Le Japon compte moins de femmes parlementaires que les Emirats arabes unis

Le nombre de femmes à l'Assemblée nationale japonaise est passé de 39 en 1946 à 45 en 2014. Malgré une politique destinée à promouvoir la place des femmes dans la société, le pays est largement à la traîne en matière de parité par rapport à ses voisins.
Laszlo Perelstein
La polémique sur la double nationalité taïwano-japonaise de Renho Murata est ainsi essentiellement due au fait que la loi japonaise a jusque dans les années 1980 traité différemment les hommes et les femmes lors l'attribution de la nationalité japonaise à des nouveaux-nés.

Malgré la récente élection de Renho Murata à la tête du principal parti d'opposition nippon, faisant suite à l'élection pour la première fois d'une femme pour gouverner Tokyo et la nomination, inédite également, d'une femme à la tête du ministère de la Défense, le Japon reste très loin de la parité hommes-femmes dans les arcanes du pouvoir. Sur les 475 députés que compte la Chambre basse du Parlement japonais, seules 45 sont des femmes, d'après des données compilées par l'Union parlementaire et repérées par CNN Money. Cette faible proportion (9,5%) place le Japon à la 157e place du classement des femmes dans les parlements nationaux, derrière l'Inde, la Corée du Nord, la Somalie ou encore les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, deux pays pourtant reconnus pour l'absence de place accordée aux femmes dans la société même si des progrès ont été observés dans le premier.

Pis encore, le nombre n'a que très peu évolué depuis l'élection de 1946, la première où les Japonaises ont pu voter et se présenter à l'Assemblée nationale, souligne le site américain. À l'époque, 39 femmes avaient été élues, à peine six de moins que lors des élections de 2014.

Un pays en mal de parité

Outre la comparaison largement défavorable avec les autres États, le ratio fait particulièrement tâche dans un pays où le Premier ministre veut "une société dans laquelle la femme puisse briller", écrit CNN. Shinzo Abe s'était initialement engagé en septembre 2013 à ce que 30% des postes à responsabilités au Japon soient occupés par des femmes d'ici à 2020. Le gouvernement japonais partait de loin : en 2014, seuls 7,5% des postes de responsables étaient occupés par des femmes dans les entreprises de plus de 100 personnes et le chiffre était tout juste 3% pour le gouvernement -un record tout de même- et ce alors que les femmes comptent pour 43% de la force de travail total du pays. Devant le peu d'avancées faites un peu plus de deux ans après la date anniversaire de cette promesse, la cible a néanmoins été largement abaissée : 15% pour les entreprises et 7% pour le gouvernement.

De fait, le problème de la parité hommes-femmes au Japon est profondément ancré dans la société. Un article écrit par la correspondante de la BBC en Asie, Mariko Oi, expliquait ainsi que quelque 72.000 enfants n'ont pas de place en garderie, notamment parce que les salaires des enseignants en maternelles, essentiellement des femmes, sont trop bas. Ainsi, environ 70% des femmes arrêtent purement et simplement de travailler une fois la naissance de leur enfant pour s'en occuper. Outre cette pénurie de places en garderie, les femmes doivent également faire face à un sexisme ambiant très fort, même de la part d'autres femmes, et sont souvent poussées à démissionner lorsque leur hiérarchie apprend leur grossesse. Le phénomène a même un nom : "matahara".

Même dans les plus hautes sphères du pouvoir, ce Japon à deux vitesses est régulièrement ressenti. La polémique sur la double nationalité taïwano-japonaise de Renho Murata est ainsi essentiellement due au fait que la loi japonaise a jusque dans les années 1980 traité différemment les hommes et les femmes lors l'attribution de la nationalité japonaise à des nouveau-nés, déplore dans une tribune publiée dans le Japan Times Colin P. A. Jones, professeur à la faculté de droits Doshiwa. Née d'une mère japonaise et d'un père taïwanais, Renho a ainsi dû acquérir par la suite la nationalité japonaise.

Selon une étude Goldman Sachs parue en 2014 sur l'influence des "woomenomics", le PIB du Japon pourrait pourtant grimper de 13% en réduisant l'écart d'emploi entre hommes et femmes, Avec l'arrivée récentes de femmes à des postes à responsabilités, les choses pourraient changer. Encore faut-il que le changement soit accepté par tous et toutes.

Laszlo Perelstein
Commentaires 2
à écrit le 13/12/2019 à 20:11
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Et ils ont bien raison au Japon, que les féministes arrête de faire des conneries

à écrit le 29/09/2016 à 21:16
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En même temps, il vaut certainement bien mieux être une femme au Japon plutôt qu'aux Emirats Arabes Unis. Mais les occidentaux ont des pulsions autodestructrices qui leur font tellement oublier et dénigrer leurs valeurs...

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