La Silicon Valley se casse les dents sur la "muraille" de Chine

La récente quasi-éviction d'Uber du marché chinois est symptomatique d'un marché inaccessible pour les pépites américaines. Plusieurs géants américains du web ont du y renoncer, contraints par la censure et le protectionnisme chinois.
Les champions de la Silicon Valley n'arrivent toujours pas à mettre la main sur un marché chinois qui compte plus de 700 millions d'internautes.

"Je pense que la censure finit toujours par échouer". Si Eric Schmidt, ex-PDG de Google, se voulait prophétique il y a 4 ans en évoquant la Grande Muraille Electronique (du nom du dispositif chinois de censure sur internet) c'est raté.

Dernier échec en date, l'entreprise Uber a été obligée de céder son activité à son concurrent chinois Didi, leader incontesté du marché, avec 300 millions d'inscrits, 99% du marché des réservations de taxis en ligne et 87% de celui des VTC. Si Uber n'a donc pas été victime d'une censure à proprement parler, ce n'est pourtant pas la première startup américaine à s'être cassée les dents sur cet immense marché très hostile aux grands groupes étrangers.

Des entreprises contraintes par la censure

Les autorités chinoises viennent d'annoncer que la Chine comptait désormais plus de 700 millions d'internautes, alors même que Pékin mise ouvertement sur le web pour revigorer sa croissance. C'est dire combien le marché chinois peut faire pâlir d'envie n'importe quel géant du web quand on sait que la Chine compte autant d'internautes que l'Europe d'habitants.

Lire aussi : La Chine compte désormais 700 millions d'internautes

Mais cette bonne nouvelle n'est pas pour réjouir les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et autres champions numériques de la Silicon Valley. Maintenus à l'écart principalement par la censure, ces entreprises n'y ont pourtant pas été de main morte dans leurs tentatives de pénétration du marché chinois.

Même Google longtemps présent sur ce marché et qui s'était plié à l'auto-censure a été contraint de quitter l'Empire du Milieu en mars 2010 suite à des tentatives de piratage de Gmail que beaucoup attribuent au gouvernement chinois. Si la société américaine espère faire son retour en Chine avec le lancement du Play Store, les négociations sont encore en loin d'être terminées avec le gouvernement de Pékin.

Les plateformes sociales également exclues

Scénario similaire pour les réseaux sociaux Facebook et Twitter qui se sont vu refuser l'accès à la sphère numérique chinoise. Une censure qui les prive de 700 millions d'internautes soit pas moins de 20% du nombre d'inscrits sur Facebook à l'heure actuelle. Pourtant force est de reconnaître que Mark Zuckerberg, le fondateur et PDG de Facebook, ne ménage pas ses efforts pour conquérir le cœur du gouvernement chinois. Discours en mandarin à l'université de Beijing et footing devant la cité interdite avec photo Facebook à la clé n'auront pas suffi à convaincre Pékin. L'opération de charme pas très discrète du jeune businessman se révèle pour l'instant infructueuse.

Peut-être Mark Zuckerberg aurait-il d'abord dû se rappeler les mots de Lu Wei, ministre chinois de "l'administration du cyberespace", en septembre 2014 : "Si vous êtes nocifs pour les intérêts de la Chine, sa sécurité ou pour les consommateurs chinois, alors nous ne vous permettrons pas d'exister". Une phrase non explicitement dirigée contre les géants américains du web mais qui n'en était pas moins révélatrice de l'état d'esprit du gouvernement chinois.

Une concurrence nationale féroce

Ajouté à cette censure gouvernementale, les champions de la Silicon Valley se sont toujours heurtés à une concurrence chinoise très dure. C'est le cas d'Amazon, coincé entre les deux entreprises nationales Alibaba et JD.com qui contrôlent à elles seules 75% du marché de vente en ligne. Alors que le secteur du e-commerce prévoit d'atteindre plus de mille milliards de dollars en 2018, le géant américain s'est révélé incapable de pénétrer le marché chinois et s'est résigné à ouvrir un magasin en ligne sur Tmall la marketplace d'Alibaba à qui il paie des commissions.

De son côté, Apple vient de connaître son premier casse-tête chinois. Elle qui était pendant longtemps l'une des rares sociétés occidentales épargnée par Pékin a été obligée de fermer ses boutiques en ligne iTunes Movie (films) et iBooks (livres) suite à une récente décision de censure gouvernementale. Une mauvaise nouvelle à laquelle s'ajoute une dégringolade sur le marché chinois des ventes de mobiles. En mai dernier la firme à la pomme n'était plus qu'au cinquième rang des vendeurs de mobile en Chine, victime de la vive concurrence des entreprises locales Huawei, Vivo, Oppo et Xiaomi qui forment le haut du classement.

Il reste donc encore beaucoup à faire pour la Silicon Valley avant de s'imposer en Chine face à un régime qui privilégie les leaders nationaux au détriment des firmes occidentales.

Commentaires 5
à écrit le 04/08/2016 à 16:17
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Faudrait pas non plus que ce soit uniquement les Français que Hollande appelle les sans dents ! Mais pas d'inquiétudes, les GAFA sont comme les crocos, ils ont les dents qui repoussent vite :-)

à écrit le 04/08/2016 à 10:41
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Il faut quand même une compromission incroyable au sein de nos décideurs économiques et politiques pour laisser les chinois faire ce qu'ils veulent mais par contre continuer de les laisser produire en masse tout nos objets de consommation. Les mi...

à écrit le 03/08/2016 à 23:14
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Nous devrions prendre exemple sur eux, nous chez qui les GAFA s'engraissent sans payer d'impôts !

à écrit le 03/08/2016 à 21:48
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Voilà ce que j appelle de la stratégie industrielle

à écrit le 03/08/2016 à 18:33
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C'est tellement plus facile pour les gafa de piller l'Europe!.. Peut être nous reveillerons nous, un jour. Vive qwant.

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