Le gendre de Trump réfute toute collusion avec la Russie

Jared Kushner, gendre de Donald Trump, a diffusé un document avant son audition au Sénat dans lequel il minimise l'importance des rencontres qu'il a eues avec des représentants russes. Il apparaît néanmoins que la Russie a au moins cherché à étendre son influence sur le mari d'Ivanka Trump.
Grégoire Normand
Jared Kushner doit être interrogé ce mardi 25 juillet devant la Chambre des représentants.

L'enquête parlementaire sur le rôle de la Russie dans la campagne présidentielle se focalise sur les proches de Donald Trump. Lors de son audition à la commission du renseignement du Sénat ce lundi 24 juillet, le gendre et conseiller spécial du président américain a nié toute collusion avec la Russie.

Quelques heures avant son passage devant les élus, il a mis en ligne une déclaration écrite dans laquelle il détaille les rencontres qu'il a eues avec des responsables russes et développe des arguments pour assurer sa défense. Il doit être interrogé ce mardi 25 juillet devant la Chambre des représentants.

Une audition à huis clos

Malgré la proposition de quelques élus qui souhaitaient une séance publique, Jared Kushner a accepté de témoigner seulement à huis clos. Les élus voulaient notamment l'entendre sur une réunion avec l'avocate russe Natalia Veselnitskaïa qui s'est tenue à la Trump Tower de New York le 9 juin 2016, cinq mois avant l'élection présidentielle remportée par Trump. Dans sa communication écrite de 11 pages, il a démenti en bloc toutes les accusations relatives à des soupçons de collusion avec la Russie :

"Il n'y a pas de collusion de ma part, et je ne connais personne dans cette équipe de campagne, ayant agi en collusion avec un gouvernement étranger. Je n'ai pas eu de contacts inappropriés, je n'ai pas compté sur des fonds russes pour financer mes activités dans le secteur privé".

Après son audition devant la commission du Sénat, il s'est exprimé à la Maison-Blanche assurant que tous ses actes avaient été corrects et s'étaient inscrits dans le contexte d'une campagne électorale "absolument unique".

"Les documents que j'ai fournis montreront que j'ai peut-être eu quatre contacts avec des représentants russes sur des milliers de rendez-vous pendant la campagne et pendant la période de transition, aucun d'entre eux n'a eu de conséquences de quelque manière sur les élections..."

jared kushner maison blanche

Jared Kushner lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche le 24 juillet après son audition au Sénat. (Crédits : Joshua Roberts/Reuters).

Une rencontre avec un banquier russe

Dans le document mis en ligne, Kushner confirme avoir rencontré après l'élection le 13 décembre 2016, Sergueï Gorkov qui est directeur de l'établissement bancaire public russe Vnesheconombank . L'homme de 36 ans voulait faire cette rencontre "parce que c'était quelqu'un qui avait une ligne directe avec le président russe et qui pourrait donner des renseignements sur la manière dont Poutine voyait la nouvelle administration et sur de meilleurs moyens pour travailler ensemble." Il a assuré avoir discuté de l'économie russe et de l'établissement public bancaire sans évoquer de sujet politique particulier. Il a déclaré ne pas avoir eu de contact avec Gorkov auparavant et ne pas en avoir eu d'autres par la suite.

Sergei Gorkov

 Le président de la banque russe d'investissement VEB Sergueï Gorkov.
(Crédits : Sergueï Karpukhin/Reuters).

Jared Kushner a également confirmé avoir rencontré l'ambassadeur de Russie à Washington, Sergueï Kislyak, en avril 2016. Le mari d'Ivanka Trump a affirmé qu'il "avait échangé de brèves plaisanteries et l'avait remercié d'être venu à un événement organisé par le magazine The National Interest". Il a également indiqué qu'il ne se souvenait pas de conversations téléphoniques avec Sergueï Kislyak entre avril et novembre 2016, pourtant mentionnées par Reuters et corroborées par la presse américaine.

"Alors que j'ai eu des milliers d'appels durant cette période, je ne me rappelle pas d'un seul appel avec l'ambassadeur russe. Nous avons revu la liste de mes conversations téléphoniques et nous n'avons pas été capables d'identifier des appels avec un numéro qui pourrait correspondre à celui de l'ambassadeur "a-t-il affirmé.

Sergueï Kislyak

Le mandat de Sergueï Kislyak, ambassadeur de Russie aux États-Unis qui se trouve au coeur de l'affaire des ingérences russes dans la campagne présidentielle américaine, s'est achevé samedi dernier (Crédits : Reuters).

Concernant la rencontre en juin avec l'avocate Veselnitskaïa,  Kushner indique qu'il  a bien participé à une réunion à la demande de son beau-frère Donald Trump Junior. "Quand je suis arrivé, la personne qui a été depuis identifiée comme une avocate russe était en train de parler de l'interdiction concernant l'adoption d'enfants russes par des familles américaines. Je n'avais aucune idée des raisons pour lesquelles ce sujet a été évoqué et me suis rapidement rendu compte que je perdais mon temps à cette réunion."

Natalia Veselnitskaya

L'avocate Natalia Veselnitskaïa lors d'une interview à Moscou en novembre 2016 (Crédits : Reuters).

> Lire aussi : La rencontre embarrassante du fils de Trump avec une avocate proche du Kremlin

Donald Trump Junior et Paul Manafort, ancien directeur de campagne sont encore en négociation avec la commission judiciaire du Sénat pour livrer leurs versions des faits aux élus. Une réunion sur la Russie doit avoir lieu ce mercredi 26 juillet en commission, mais la participation des deux proches du président américain n'a pas été confirmée.

Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 25/07/2017 à 22:22
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Collusion, probablement pas; mais conflit d'intérêts très vraisemblablement :-)

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