'un quart de point de pourcentage en mars, puis d'un demi-point le 4 mai (la plus forte hausse depuis plus de 20 ans), les taux directeurs sont désormais compris entre 0,75 et 1,00%. Et de nouvelles hausses sont à prévoir jusqu'à la fin de l'année. Objectif : Ralentir la demande, alors que l'inflation s'est élevée en mars à 6,6% sur un an, son plus haut niveau depuis 1982, selon l'indice PCE, privilégié par la Banque centrale américaine.

Mais, celui qui vient tout juste d'être reconduit pour un second mandat par le Sénat américain estime que, "le plus douloureux serait d'échouer à la contrer et que l'inflation reste ancrée dans l'économie à des niveaux élevés". Un discours différent de ceux tenus jusqu'ici. En effet, Jerome Powell s'était jusqu'à présent dit confiant dans le fait que la Fed parviendrait à ralentir l'inflation sans pour autant freiner l'économie. "Nous avons les outils", a-t-il néanmoins martelé.

 "Notre objectif, bien sûr, est de ramener l'inflation à 2% sans que l'économie n'entre en récession, ou en conservant un marché du travail assez solide", a-t-il souligné. Mais les choses pourraient s'avérer plus compliquées qu'initialement anticipé: "la question de savoir si nous pouvons exécuter un atterrissage en douceur ou non, cela peut en réalité dépendre de facteurs que nous ne contrôlons pas".

"Un atterrissage en douceur signifie simplement ramener l'inflation à 2% tout en conservant un marché du travail solide. Et c'est assez difficile à réaliser en ce moment", a-t-il admis.

Quelles futures hausses ?

Reste à savoir quelle sera l'ampleur des prochaines hausses.

"Si l'économie évolue à peu près comme prévu, il serait approprié qu'il y ait des hausses supplémentaires de 50 points de base (un demi-point, NDLR) lors des deux prochaines réunions", a indiqué Jerome Powell, précisant que "si les choses se passent mieux que prévu, nous sommes prêts à faire moins. Si c'est pire que prévu, nous sommes prêts à faire plus".

 Aller plus loin qu'un demi-point apparaît risqué pour Raphael Bostic, le président de l'antenne d'Atlanta. Pour les deux ou trois prochaines réunions de politique monétaire, ce dernier préconisait lundi de s'en tenir à des augmentations d'un demi-point pour avoir le temps d'évaluer leur effet sur l'économie et l'inflation avant de décider si de nouvelles hausses sont nécessaires.

Le relèvement de 50 points de base  "est déjà une décision assez agressive", a-t-il dit à Bloomberg. "Je ne pense pas que nous ayons besoin d'agir encore plus agressivement", a-t-il ajouté, semblant exclure une hausse de 75 points de base telle qu'attendue par les marchés.

Jerome Powell, avait indiqué mercredi que des hausses de taux de trois quarts de points n'étaient pas "activement" envisagées par les membres du Federal Open Market Committee (FOMC).   De nombreux investisseurs et économistes estiment cependant que la Fed n'aura pas d'autre choix que relever plus fortement ses taux au regard du niveau actuel de l'inflation.

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Plusieurs postes confirmés

Reconduit par le Sénat, Jerome Powell, ancien juriste et banquier de 69 ans, gouverneur de la Fed depuis 2012, a été nommé à la tête de l'institution en 2018 par Donald Trump. Il avait alors succédé à Janet Yellen, devenue, depuis, la secrétaire au Trésor de Joe Biden. Le Sénat avait déjà confirmé Lael Brainard au poste de vice-présidente ainsi que, comme gouverneurs, de Philip Jefferson et Lisa Cook,  devenue la première femme noire à occuper cette fonction, malgré l'opposition des républicains. L'égalité de voix entre les deux camps avait même nécessité le vote de la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, pour aboutir à une majorité. Les élus doivent encore se prononcer sur la nomination de Michael Barr au poste de vice-président à la régulation bancaire, après que Sarah Bloom Raskin, initialement choisie, avait renoncé, faute de soutien suffisant. La décision d'offrir à Jerome Powell un second mandat de quatre ans avait été annoncée en novembre par Joe Biden. La nomination du président de la Fed est, en matière d'économie, une des décisions les plus importantes du mandat du président des États-Unis.

Commentaires 5
à écrit le 14/05/2022 à 8:46
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Les médias qui disent comme les politiciens qui disent comme les médias, au secours que quelqu'un nous sorte de leur lavage de cerveau permanent.

à écrit le 13/05/2022 à 14:52
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Remonter les taux, ça s’impose quand l’économie est en surchauffe. Ce qui ne semble pas être le cas : l’inflation vient des coûts de l’énergie et des goulots d’étranglement. Remonter les taux ne devrait donc pas servir à grand chose.

à écrit le 13/05/2022 à 9:10
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Dans le même temps, "Biden proche d'obtenir du Congrès une colossale rallonge de 40 milliards de dollars pour l'Ukraine" mais ce n'est pas le même budget ?

à écrit le 13/05/2022 à 8:30
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La France de Macron, c'est la cigale qui a chanté tout l'été, on connaît la suite , la vilaine fourmi , allemande en l' occurrence ne voulu rien lui prêter . Bref, la galère est à venir avec la hausse probable des taux de la BCE , le quoiqu'il en coû...

à écrit le 13/05/2022 à 7:50
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S'il avait effectué cette montée des taux six mois plus tôt, elle aurait été sûrement moins indolore

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