Les leçons de la Silicon Valley

De notre voyage dans la Silicon Valley, nous retenons l'idée que l'écosystème français manque encore de souplesse, est freiné par la complexité et la définance. Par Jean-Baptiste Danet, vice-président de CroissancePlus, directeur général de Dragon Rouge Groupe, et Pierre Lasry, membre de CroissancePlus, fondateur de Lowendalmasaï.

Une question récurrente est posée aux entrepreneurs comme nous, de retour d'un voyage d'étude dans la Silicon Valley : quelles sont les motivations des startups pour partir s'installer au pays de l'innovation ?

Pourquoi la France n'est-elle pas une terre aussi fertile pour la croissance des entreprises ?
Notre pays est souvent pointé du doigt car synonyme de contraintes administratives, de fiscalité confiscatoire, d'un marché du travail rigide, d'un accès au financement complexe... Nous le vivons au quotidien dans nos entreprises !

Mais la première contrainte française ne serait-elle pas d'ordre culturel ? Et si, la principale chose dont nous manquions vraiment était la confiance? Alors osons mettre en place une révolution culturelle qui consisterait à insuffler plus de flexibilité dans l'écosystème entrepreneurial, plus de passerelles entre les différents acteurs, osons impulser des changements dans les us et coutumes de l'Entreprise !

Ils adorent la France,
mais... n'envisagent pas d'y revenir

Les entrepreneurs français rencontrés sur place ont tous le même discours : ils adorent la France mais n'envisagent pas d'y revenir. La Silicon Valley est un lieu qui leur ressemble, une terre promise entièrement dédiée aux idées et aux projets dont ils bouillonnent.

C'est un écosystème complet où se mélangent spontanément « startupers », grandes entreprises, universités, mais aussi incubateurs, mentors, cabinets d'avocats, fonds d'investissement, venture capitalists, banques... Les entrepreneurs sont véritablement entourés de toutes les compétences clés pour bâtir et faire rapidement croître leur projet. C'est ce maillage complet entre tous les acteurs de la chaine de l'innovation qui permet l'émergence et le rapide succès de nombreuses start-ups.

La France compte aussi de nombreux experts, hommes et femmes qui ont des idées novatrices. Et les écosystèmes existent : ambitieusement créés comme le Plateau de Saclay, géographiquement évidents comme la Défense et les clusters de Province, débordants d'idées comme les incubateurs ou les accélérateurs de startups, dans les grandes entreprises, moteurs incontournables de l'innovation aujourd'hui.

Rappelons que la France est aussi une terre de talents enviée pour ses ingénieurs et ses développeurs expérimentés mais aussi ses scientifiques, ses médecins, ses artisans, ses designers !

Les obstacles français

Mais le bon fonctionnement de ces écosystèmes est freiné par plusieurs obstacles : la complexité, le manque de souplesse et la défiance.

Voici un exemple de flexibilité et d'adaptabilité qui a permis d'accueillir une jeune entreprise et son fondateur dans un grand groupe. Pascal Rigo, boulanger français dont la chaine La Boulange a été rachetée par Starbucks, a récemment témoigné sur son action pour améliorer l'ensemble de la chaîne de valeur du géant américain comme patron du Food. Cet exemple illustre la capacité de grands groupes, pourtant très structurés, à créer l'espace nécessaire pour qu'un authentique entrepreneur s'épanouisse et parle de son métier avec la même passion que lorsqu'il était patron de sa propre entreprise.

Stimuler les idées et la croissance
et les accompagner dans la durée

Que retenir de tout cela ? Que le succès de la Silicon Valley est dû à son écosystème complet et performant et à sa capacité à stimuler les idées et la croissance, mais aussi à les accompagner dans la durée. Il est par ailleurs essentiel de se concentrer sur son savoir-faire pour faire les choses bien !

Les entrepreneurs qui s'installent dans la Silicon Valley savent qu'ils profiteront d'un environnement ultra stimulant. Les projets sont sans cesse "challengés", et tout est mis en œuvre pour qu'ils aboutissent. Et si échecs il y a, ils sont valorisés comme un véritable capital pour celui qui a vécu cette expérience difficile car il en tirera toutes les leçons à mettre à profit dans le prochain projet. Dans la Silicon Valley, le problème n'est pas d'échouer mais de ne pas avoir d'idée !

"Penser grand"

Nous avons choisi de développer nos business en France parce qu'elle est une terre de talents. Mais l'ouverture à l'international est d'une importance capitale pour faire davantage de croissance. Nous nous sommes donc implantés dans plusieurs pays ce qui nous permet un certain éveil culturel et de mieux comprendre comment les entreprises et les marques peuvent interagir avec le monde global. Nous apprenons à faire ce que les américains font d'emblée et instinctivement, le « penser grand ». Nous découvrons la patience de gagner, la résilience de perdre. De chaque expérience nous sortons grandis, avec la volonté d'aller toujours de l'avant, car à la fin c'est toujours l'idée qui gagne.

Ce voyage dans la baie de San Francisco et nos expériences internationales nous imposent d'accélérer notre révolution culturelle et de créer les conditions pour plus de confiance.
Confiance dans les institutions et leur capacité à nous garantir la stabilité administrative, réglementaire et fiscale.

Confiance en nous-même, en nos idées, en nos forces, en notre capacité d'entreprendre.
Confiance entre partenaires, entrepreneurs, pour développer des projets d'open innovation.
Parce que rien n'est plus rageant que de réunir tous les ingrédients du succès et de ne pas réussir sa recette. Tous ensemble, sortons de cette #crisedeconfiance.

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Commentaires 5
à écrit le 25/02/2015 à 8:09
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Les contraintes administratives existent partout, y compris aux US où le cap des 100 employés est nécessaire pour faire correctement face aux délires règlementaires. La véritable différence réside dans l'offre de capital. Elle est non seulement très ...

à écrit le 24/02/2015 à 23:37
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Coquille : "est freiné par la complexité et la définance." défiance (tout n'est pas finance !).

à écrit le 24/02/2015 à 22:26
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Il ne faut pas de voilà la face. Tout est résumé au début : "contraintes administratives, de fiscalité confiscatoire, d'un marché du travail rigide, d'un accès au financement complexe". Qui a subit un contrôle de son entreprise, avec des agents pre...

à écrit le 24/02/2015 à 17:54
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C'est la fiscalité qui tue l'innovation et le développement en France. Entre socialisme et progrès, il faut choisir. La France, on l'adore, mais de loin.....

le 24/02/2015 à 18:17
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Ce sont sutouts les financiers, incapable d'entrevoir la moindre innovation, qui bloque l'acces aux credits; et une administration restée au 16eme siecle pour sa lourdeur

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